Incertitudes. Le climat dans lequel se trouve le marché pétrolier est instable. Le chaud et le froid soufflent en alternance. Cela explique la volatilité des prix. Les cours de l'or noir évoluent au gré de craintes sur l'offre et d'inquiétudes sur la demande sur fond du conflit armé russo-ukrainien. Le baril tantôt en hausse tantôt en baisse tient le coup contre vents et marées. Celui du Brent de la mer du Nord pour livraison en novembre a clôturé la semaine passée qui s'est achevée le 16 septembre sur un gain de 0,56% à 91,35 dollars. Il perd toutefois 1,49 dollar sur une semaine. Le West Texas Intermediate (WTI) américain avec échéance en octobre qui a terminé pratiquement à l'équilibre à 85,11 dollars a cédé de son côté 1,68 dollar pour la même période. Les vents ne semblent pas être favorables malgré la baisse de la production de l'Opep+ décidée le 5 septembre dernier. Les 13 pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs 10 alliés, dont la Russie, avaient décidé de réduire leur production pétrolière globale au mois d'octobre prochain, de 100 000 barils/jour. Une première depuis la mise en oeuvre d'un plan d'augmentation graduelle qu'ils ont conçu lors de leur 16e Sommet ministériel qui s'est déroulé le 1er avril 2021. Les cours de l'or noir n'ont pas enregistré de rebond significatif depuis, enregistrant des hauts et des bas pour se maintenir cependant au-dessus des 90 dollars pour le Brent, référence du pétrole algérien. Et l'avenir que dit -il? Il y a les possibles interruptions de livraison d'hydrocarbures russes et la baisse relative du dollar. Le 7 septembre, tout en se défendant d'utiliser l'énergie comme une «arme», le président russe Vladimir Poutine a menacé de cesser toute livraison d'hydrocarbures en cas de plafonnement des prix. Un projet relancé le même jour par Bruxelles. «Il y a des obligations contractuelles. Y aura-t-il des décisions d'ordre politique qui contredisent les contrats? Oui, nous ne les remplirons tout simplement pas. Nous ne fournirons rien du tout si cela contredit nos intérêts, avait déclaré le patron du Kremlin lors d'un forum économique à Vladivostok, ville de l'Extrême-Orient russe. Le groupe G7 des nations les plus industrialisées a convenu, au début du mois, de finaliser et de mettre en oeuvre un plafonnement des prix du pétrole russe, visant à réduire les revenus pétroliers de la Russie et peser dans la guerre qui l'oppose à l'Ukraine. Du coup les prix sont mis sous pression. Et pour ne rien arranger l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a revu, très légèrement toutefois, à la baisse ses prévisions pour 2022 tout en anticipant un rebond pour 2023. La demande mondiale de pétrole devrait croître de 2 millions de barils par jour au lieu des 2,1 millions précédemment prévus, pour atteindre 99,7 millions de barils par jour. En 2023, elle dépasserait ses niveaux pré-Covid, à 101,8 millions de barils par jour à condition que la Chine déconfine comme prévu. Une situation des plus confuse qui n'exclut pas une réaction de l'Opep+ qui avait souligné qu'elle laissait la porte ouverte à de nouvelles discussions, avant la prochaine rencontre du 5 octobre. La chute des prix va permettre de tester l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés, a estimé Craig Erlam, analyste chez Oanda. «La question est de savoir pendant combien de temps l'Opep+ va attendre et jusqu'à quel point les prix vont baisser avant que l'alliance ne convoque l'une de ces réunions d'urgence dont elle a parlé?», s'est-il questionné. «La logique derrière la réduction de l'Opep+ était de mettre fin à la récente baisse des prix et de remédier à leur volatilité», a souligné pour sa part Stephen Brennock, de PVM Energy. Pour le moment, «elle a échoué sur ces deux plans», les acteurs du marché voyant dans cette réduction «un signe clair de la détérioration des perspectives de la demande», a-t-il fait remarquer. L'Opep+ fera-t-elle le même constat? Dans ce cas une réunion avant le 5 octobre n'est pas à exclure...