Dans une conjoncture marquée par une ébullition sociale, le roi opte pour la diversion et l'intrigue. L'entêtement du Royaume chérifien n'en finit pas. La visite de cinq jours que doit effectuer à partir d'aujourd'hui, au Sahara occidental, le roi Mohammed VI, sonne comme un défi à la communauté internationale et une provocation à l'égard de la Rasd. Cette visite, la troisième du genre depuis son intronisation en 1999, fera sans doute bouger la rue sahraouie qui refuse le projet d'autonomie de Sa Majesté. D'ailleurs au lendemain de l'annonce de cette visite, le président de la Rasd, Mohamed Abdelaziz, a, dans un message adressé à Kofi Annan, demandé à ce dernier d'empêcher la visite de Mohammed VI. Un appel, qui, apparemment, n'a pas trouvé d'écho auprès du secrétaire général de l'ONU. Qu'est-ce qui aurait donc inspiré cette visite au souverain chérifien? Une chose est sûre : dans une conjoncture marquée par une ébullition sociale qui se fait pressante, Mohammed VI opte encore une fois pour la diversion et l'intrigue. Nous apprenons de sources bien informées que la société civile sahraouie prépare des manifestations pour exprimer sa désapprobation à l'invité indésirable. Ainsi, quelques jours seulement après la célébration de la création de la Rasd, un événement qui a d'ailleurs drainé des dizaines d'ONG, de personnalités internationales et, par là même, un superbe élan de solidarité avec la cause sahraouie et le droit de son peuple à l'autodétermination, le régime du Makhzen continue de fouler aux pieds les résolutions internationales. Cette fois, le Royaume chérifien se sentant aux abois, isolé de toutes parts, compte donner à son projet d'autonomie une dimension internationale. En effet, la visite de Mohammed VI dans les territoires sahraouis, intervient alors que le Maroc se prépare à présenter en avril à l'ONU un projet d'autonomie pour le Sahara occidental. Il convient de rappeler qu'il y a dix jours, le Palais a invité l'ensemble des partis politiques marocains représentés au Parlement à exprimer leurs positions vis-à-vis du projet de régionalisation et d'autonomie que compte octroyer le royaume au profit de ses «provinces du Sud» (Sahara). A Boujdour, ville qui accueille pour la première fois un roi du Maroc, le souverain doit visiter les chantiers de construction d'un grand port qui a coûté plus de 26 millions d'euros. Lors de sa dernière visite au Sahara occidental en 2002, le roi Mohammed VI avait déclaré que le Maroc «ne renoncerait pas à un seul pouce du territoire de son Sahara, inaliénable et indivisible». L'ONU a proposé en 2003 un plan de règlement du conflit du Sahara occidental basé sur une période d'autonomie de cinq ans qui doit être suivie d'un référendum d'autodétermination sur le statut définitif du territoire. Rabat a rejeté ce plan ainsi que le principe du référendum, le jugeant «obsolète» et «inapplicable», proposant en échange une large autonomie sous la souveraineté marocaine. A noter que la reconnaissance de la Rasd se poursuit à travers le monde. La signature de 8 contrats de prospection pétrolière au Sahara occidental avec des compagnies britanniques, il y a deux jours, est une nouvelle victoire pour les Sahraouis et un revers cinglant pour le Maroc.