Rebond significatif des prix du pétrole. Et cela ne ressemble pas à un simple feu de paille. Cette résurrection du baril s'appuie en effet sur au moins deux facteurs qui doivent très probablement contribuer à son embellie à défaut de sa bonne tenue. Il y a d'une part la baisse de la production de l'Opep+ qui est entrée en vigueur depuis le 1er novembre, qui va sans doute contribuer à un resserrement de l'offre mondiale et d'autre par l'allégement annoncé du dispositif anti-Covid en Chine qui va vraisemblablement booster la consommation d'or noir au pays du milieu, premier importateur mondial de brut. Il faut rappeler, en effet, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés, dont la Russie, avaient décidé le 5 octobre dernier à Vienne en Autriche de réduire leur offre de 2 millions de barils par jour à partir du début du mois en cours. Une décision intervenue dans un contexte d'indicateurs défavorables à la consommation, qui ont persisté durant des mois, cet été particulièrement plombant les prix du pétrole pris dans cette spirale qui entoure la demande mondiale de Brut. Une incertitude qui les plombe. Au point de les mettre réellement à mal. Et c'est l'une des premières économies du monde qui a donné le «la». Les craintes se sont cristallisées autour des restrictions sanitaires de la Chine et de sa politique zéro Covid. Le président Xi Jinping s'est engagé à poursuivre cette stratégie que le pays a imposé depuis le début de la pandémie et qui a occasionné un brutal ralentissement de l'économie chinoise. Il faut rappeler, en effet, qu'un confinement strict a été imposé en avril dernier à Shanghai, capitale économique chinoise, de 25 millions d'habitants, qui a affronté sa pire flambée de Covid-19 depuis 2 ans. Un blocage qui a ralenti la demande de pétrole dans l'Empire du Milieu, premier importateur mondial de brut. Confrontée à une hausse des cas de Covid-19, la ville côtière de Sanya, en Chine, avait décrété le 6 août 2022 un confinement, en pleine saison touristique et a drastiquement réduit les transports publics. Alors que l'économie chinoise se remettait lentement du confinement de Shanghai, 1,7 million d'habitants ont été placés en confinement dans la province de l'Anhui (Est). Ces confinements chinois sont un coup dur pour la demande mondiale. Les ventes de détail et la production industrielle ont-elles aussi connu un ralentissement inattendu, en raison d'un rebond de Covid-19 et d'une crise dans l'immobilier qui ont lourdement pénalisé l'activité, au mois de juillet dernier? Une conjoncture qui a lourdement impacté les cours. Il est «assez clair que la demande chinoise peu vigoureuse explique le déclin des prix du pétrole depuis juin» a relevé Stephen Brennock, de PVM Energy. Il faut souligner que depuis le début du millénaire, la Chine a été le principal moteur de la croissance de l'économie mondiale et de la demande de pétrole. Il est donc clair que le déconfinement progressif qu'elle doit connaitre, combiné à la baisse de la production de l'Opep+, va permettre au marché de desserrer l'étreinte. «Le resserrement imminent de l'offre continue de soutenir les prix», pronostiquent les analystes du second groupe bancaire allemand Commerzbank. Hier à 14h00 le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, pour livraison en janvier 2023 s'échangeait à 98,17 dollars. Soit 3,50 dollars que la veille. Le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain, pour livraison en décembre, grimpait de 3,69 dollars à 91,89 dollars. Les prix doivent aussi profiter de l'embargo et du plafonnement du prix du pétrole russe décrétés par l'Union européenne. Outre la réduction de l'objectif de production de l'Opep+ de 2 millions de barils par jour pour le mois de novembre, «l'embargo de l'UE et le plafonnement prévu du prix du pétrole russe ajoutent à la tension sur le marché», ont souligné les experts de Commerzbank. Le baril est apparemment sur une «poudrière»...