Plus de trois mois après la mise en demeure des entreprises industrielles, situées le long des deux rives de l'oued El Harrach, par le ministère de l'Industrie et celui de l'Environnement, la situation environnementale ne semble pas avoir beaucoup évolué dans le sens positif. C'est même le statu quo total qui prévaut. L'appel lancé, jeudi, par la ministre de l'Environnement et des Energies renouvelables, Samia Moualfi à l'endroit des industriels afin «d'installer des systèmes de traitement des eaux usées, en vue de contribuer à l'élimination de la pollution et livrer ce projet important dans les plus brefs délais», conforte ce constat établi. Bien que des opérateurs aient procédé à l'installation de stations d'épuration des eaux usées au niveau de leurs unités de production, le nombre de ces derniers reste dérisoire face au nombre d'unités essaimant les rives de cet oued. Selon un recensement annoncé, le lundi 12 septembre 2022, par le ministre de l'Industrie en septembre dernier, le nombre des entreprises économiques activant sur les rives de l'oued est de 533 structures classées. Parmi ces dernières, le ministre avait confié que seulement «deux entreprises sur les 24 productrices relevant du secteur de l'industrie ont entamé l'opération d'installation des dispositifs de prétraitement». Zeghdar avait également fait part de mises en demeure adressées aux entreprises contrevenantes par les commissions exécutoires placées sous l'autorité des walis. Dans le cadre de la protection de l'environnement, ces entreprises, activant dans les wilayas de Blida et d'Alger, ont été conviées à «régulariser leur situation vis-à-vis des nouvelles dispositions prévues par le règlement appliqué sur les structures». Pour sa part, la ministre de l'Environnement, Samia Moualfi, qui tablait sur un engagement responsable des opérateurs concernés, devra revoir sa copie concernant ce dossier sensible. «Le projet d'assainissement et d'aménagement de ce oued tout en l'érigeant en espace de loisir pour les citoyens» ayant accusé beaucoup de retard jusqu'ici. En effet, force est de constater que cette situation perdure depuis plusieurs années déjà, accusant d'énormes pertes en temps et en argent. Aussi, à ce compte, le programme de renforcement des capacités de la station d'épuration de Baraki, d'un montant de 12 Mds de dinars, pourrait être sérieusement hypothéqué, notamment pour ce qui est de la qualité et de la capacité d'épuration de cette structure. Les eaux polluées et toxiques déversées dans l'oued par les usines des entreprises incriminées, échapperont à tout traitement de cette station d'épuration. «Des mécanismes de coopération pour le suivi et le contrôle, et en vue d'atteindre l'efficacité environnementale», devaient être mis en place par le ministère de l'Environnement et des Energies renouvelables. Les deux ministères concernés par cette situation, à savoir le ministère de l'Environnement et des Energies renouvelables et celui de l'Industrie, se doivent d'accentuer leur collaboration, en vue d'élaborer une feuille de route conjointe, afin de sortir avec un canevas de travail succinct et efficient. Des mesures d'accompagnement et de sensibilisation des industriels, afin de parvenir à habiliter les équipements et à respecter les normes environnementales avaient été préconisées par le ministère de l'Environnement, mais ne semblent pas donner de fruits, en tout cas, dans l'immédiat. Pour rappel, l'affaire de la pollution de l'oued El Harrach avait été mise n lumière grâce à des posts publiés sur les réseaux sociaux par des internautes algériens, spécialisés dans la protection de l'environnement. Un travail remarquable qui a vu la mobilisation de techniques et de connaissances en écologie et en géo-localisation des sources de pollution. Pour ce faire, les jeunes écolos ont fait appel, dans plusieurs vidéos postées sur Facebook, à des techniques avancées pour prouver la responsabilité des usines polluantes sur ce trajet de l'oued El Harrach jusqu'à l'embouchure de ce cours déversant sur la mer.