La Chine a promis, hier, de ne laisser «aucune marge de manoeuvre» aux partisans d'une indépendance de Taïwan, soulignant que «l'usage de la force» pour reconquérir l'île restait sur la table «en dernier recours». Ce nouvel avertissement intervient après de vastes exercices militaires chinois effectués ces derniers jours autour de l'île, en réplique à la visite à Taipei de la numéro trois américaine Nancy Pelosi. Le séjour de la présidente de la Chambre des représentants a été perçu par Pékin comme une provocation, les Etats-Unis s'étant engagés à n'avoir aucune relation officielle avec le territoire insulaire revendiqué par la Chine. Le Bureau des affaires de Taïwan, un organisme du gouvernement chinois, a publié, hier, un «livre blanc» détaillant la manière dont Pékin envisage de reprendre possession de l'île, notamment via des incitations économiques. «Nous sommes disposés à créer un vaste espace (de coopération) afin de parvenir à une réunification pacifique», indique le document, en forme de main tendue aux autorités taïwanaises. «Mais nous ne laisserons aucune marge de manoeuvre aux actions séparatistes ayant pour objectif une pseudo-indépendance de Taïwan, et cela, sous quelque forme que ce soit.» La Chine réaffirme sans cesse que Taïwan, peuplée d'environ 23 millions d'habitants, est bien l'une de ses provinces, à réunifier avec le reste de son territoire. En sept décennies, sa position est restée immuable. «Nous ne nous engageons pas à renoncer à l'usage de la force», soulignait, hier, le livre blanc de Pékin, le premier sur ce thème depuis 2000, avant de clarifier son propos. «La force serait utilisée en dernier recours, dans le cas de circonstances impérieuses. Nous serions contraints de prendre des mesures drastiques face aux provocations des séparatistes ou de forces extérieures, si ceux-ci venaient à franchir nos lignes rouges.» Le livre blanc fait également prévaloir la prospérité économique après la réunification. renforcer les liens culturels, en matière de sécurité sociale, de santé ou encore de promouvoir une meilleure «intégration» économique via notamment des «politiques préférentielles». «Avec une patrie forte sur laquelle s'appuyer, les compatriotes taïwanais seront plus forts, plus confiants, plus en sécurité et seront davantage respectés sur la scène internationale», promet le texte. L'actuelle «présidente» taïwanaise Tsai Ing-wen, arrivée au pouvoir en 2016, refuse d'admettre que Taïwan et la Chine continentale font partie d'une Chine unique. Une position qui a fortement tendu les relations avec Pékin. La Chine considère comme séparatiste le parti de la responsable taïwanaise, mais également toute personne militant publiquement pour l'indépendance ou pour la dilution de l'identité chinoise des Taïwanais. L'armée communiste de Pékin a conduit ces derniers jours ses plus importants exercices militaires jamais organisés autour de Taïwan. Elle s'est notamment entraînée à un blocus de l'île avec avions, navires et tirs de missiles balistiques. Ces manoeuvres devaient se terminer, dimanche, mais elles se sont poursuivies lundi et mardi. Aucun organisme chinois n'a annoncé leur conclusion. L'armée chinoise a publié, hier, des photos et vidéos des opérations menées la veille. Elles montrent notamment des avions de chasse décoller, filmer le littoral taïwanais ou encore être ravitaillés en vol. «Toute tentative de s'opposer par la force armée (...) à la réunification» est «vouée à l'échec», avait averti devant la presse Wang Wenbin, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.