Il y en a qui ont fait la fête durant la compétition. Pour d'autres, le retour au pays a dû être pénible. Berlin a passé le relais à Johannesburg. La Coupe du monde 2006 a vécu, celle de 2010 arrive. Et dans qua-tre ans, en Afrique du Sud, nous aurons un nouveau champion du monde qui viendra défendre sa couronne conquise depuis peu, en Allemagne, à savoir l'Italie. Encore que, c'est là une éventualité guère acquise, puisque le champion du monde en titre n'est plus qualifié d'office pour le prochain tournoi. Il va devoir, comme tous les autres pays de la planète, disputer la phase de qualification. La seule nation, pour l'instant, qui peut dire qu'elle sera du rendez-vous de la phase finale de 2010, c'est l'Afrique du Sud, le pays organisateur. L'Italie aura, donc, réussi à déjouer les pronostics des spécialistes les plus affûtés, elle qui n'avait pas offert le visage d'un potentiel de champion du monde au cours d'un premier tour où elle avait alterné le bon et le moins bon. Même en 8e de finale, la Squadra Azzura avait souffert le martyre devant une équipe australienne qui l'avait dominée et qui s'était procurée les meilleures occasions de but mais qui avait été piégée par son adversaire et par l'arbitre du match, ce dernier accordant aux Transalpins un penalty dans le temps additionnel de le seconde période. Un penalty pas très évident mais, transformé par Totti, qui avait contribué à propulser les Italiens vers les quarts de finale. Ce n'est qu'à partir de ce stade-là que les coéquipiers de Cannavaro ont trouvé la bonne carburation faisant, tout d'abord, voler en éclats la défense ukrainienne avant d'assommer les Allemands sur leur propre sol et devant leur public dans une demi-finale qui restera pour l'histoire une leçon de stratégie et de coaching de la part du staff technique italien et de son chef, Marcello Lippi. Une équipe qui revient de loin Et en finale, les Transalpins, moins brillants que lors de leurs précédentes sorties, ont eu assez de ressources pour revenir au score après avoir été menés par les Français puis pour tenir le coup face à un adversaire, visiblement plus frais (les Italiens avaient disputé les prolongations d'une demi-finale éprouvante alors que les Français étaient passés en finale au bout des 90 minutes de jeu réglementaires) et mieux préparé. Un adversaire français qui a dominé les trois quarts de la partie, qui a provoqué les actions les plus dangereuses dans le camp opposé mais qui n'a pas su aller vers ce second but qui lui aurait, très certainement, offert la Coupe du monde. Les Transalpins ont, ainsi, pu mener les Bleus vers la série de tirs au but où ils ont fait preuve d'une remarquable maîtrise puisqu'ils ont réussi leurs cinq essais. Mais il est vrai que les Français partaient dans cet exercice avec un énorme handicap psychologique. Ils étaient encore sous le coup du carton rouge infligé huit minutes plus tôt par l'arbitre à Zineddine Zidane. En outre, trois de leurs meilleurs tireurs n'étaient plus là en l'occurrence, Zidane, bien sûr, Vieira et Henry. Cependant cela ne saurait ternir le succès final des Italiens dont le mérite aura été d'avoir toujours cru en leurs chances. En cela, leur victoire n'a pas à être contestée. Il faut, cependant, rendre hommage à l'équipe de France, venue de nulle part et qui a, tout de même, réussi à se hisser jusqu'en finale du Mondial. Quand son entraîneur Raymond Domenech donnait rendez-vous à tous les journalistes au 9 juillet, il passait pour un rêveur, voire pour un fanfaron dans la mesure où «son» équipe n'avait dû sa présence à la Coupe du monde qu'à un «coup de pot» extraordinaire lors d'une phase de qualification où elle avait été terriblement à la peine. Il lui avait fallu battre le rappel de quelques «retraités» comme Zidane, Thuram et Makelele pour sauver la mise. Et même lors du premier tour de la phase finale du Mondial, elle a énormément «galéré» avant de passer par un «trou de souris» pour se retrouver en 8e de finale. Sa transformation a eu lieu à partir de ce stade de l'épreuve en dominant et en éliminant, tout d'abord, les Espagnols, auteurs, pourtant, d'un premier tour sans faute puis, surtout le Brésil dans ce qui est considéré comme le meilleur match du Mondial. Ce jour-là, sous la baguette d'un Zidane étincelant (sa performance dans ce match a été certainement pour beaucoup dans le choix de la Fifa pour le désigner meilleur joueur du Mondial), le Onze français a parfaitement joué sa partition devant une Seleçao dont les joueurs se sont crus champions du monde avant l'heure. En demi-finale, les Bleus ont poursuivi leur marche en avant devant une équipe portugaise qui fera encore parler d'elle pour avoir été la première sélection lusitanienne à atteindre ce stade de l'épreuve d'un Mondial depuis la grande équipe de 1966, celle des Eusebio, Coluna et autre Simoes. Cette équipe portugaise a joué le football qu'il fallait avec des joueurs pétris de