L'opération spéciale russe en Ukraine s'inscrit dans la durée alors que l'hiver arrive, dans une région habituée à des températures sévères. Les conséquences de la guerre, notamment les sanctions occidentales envers la Russie, sont encore incertaines malgré les dizaines de milliards de dollars octroyés à Kiev par les pays membres de l'Otan, avec à leur tête les Etats-Unis. Après avoir occupé le Donbass et des villes comme Kherson et Kharkiv, intégrés au territoire russe par référendum, Moscou a dû se replier sur l'autre rive du Dniepr où le général Sergueï Sourovikine, surnommé le général Armaguedon, a rebattu les cartes des grandes manoeuvres militaires russes. Habitué des opérations en Afghanistan, Tchétchénie, Tadjikistan et Syrie, il a pris en compte les menaces d'un sabordage du grand barrage de Kakhovka qui alimente la péninsule de Crimée. Du coup, le président Poutine a modifié la nature même de l'opération spéciale, en réaction à une attaque ukrainienne contre la base stratégique de Sébastopol, en Crimée. Si, depuis février et le début de l'opération, Moscou a veillé à épargner les zones civiles pour ne cibler que les usines d'armement et les centres logistiques, voilà deux semaines que les bombardements ont changé de nature pour s'orienter vers les installations énergétiques. Les frappes ont pour but d'affaiblir les capacités offensives des forces ukrainiennes, d'une part, et de comprimer les moyens économiques du pays. Il s'agit là d'une tactique opérée par l'Otan contre la Yougoslavie où elle a été payante, en ce sens que la population excédée a fini par se révolter contre ses dirigeants. Or, c'est ce que souhaite le président Poutine qui, dès le départ, faisait de cette carte un atout majeur. Au vu de la situation depuis neuf mois, il semble que ce paramètre reste imprévisible et que la mise à l'index de Zelensky peut tarder à se réaliser. Paradoxalement, cela sert les intérêts de la Russie dans la mesure où le tumultueux président ukrainien ne cesse de mettre ses interlocuteurs occidentaux dans la gêne, comme ce fut le cas avec Joe Biden, selon plusieurs médias américains, fin octobre. Le président des Etats-Unis confirmait tout juste une nouvelle aide d'un milliard de dollars supplémentaires à Kiev quand Zelensky lui a opposé une longue liste de revendications encore insatisfaites, mettant le démocrate en fureur. De plus, au Pentagone, certains experts estiment que le président ukrainien verse dans une surenchère de pompier pyromane et semble désireux de provoquer l'apocalypse. Après bientôt dix mois de conflit, la population ukrainienne est au bord de l'asphyxie, au point que nombreux sont ceux qui vont alimenter les vagues de migrants en direction de l'Europe occidentale où les habitants sont, eux aussi, pris en otage de la guerre économique que leur pays livre à la Russie. L'arme énergétique permet à Moscou qui fait face à des sanctions européennes et américaines inédites de mettre la pression sur des citoyens européens dont le pouvoir d'achat s'est dégradé alors que leurs dirigeants persistent et signent pour une politique dont le bénéficiaire s'avère les Etats-Unis. L'exemple le plus significatif est celui du Royaume-Uni, en proie à une crise et un désarroi profond face à un allié américain qui ne connaît que ses intérêts, avant tout, alors que le Brexit promettait l'Eldorado.