En l'absence de sécurité absolue, le décor est bien planté pour ce nouveau business plus que rentable. Un faux barrage a été dressé dans la nuit de vendredi à samedi dernier aux environs de 23h aux alentours de Boubhir au niveau du lieu dit Djemati dans la wilaya de Tizi-ouzou. Trois éléments armés et cagoulés, selon des sources, ont fait main basse sur une voiture particulière de marque Clio. Une plainte a été déposée contre X. Dans la même nuit, un groupe composé de deux inconnus s'est infiltré, vers dix heures du matin, dans une sablière à M'chedallah et a kidnappé le fils du gérant qui se trouvait sur le lieu de travail, selon des sources bien informées. Ces faits divers interviennent après une série de kidnappings qu'a connue la Kabylie. Depuis quelques temps, réseaux maffieux et malfaiteurs de tout poil ont mis la main sur la poule aux oeufs d'or. Après la drogue, l'enrichissement illicite par le pillage des deniers publics, une nouvelle activité voit le jour. A cette date on ne sait plus combien de kidnappings il y a eu ni leurs recettes. La wilaya de Tizi-ouzou connaît ces derniers temps une recrudescence effrayante de l'insécurité. Combien de personnes ont été enlevées, de voitures volées, de bureaux de poste cambriolés et de convois de transport de fonds attaqués sans que ces actes ne soient revendiqués alors que la population ne sait pas à quel saint se vouer. L'affaire qui a fait couler beaucoup d'encre est celle ayant trait à l'enlèvement, à Freha, de l'entrepreneur Haddad Meziane. Il convient de rappeler notamment l'attaque de convois de transport de fonds sur la route d'Aïn El Hammam, celle perpétrée aussi entre Azazga et Bouzeguène, de Larbaâ Nath Irathen, au cours duquel trois convoyeurs de fonds ont été tués et la somme de 450 millions de centimes dérobée. Qui est donc derrière ces actes qui, chaque jour, prennent de l'ampleur? Les «pistes» et les versions sont à la fois diverses et contradictoires. Ce qui n'a pas manqué d'alimenter la rumeur quant à l'identité des auteurs de ces actes. Selon le commissaire principal de la police judiciaire, M.Rabah Ladj, les actions d'enlèvement et les demandes de rançon sont l'oeuvre de terroristes dont l'objectif est de s'autofinancer. «Enregistrant "un déficit" en matière de finances, les terroristes se livrent à ce type d´actions en collaboration notamment avec des criminels» a-t-il déclaré récemment lors d´une rencontre avec la presse à l´Ecole de police de Chateaunef (Alger), indiquant que cette nouvelle forme de criminalité commence à prendre du "volume". Tout en soulignant l´impossibilité de lutter contre ce type de criminalité "d´une manière aléatoire", M.Ladj a déclaré que celle-ci doit faire l´objet d´un traitement spécial, et ce, par le biais "des techniques d´investigation". D'autres sources, par contre, estiment que ces kidnappings, cambriolages, rackets et autres attaques à main armée ne sont que le fait de bandes organisées et structurées dans un vaste réseau mafieux. Même d'honnêtes citoyens ne sont pas épargnés. En plein centre-ville de Tizi Ouzou, des passants sont détroussés au vu et au su de tout le monde, et malheur à celui qui tenterait de s'interposer. Les cités universitaires, notamment de jeunes filles, ne sont pas en reste. En effet, les agressions se sont multipliées au cours de ces deux dernières années aux alentours des campus universitaires, notamment ceux de Oued Aïssi et Boukhalfa. Des phénomènes qui, apparemment, ne sont pas propres seulement à la Kabylie, puisque d'autres wilayas en souffrent d'une façon tout aussi aiguë à l'instar d'Alger et Blida. Que font donc les services de sécurité pour y faire face?. Des cellules policières sont mises sur pied pour étudier le rapt en Kabylie, collecter les informations s'y rattachant, recouper, dresser des fiches signalétiques des preneurs d'otages potentiels, établir des portraits-robots et infiltrer les groupes spécialisés dans les enlèvements. Autres décisions d'importance: la création de six brigades de police chargées d'apporter un soutien aux zones les moins sécurisées. Ces brigades, hormis le travail routinier de la police, vont aussi s'intéresser de près aux différentes formes de la criminalité dont le kidnapping constitue pour le moment la facette la plus dangereuse. En l'absence de sécurité absolue, le décor est bien planté pour ce nouveau business plus que rentable. Cette nouvelle «industrie» mafieuse dans son expansion revêt plusieurs formes et passe en revue ces cibles. Des familles aisées aux professionnels (médecins, professeurs, employés de banque) personne n´y échappe. Elle peut frapper désormais à la porte de toute la population pour laquelle rentrer chez soi sain et sauf est un exploit.