qualité comme le gardien Ricardo, les défenseurs Carvalho ou Fereira, les milieux Maniche ou Costinha et les attaquants Deco ou Figo. De la très bonne pâte pétrie par un maître en la matière, le Brésilien Scolari et qui a défendu ses chances jusqu'au bout. Même lors du match pour la troisième place, elle a été loin d'être ridicule malgré la lourdeur de la défaite (3-1) devant une équipe allemande qui a simplement eu la chance, ce soir-là, d'avoir un maître artificier en la personne de Schweinsteiger. Ce dernier a contribué, de la sorte, à relancer une Mannschaft qui avait la redoutable mission de finir en beauté un Mondial où elle avait cédé aux portes de la finale devant une sélection italienne plus expérimentée. Cette équipe allemande aura, malgré tout, réalisé le rêve de tout un peuple. Un peuple qui s'est reconnu en elle et qui a communié dans une ambiance patriotique sans précédent pour un pays qui ne s'était réunifié que depuis quelques années. La conquête de la troisième place, accueillie comme une victoire en finale, aura été celle des joueurs mais surtout celle de leur entraîneur Jurgen Klinsmann, celui dont la presse allemande doutait de ses compétences bien avant le Mondial et dont elle disait qu'il ne réussirait même pas à passer le premier tour avec son équipe. La revanche de Klinsmann Dans ce concert de critiques on avait négligé le fait que la sélection allemande n'était composée que de joueurs du cru et, de surcroît, des joueurs jeunes alors que les autres «grands» du tournoi présentaient des sélections composées de joueurs évoluant dans les plus grands clubs du monde. Pour motiver sa troupe, Klinsmann a joué sur le volet de la volonté de toujours y croire et sur le soutien populaire que n'aurait pas manqué d'avoir son équipe en cas de succès. C'est ce qui s'est déroulé dans la mesure où plus la Mannschaft gagnait, plus la foi des supporters grandissait et plus leur nombre progressait. Même l'élimination en demi-finale con-tre l'Italie a été très vite effacée puisque lors du match pour la troisième place, la passion du peuple allemand pour son équipe nationale est restée la même. Quand plus d 'un million de personnes se rassemblent à Berlin, au lendemain de la victoire sur l'équipe portugaise, pour remercier Klinsmann ainsi que Ballack et ses camarades, cela prouve que l'amour des Allemands pour «leur» Mannschaft est parti pour durer de longues années. Les quatre demi-finalistes du tournoi ont des raisons de se montrer satisfaits de leur participation. D'autres, avec eux, n'ont pas à rougir de ce qu'ils ont montré, à l'image des Ghanéens, les seuls africains à avoir passé le cap du premier tour et qui ont eu le malheur d'avoir en face d'eux, en 8e de finale, non seulement l'équipe du Brésil, mais aussi un arbitre qui a dirigé le match contre eux. On peut, aussi, citer l'Equateur qui ne s'est incliné en 8e de finale que sur un coup de patte de l'Anglais Beckham ainsi que l'Australie qui aura été la sélection qui, avec celle de la France, a fait le plus souffrir le futur champion du monde italien. On ajoutera dans ce registre la Suisse éliminée en 8e de finale et qui n'a, durant le tournoi, perdu aucun match ni encaissé le moindre but ainsi que l'Ukraine qui avait mal démarré le tournoi (le premier de son histoire) face à l'Espagne (défaite 4-0) mais qui s'est bien reprise par la suite, ne cédant qu'en quart de finale face à l'Italie. Les déceptions, quant à elles, se recrutent dans les éliminés du premier tour comme la Pologne et la Serbie-Monténégro alors que la Tunisie et l'Arabie Saoudite sont passées à côté de leur sujet. On ajoutera les Pays-Bas, dont l'équipe a manqué d'envergure dans un moment crucial face au Portugal, tout comme l'Angleterre face au même adversaire en quart de finale. Il y a, également, l'Argentine qui a pu passer, à un certain moment, pour le favori du tournoi mais qui, en quart de finale, a manqué de souffle face aux Allemands devant lesquels elle a cédé dans la série de tirs au but. Sans oublier qu'au tour précédent les Albicestes avaient été obligés de passer par les prolongations pour éliminer une équipe mexicaine qui n'avait pas démerité. Reste le Brésil précédé du tire de grand favori du tournoi eu égard à la pléiade de stars qui émargent dans son effectif. La Seleçao, malgré un premier tour victorieux (3 matches, 3 succès) n'a rien montré de probant. Elle a récidivé en 8e de finale face au Ghana devant lequel elle a eu besoin d'un coup de pouce de l'arbitre pour l'emporter et dès qu'elle a eu à affronter un adversaire mieux armé, elle n'a pas tenu la route. Face à l'équipe de France, la Seleçao est tombée sur plus fort qu'elle ce jour- là et elle a dû retomber sur terre, elle qui croyait que la Coupe du monde lui était acquise. Les victoires en football ne s'obtiennent pas par du rêve ou du désir. Il faut savoir se battre pour cela. Les Brésiliens vont devoir revoir leur copie sur le sujet.