Ni les réunions en grand nombre des puissances occidentales ni les sanctions surmultipliées contre Moscou n'influent sur l'opération spéciale de la Russie qui maintient une pression, de plus en plus forte, sur l'est de l'Ukraine, visé hier par une série de frappes de missiles. Ces missiles de «haute précision» ont été tirés, a indiqué, hier, le ministère russe de la Défense, contre deux centres de commandement ukrainien et quatre importants dépôts de munitions d'artillerie dans les zones de Zaporijjia, Paraskovievka, Konstantinovka et Novomikhaïlovka, toutes situées dans la République populaire de Donetsk. De son côté, l'aviation russe a rasé deux rampes de lancement de missiles S300, de fabrication russe, ainsi qu'un système de radar dans la région de Soumy. En outre, les systèmes de défense antiaérienne ont abattu 15 drones ukrainiens dans les régions de Donetsk et Lougansk. En parallèle, les services de renseignements britanniques affirment que la Russie a «probablement subi des pertes d'un tiers de la force de combat terrestre qu'elle a engagée en février», signe que la guerre de la communication va encore battre son plein, durant de nombreuses semaines. C'est dans un tel contexte que la double candidature de la Suède et de la Finlande à l'Otan vient compliquer la donne, le président Vladimir Poutine ayant déclaré à son homologue finlandais, l'informant de cette demande d'adhésion imminente, que ce serait là «une erreur». Pour le Kremlin, en effet, «il n'y a aucune menace à la sécurité» de ces deux pays. Sauf que leur entrée dans le club atlantiste aura nécessairement de nouvelles répercussions sur le rapport de forces dans l'ensemble de la région d'Europe centrale. Raison pour laquelle le Kremlin juge inéluctables des contre-mesures «militaro-techniques» qui demeurent, pour l'instant, non précisées mais dont on suppose qu'elles vont peser sur les contingences économiques et sécuritaires. Le président ukrainien Zelensky lui-même reconnaît que la «situation dans le Donbass reste très difficile». En effet, les troupes russes ne cessent de progresser dans cette région stratégique de l'Est, contrôlée par des séparatistes pro russes depuis 2014, et où Moscou apporte son soutien aux Républiques de Donetsk et Lougansk, longtemps confrontées aux assauts de l'armée ukrainienne. «De grandes offensives sont attendues à Severodonetsk, et autour de l'axe Lyssytchansk-Bakhmout», a déclaré pour sa part le gouverneur ukrainien de la région de Lougansk, décrivant une situation «catastrophique». Dans le même temps, et «grâce au soutien massif des téléspectateurs européens», l'Ukraine a remporté samedi la bataille de la chanson à l'Eurovision, couronnant Iriyna Vorobey, une entrepreneuse de 35 ans, saluée par Volodymyr Zelensky qui promet «une Marioupol libre, pacifique et reconstruite», une allusion à peine voilée aux assiégés du régiment ukrainien Azov, dans l'aciérie d'Azovstal, régiment dont le symbole ressemble étrangement à la croix gammée de l'armée nazie.