Le roi Mohammed VI est sorti de sa réserve samedi soir pour sommer, dans un discours radio-télévisé à l'occasion d'une fête dite de «la Révolution du roi et du peuple» (sic), les pays partenaires du royaume de «clarifier» leur position sur la question du territoire illégalement occupé du Sahara occidental, les invitant à soutenir le Makhzen «sans aucune équivoque» dans sa politique du fait accompli, conduite au mépris de la légalité internationale et des multiples résolutions pertinentes du Conseil de sécurité de l'ONU... «Je voudrais, a dit Mohammed VI, adresser un message clair à tout le monde: le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international», prenant prétexte d'un événement soi-disant historique de la non moins imaginaire lutte anticoloniale qui, affirme le Makhzen, illustre l'adéquation entre le monarque et ses sujets. Une adéquation qui n'a pas empêché le roi de faire l'impasse sur les graves crises qui secouent le pays depuis de nombreux mois, avec des manifestations de plus en plus massives contre la dégradation du pouvoir d'achat, la mainmise des lobbies sur l'économie marocaine et contre la normalisation avec l'entité sioniste de jour en jour plus avancée. «C'est aussi clairement et simplement l'aune qui mesure la sincérité des amitiés et l'efficacité des partenariats qu'il établit», a voulu prévenir Mohammed VI qui, avec une telle sortie, envoie un message apparemment circonstancié mais tout autant préoccupé à une puissance qui le parraine depuis des décennies, à la fois dans la sauvegarde d'une dynastie chancelante et dans la poursuite de l'occupation illégale du Sahara occidental. « S'agissant de certains pays comptant parmi nos partenaires, traditionnels ou nouveaux, dont les positions sur l'affaire du Sahara sont ambiguës, nous attendons qu'ils clarifient et revoient le fond de leur positionnement, d'une manière qui ne prête à aucune équivoque», a même voulu menacer le souverain chérifien qui n'a pas, cependant, indiqué quels pays il mettait en cause précisément. Et comme de bien entendu, il a voulu rendre hommage aux Etats-Unis et à leur position «incontournable» depuis la reconnaissance par l'ancien président Trump de la prétendue souveraineté du royaume marocain sur le Sahara occidental, position apparemment assumée par l'administration Biden qui lui a succédé. Le roi marocain s'est en outre félicité de la volte-face de l'Espagne et, «dans une moindre mesure (?)» de l'Allemagne qui se sont ralliées à son plan d'autonomie sous souveraineté marocaine, au demeurant rejetée par l'Union africaine et la communauté internationale. Voilà des mois que le peuple clame sa détresse dans les rues des villes marocaines et affiche sa colère et son rejet d'une politique étrangère qui fait fi de son identité et de sa foi. Voilà des mois que les manifestants à Casablanca, Rabat, Agadir et d'autres villes réclament le renvoi du gouvernement Akhannouch et un frein immédiat à la compromission accélérée avec l'Etat hébreu au détriment du peuple palestinien martyr. De tout cela, Mohammed VI n'a cure et il ne s'est pas fendu d'une seul mot pour répondre aux attentes et aux revendications de tout un peuple. Car sa confiance dans les partenaires «anciens et nouveaux» est telle qu'il veut ignorer la grogne qui, sourde longtemps, monte de plus en plus dans un volcan marocain.