La tension est encore montée, ces dernières 48 heures, en Ukraine alors que la Russie a averti dimanche sur les intentions des dirigeants de Kiev de procéder à l'utilisation d' «une bombe sale» pour aggraver le conflit. Le ministre de la Défense russe, Sergueï Choïgou, a eu, en effet, des entretiens téléphoniques inédits dans une seule journée, depuis plusieurs mois, avec ses homologues américain, français, britannique et turc pour leur faire part des «préoccupations» de Moscou concernant d' « éventuelles provocations de la part de l'Ukraine, avec le recours à une bombe sale». Kiev et Washington ont aussitôt dit rejeter ces «allégations» et les autres alliés occidentaux les ont rejoint ensuite, dans un communiqué commun. Mais la Russie est revenue, hier, sur le sujet, assurant que Kiev est «entrée dans la phase finale» de fabrication de cette «bombe sale». «Selon les informations dont nous disposons, deux organisations ukrainiennes ont des instructions spécifiques pour fabriquer la soi-disant ''bombe sale''. Leur travail est entré dans la phase finale», a déclaré hier, dans un communiqué, le lieutenant-général Igor Kirillov, chargé du département des substances radioactives, produits chimiques et biologiques. Il a explicité davantage les calculs des dirigeants ukrainiens qui, avec cette «provocation», chercheraient à «accuser la Russie d'utiliser des armes de destruction massive en Ukraine et de lancer ainsi une puissante campagne anti-russe, dans le monde». L'autre objectif recherché serait d' «intimider la population locale et augmenter le flux de réfugiés à travers l'Europe», surtout que «la détonation d'un engin explosif radioactif entraîner(ait) inévitablement la contamination de la zone sur une superficie pouvant atteindre plusieurs milliers de mètres carrés». Cette mise en garde de la Russie est raillée par les puissances occidentales qui y voient, affirment-elles, des allégations «fausses», tandis que Kiev les qualifie d' «absurdes» et «dangereuses». Les uns et les autres ajoutent qu'il s'agit pour Moscou d'un «prétexte» pour justifier les «préparatifs d'une attaque menée sous un faux drapeau, «avec le recours à une arme nucléaire tactique en guise de représailles. En fait, Kiev et Washington disent que «le monde ne serait pas dupe» de la tentative d'user de ce prétexte et Paris a exprimé son rejet de «toute forme d'escalade, singulièrement nucléaire». Le président Macron, durant son séjour à Rome, a exprimé sa conviction d'une «paix possible lorsque le peuple et les dirigeants ukrainiens l'auront décidé», ajoutant que «la paix se bâtira avec l'autre, qui est l'ennemi d'aujourd'hui». Mais les heures qui passent, depuis dimanche, tendent à devenir de plus en plus stressantes pour l'Europe et pour l'ensemble de la région euro-méditerranéenne qui subit de plein fouet les conséquences dramatiques d'un conflit dont nul ne connaît les risques réels.