«Nous ne promettons pas de renoncer au recours à la force et nous nous réservons le droit de prendre toutes les mesures nécessaires», a déclaré le numéro un chinois lors d'un discours. Le président chinois Xi Jinping demande à ses troupes d'intensifier les entraînements. Le chef suprême des armées a, en effet, affirmé, hier, que l'ile de Taïwan sera réunifiée à la Chine. Jinping a réaffirmé que Pékin ne renoncerait pas à la force pour récupérer l'île. «Nous ne promettons pas de renoncer au recours à la force et nous nous réservons le droit de prendre toutes les mesures nécessaires», a déclaré le numéro un chinois lors d'un discours dans le cadre solennel du Palais du peuple à Pékin. Sur un ton belliqueux, l'homme fort de Pékin cible les «forces extérieures» qui agissent contre la réunification pacifique et «les actions indépendantistes et séparatistes». «L'indépendance de Taïwan ne pourra conduire qu'à une impasse», a prévenu M. Xi. «La Chine doit être réunifiée et elle le sera». Pékin s'oppose particulièrement à l'actuelle présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen qui, depuis son arrivée au pouvoir en 2016, refuse de reconnaître l'unité de principe de l'île et du continent, comme le réclame Pékin. Certains membres du Parti démocratique progressiste (PDP), la formation de Mme Tsai, plaident pour l'indépendance formelle de l'île dont l'appellation officielle reste «République de Chine». «S'écarter du principe de la Chine unique conduirait à la tension et au chaos dans les relations inter-détroit et nuirait aux intérêts vitaux des compatriotes de Taïwan», a averti Xi Jinping. «Nous ne laisserons jamais aucune place aux actions séparatistes en faveur de l'indépendance de Taïwan». Afin de parvenir à un consensus autour de la réunification, Xi Jinping a évoqué un vaste dialogue regroupant toutes les couches de la société, mais sur la base de la reconnaissance préalable du «principe de la Chine unique». Un tel dialogue «exclurait beaucoup de monde», à commencer par le PDP de Mme Tsai, observe le sinologue Jean-Pierre Cabestan, de l'Université baptiste de Hong Kong. «En substance, Xi déclare : «on est prêts à négocier, à offrir des tas de choses, mais vous devez capituler d'abord». «Ça n'est pas possible, ça ne va jamais marcher». A noter que Taïwan et le continent sont gouvernés séparément depuis 1949, avec la fin de la guerre civile chinoise et la prise de pouvoir par les communistes sur le continent. Pékin considère toujours l'île comme l'une de ses provinces et menace de recourir à la force en cas de proclamation formelle d'indépendance à Taipei ou d'intervention extérieure, notamment de la part des Etats-Unis, principal appui militaire de l'île. Menace… Par son discours au ton menaçant, Xi Jinping risque au contraire de prendre les Taïwanais à rebrousse-poil, pronostique M. Cabestan. Selon lui, le pouvoir chinois cherche à éloigner les électeurs taïwanais du PDP au profit du Kuomintang (KMT), considéré comme plus favorable à la réunification chinoise. «Mais même si le KMT revenait au pouvoir (…), il n'aurait pas de mandat pour négocier un accord de réunification», estime le sinologue. Dans son discours, Xi Jinping s'est gardé de fixer une date limite pour parvenir à la réunification, ce qui aurait été «trop risqué», selon M. Cabestan. Mais il a fait un parallèle avec le programme qu'il a lui-même fixé l'an dernier pour la «grande renaissance nationale», avec les objectifs de 2035 et 2050 pour faire du pays une grande puissance moderne et respectée, souligne Zhang Wensheng, de l'Institut de recherches taïwanaises à l'Université de Xiamen (est). «La question de Taïwan est une conséquence de la faiblesse et du chaos dans lesquels se trouvait la nation chinoise. Elle sera certainement résolue par la renaissance nationale», a promis le président Xi. Comme feuille de route, Xi Jinping a repris pour modèle la méthode «Un pays, deux systèmes» qui prévaut depuis 1997 pour le retour de Hong Kong dans le giron chinois. Mais un tel rapprochement ne risque pas de convaincre grand- monde, observe la députée hongkongaise Claudia Mo (pro-démocratie). La Chine «est en train d'avaler Hong Kong dans tous les domaines, mais explique que Hong Kong est un excellent exemple pour Taïwan. C'est une blague», estime-t-elle.