La guerre russo -ukrainienne fixe le cap des prix du pétrole. Le marché croule sous une avalanche d'informations. Tantôt cela les propulse vers des sommets comme ce fut le cas, lundi dernier. Ils ont frôlé les 140 dollars, un niveau proche du record absolu de 147,50 dollars atteint en juillet 2008. Tantôt ils subissent un recul à l'image de celui de jeudi qui a occasionné une baisse notoire au baril de Brent de la mer du Nord, référence de l'or noir en Europe, pour livraison en mai qui avait clôturé ce jour-là à 109,33 dollars. Que s'est- il passé pour que le baril change d'humeur? L'explication se trouverait dans les déclarations du président russe Vladimir Poutine qui a assuré que la Russie maintenait toutes ses livraisons d'hydrocarbures, malgré les sanctions occidentales. «Tous les volumes» étaient livrés à l'Europe comme ailleurs, a assuré le maître du Kremlin précisant que même le «système de transport de gaz de l'Ukraine est rempli à 100%». Il faut rappeler que le réseau de gazoduc ukrainien est une des voies essentielles pour approvisionner le continent européen, dont 45% des importations de gaz proviennent de Russie. Ce qui n'a pas évacué la tension sur l'offre. L'opep sera-t-elle sollicitée? Les Emirats arabes unis, pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole, ont affirmé mercredi qu'ils oeuvreraient auprès de leurs partenaires pour augmenter la production, après que les prix eurentt atteint des sommets historiques. «Nous sommes en faveur d'une augmentation de la production et nous encouragerons l'Opep à envisager une hausse des niveaux de production», a indiqué l'ambassadeur des Emirats à Washington, Youssef Al Otaïba. «Les Emirats ont été pendant plus de 50 ans un fournisseur sérieux et responsable d'énergie sur les marchés, et ils estiment essentielle la stabilité des marchés énergétiques pour l'économie mondiale», a-t-il ajouté. Des médias américains ont même évoqué la possibilité d'une visite de responsables américains en Arabie saoudite, chef de file de l'Opep, pays proche des pays occidentaux mais aussi de Moscou, pour convaincre Riyadh de mettre plus de barils sur le marché. Une démarche qui est loin d'être gagnée d'avance. Il faut souligner en effet que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses 10 alliés, emmenés par la Russie, qui produisent au total plus de 40% du brut consommé dans le monde, s'en tiennent à un relèvement de leurs pompages de 400 000 barils par jour (bpj) chaque mois. «Peu importe les défis auxquels nous pourrions être confrontés, la Déclaration de coopération Opep-non Opep, continuera d'être le mode opératoire de notre succès commun et nous aidera à nous rapprocher, étape par étape et jour après jour, de la réalisation de nos objectifs communs», avait déclaré le SG de l'Opep Mohammad Sanusi Barkindo, la veille du sommet de l'Opep+ qui s'est tenu le 2 mars par visioconférence. Un appel à peine voilé à maintenir le cap. Les experts ne croient d'ailleurs pas à un cavalier seul des EAU. «Les Emirats arabes unis n'agiront pas de leur propre chef pour augmenter la production de pétrole», affirme Carsten Fritsch, analyste pour Commerzbank, second groupe bancaire allemand. Il faut noter aussi que les assurances avancées par le président Poutine concernant les approvisionnements russes en pétrole, n'ont pas conduit les pays occidentaux à stopper la série de sanctions qui frappent son pays, alors que l'offensive russe en Ukraine s'intensifie et ne semble pas prête à trouver une issue. Ce qui a conduit à un nouveau rebond des prix. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence de l'or noir en Europe, pour livraison en mai, s'échangeait, hier, à 8h45, à 111,86 dollars, en hausse de 2,31%. Quant au baril de West Texas Intermediate américain pour livraison en avril, il pointait à 108,08 dollars, affichant une progression de 1,94%, après avoir fléchi, la séance précédente à 106,02 dollars. «Le risque de nouvelles perturbations reste élevé, en particulier avec de nouvelles sanctions à venir qui rendront la vie plus difficile à la Russie et aux entreprises moins désireuses de faire des affaires avec elle», a prévenu Craig Erlam, analyste pour Oanda. Le baril n'a probablement pas fini ses soubresauts...