Cette manifestation sera une occasion pour rendre hommage à tous ceux qui ont fait les beaux jours du 4e-art en Algérie, à l'instar de Ould Abderrahmane Kaki. Et de trente-huit, et de trente-neuf! La ville de Mostaganem renoue, et pour la trente-neuvième fois, avec le Festival national du théâtre amateur. La nouvelle édition s'est ouverte mercredi dernier, au soir, par la représentation de la pièce de théâtre El Meddah (le conteur). Mise en scène par Ahmed Belalam, la pièce se veut une façon de renouer avec une tradition populaire purement algérienne. Le personnage du meddah a, en effet, une fonction sociale bien précise: il rapporte les nouvelles, aussi bien fraîches qu'anciennes, et les répand parmi les masses populaires, ou plutôt, ses concitoyens. Cette fonction, le meddah l'exerce notamment dans les souks. Aussitôt, il y débarque, se met à crier. Les gens se rassemblent alors autour de lui pour l'écouter. Le cercle qui se forme autour de lui, on l'appelle la halka, et le meddah devient le goual (le diseur). Il prend, en outre, la fonction d'un narrateur qui raconte des nouvelles. Ce qu'on tient à préciser dans ce sens, c'est qu'en dépit du nombre des personnages qu'il interprète, le goual ne doit en aucun cas imiter les principaux acteurs de l'histoire qu'il rapporte. Si, par exemple, l'un des personnages phare, ou marginal, de son histoire est une femme, le goual doit laisser sa voix telle qu'elle sans donc pour autant «féminiser» sa voix. Aussi, dans le théâtre algérien, ce personnage, on le retrouve notamment dans les pièces du défunt Abdelkader Alloula. Il est bon de rappeler ici sa trilogie, à savoir El-Agoual (Les Dires), 1980, El-Adjouad (Les Généreux), 1984, El-Litham (Le voile), 1989. Selon Alloula, «il est demandé au comédien principal de maîtriser toutes les catégories du dire, de la psalmodie au chant, du cri au murmure. Le goual doit avoir les mêmes aptitudes, et n'est pas goual qui veut. Cela nécessite une initiation, une transmission de père en fils et de maître à disciple». Ainsi donc, c'est sur les cris d'El goual que la nouvelle édition du plus vieux festival en Algérie a démarré. Aussi, cette manifestation sera une occasion pour rendre hommage à tous ceux qui ont fait les beaux jours du quatrième art en Algérie, à l'instar de Ould Abderrahmane Kaki, cet autre enfant de Mostaganem. D'ailleurs, une biographie de ce grand artiste sera publiée au courant de ce festival. Intitulé Kaki: Le dramaturge de l´essentiel, et édité chez Alpha Design, cet ouvrage est coécrit par l´universitaire Mansour Benchehida et le spécialiste de l´audiovisuel, Abderrahmane Mostefa. Selon les explications données à l'APS par les deux auteurs, l'ouvrage de 250 pages devant être tiré à plus de mille exemplaires, se scinde, ont expliqué l´universitaire et le vidéaste, en trois parties. La première s´articule autour de la biographie du monument de la dramaturgie, décédé à l´âge de 61 ans, un 14 février 1995 à Mostaganem où il est né et y a vécu ainsi que sur son parcours artistique d´auteur théâtral, de réalisateur, de metteur en scène et de directeur d´institutions du 4ème art ayant longtemps accompagné dans son évolution le Festival national de Mostaganem. La seconde partie se consacre à révéler un volet tout aussi peu connu qu´inédit de la stature intellectuelle de Kaki le poète et le nouvelliste, tout comme l´autre partie qui décortique et analyse la production théâtrale du père de 132 ans, Diwan El Garagouz et Afrique avant 1, du point de vue temporel et son apport à la création textuelle du théâtre universel. Il convient de rappeler, enfin, que la trente-neuvième édition du Festival national du théâtre amateur de Mostaganem, verra la représentation de 15 pièces de théâtre, dont huit en compétition. On cite, à cet effet, Mousafir Elil (le voyageur de la nuit) de l'association Echourouk de Mascara, Roba de la troupe Kateb Yacine de Sidi Bel Abbès, Thimest (le feu) de l'association Taourirt Mokrane de Larbaâ Nath Irathen (Tizi Ouzou), Bidoun Ma'awa (sans-abris) de la coopérative Tahat de Batna, Douyouf essinatour (Les invités du sénateur) du théâtre de Chlef, Jazirat El Abid (L'île des esclaves) de la troupe El Moudja de Mostaganem, Aoudat Houlakou (le retour de Holako) de la coopérative Afaq de Batna et enfin Koul Wahed wa houkmou (chacun son pouvoir) de l'association Ould Abderrahmane Kaki de Mostaganem.