Cette décision intervient au lendemain du bombardement meurtrier d'une prison où se trouvaient des détenus ukrainiens. «Aujourd'hui, Gazprom a suspendu ses livraisons de gaz à la Lettonie (...), en raison de la violation des conditions de prélèvement du gaz», a indiqué le géant gazier russe dans un communiqué sur Telegram. Cette annonce intervient alors que Gazprom a réduit drastiquement cette semaine ses livraisons à l'Europe via le gazoduc Nord Stream, arguant de la nécessité de maintenance d'une turbine. La Russie avait déjà réduit à deux reprises le volume de ses livraisons en juin, en disant que le gazoduc ne pouvait fonctionner normalement sans une turbine en réparation au Canada et qui n'avait pas été renvoyée en Russie à cause des sanctions imposées par les Occidentaux. Depuis, l'Allemagne et le Canada se sont entendus pour renvoyer l'équipement en Russie, mais la turbine n'a pas encore été livrée. Alors que les frappes se poursuivent dans l'est et le sud de l'Ukraine, Moscou avait accusé les forces ukrainiennes d'être responsables de la frappe sur la prison d'Olenivka, où se trouvaient des prisonniers de guerre ukrainiens, en territoire séparatiste dans l'Est de l'Ukraine. Le Comité d'enquête russe a accusé les forces ukrainiennes d'avoir «tiré sur la prison où sont détenus les membres du bataillon Azov, utilisant des projectiles américains du système Himars». Le régiment Azov s'était illustré dans la défense de Marioupol (sud-est). Après de longues semaines de siège et de résistance sur le site sidérurgique d'Azovstal, quelque 2 500 combattants ukrainiens s'étaient rendus en mai à l'armée russe. Moscou avait fait savoir qu'ils seraient incarcérés à Olenivka. Mais l'Ukraine a démenti avoir visé des infrastructures civiles ou des prisonniers de guerre. L'état-major ukrainien a estimé qu'il s'agissait ainsi d'«accuser l'Ukraine d'avoir commis des crimes de guerre» et de «camoufler les tortures de prisonniers et les exécutions» qui y ont été «perpétrées». La télévision publique russe a diffusé des images présentées comme celles de baraquements carbonisés et d'armatures de lits en métal détruits. Elle a montré des images filoutées de ce qui semble être des corps humains. De son côté, l'Union européenne a condamné «avec la plus grande fermeté les atrocités commises par les forces armées russes et leurs supplétifs», dans un communiqué de son chef de la diplomatie visant à la fois le bombardement de la prison et des accusations de torture sur un prisonnier ukrainien. De ses condamnations, l'UE n'a jamais pipé un mot sur d'éventuels dépassements commis par l'armée ukrainienne notamment au Dombas Sur le terrain des opérations militaires, les autorités ukrainiennes ont annoncé samedi que des bombardements russes avaient visé plusieurs localités dans le sud et l'est du pays, faisant au moins un mort à Mykolaïv (sud). À Kharkiv (est), deuxième ville ukrainienne, trois missiles S-300 se sont abattus sur une école qui a pris feu, a annoncé le maire de la ville Igor Terekhov. Le bâtiment principal a été détruit, selon le maire qui publie des photos du bâtiment en flammes sur Telegram. Dans la région de Donetsk, dans l'épicentre de l'offensive russe dans l'Est, le bâtiment de la gare routière et des bâtiments voisins ont été endommagés par une frappe à Sloviansk, selon le gouverneur régional Pavlo Kyrylenko. Par ailleurs, la peine à perpétuité prononcée contre un soldat russe en mai pour avoir tué un civil en Ukraine a été réduite à 15 ans de prison en appel par un tribunal de Kiev. Le sergent Vadim Chichimarine, 21 ans, avait admis avoir abattu Oleksandre Chelipov, 62 ans, dans le nord-est au cours des premiers jours de l'invasion déclenchée par l'armée russe le 24 février. Plaidant coupable, il avait été condamné le 23 mai pour crime de guerre et meurtre prémédité. Concernant les céréales bloquées en Ukraine depuis le début de la guerre, les exportations pourraient reprendre «dans les prochains jours», selon Kiev. Le président Zelensky s'est rendu vendredi dans le port de Tchornomorsk, sur la mer Noire, pour superviser un premier chargement de céréales sur un navire turc, aux termes de l'accord trouvé le 22 juillet avec la Russie. Kiev n'attend qu'un «signal» de la part d'Ankara et de l'ONU, garants de l'accord, pour «commencer» les exportations, a-t-il souligné. L'Ukraine, comme la Russie, sont parmi les plus gros exportateurs mondiaux de céréales. Kiev assure vouloir vendre quelque 20 millions de tonnes pour environ 10 milliards de dollars dans le cadre de cet accord.