L'armée russe a annoncé mardi des «frappes massives» sur tous les fronts en réaction à la contre-offensive des troupes ukrainiennes que le Kremlin accuse d'exactions dans les zones reconquises, tandis que Kiev impute «jusqu'à 200 crimes de guerre par jour» aux soldats russes. De son côté, la Russie a affirmé que les militaires ukrainiens se livraient à de dures représailles contre des civils dans les endroits qu'ils ont repris ces derniers jours. «Selon nos informations, il y a de nombreuses actions punitives contre les habitants de la région de Kharkiv, des gens sont torturés, maltraités», a dénoncé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ajoutant: «C'est révoltant.» «Les forces aériennes, balistiques et l'artillerie russes effectuent des frappes massives contre les unités des forces armées ukrainiennes dans toutes les zones opérationnelles», a souligné mardi le ministère russe de la Défense. Il a en particulier évoqué des bombardements près de Sloviansk, Konstantinivka et Bakhmout dans l'est de l'Ukraine, ainsi que dans les régions méridionales de Mykolaïv et de Zaporijjia et dans celle de Kharkiv, d'où les soldats russes se sont partiellement retirés face aux avancées ukrainiennes. L'offensive russe déclenchée le 24 février va continuer «jusqu'à ce que les objectifs soient atteints», avait martelé la veille le Kremlin, selon lequel il n'y a actuellement «pas de perspectives de négociations» entre les deux belligérants. L'Ukraine avait fait état lundi de nouveaux succès militaires, disant avoir «libéré des localités dans les régions de Kharkiv et de Donetsk». Les Russes «ne parviennent pas à renforcer la nouvelle ligne de front après les gains ukrainiens dans l'est de l'Oblast de Kharkiv et se redéploient sur d'autres axes», a relevé mardi l'Institute for the Study of War (ISW), un centre de réflexion qui a son siège aux Etats-Unis. «Des images diffusées sur les médias sociaux montrent des files de voitures s'étendant sur des kilomètres près de Stchastia et de Stanyssia Louganska», à la limite de la «République populaire de Lougansk», unilatéralement proclamée en 2014 par les séparatistes pro russes (comme celle de Donetsk), et près de la frontière russe. Au plan international, la Première ministre finlandaise, Sanna Marin, a appelé mardi à l'unité de l'Union européenne et à de nouvelles sanctions à l'encontre de la Russie face à son «chantage» énergétique. Les ministres européens de l'Energie se réuniront à cet égard le 30 septembre pour examiner les mesures d'urgence proposées par la Commission afin d'enrayer l'envolée des prix du gaz et de l'électricité provoquée par la guerre en Ukraine. Le chef de la diplomatie de l'Union européenne Josep Borrell va par ailleurs proposer aux Etats membres d'accorder un nouveau financement pour la fourniture d'armements à l'Ukraine qui viendrait s'ajouter au tout dernier financement des Etats-Unis, annoncé, voici deux jours, par le président Joe Biden. Et la pression s'accroît sur le chancelier allemand Olaf Scholz, à Kiev comme au sein de sa propre coalition gouvernementale, pour livrer des chars de combat susceptibles de soutenir les avancées des forces ukrainiennes.