La pandémie de Covid-19 a mis de nombreux pays fragilisés par une instabilité politique chronique en situation de précarité économique et alimentaire avant que le conflit armé russo-ukrainien ne l'exaspère. En effet, au moment où le monde engageait une lutte effrénée contre le coronavirus, une autre pandémie, celle de la faim, sévit depuis des décennies et continue de menacer les vies de millions de personnes. Rien que, durant l'année 2020, près de 690 millions de personnes ont souffert de la faim à travers le monde. Soit 10 millions de plus qu'en 2019. Comment l'Algérie s'en est-elle sortie? Deux crises dévastatrices qu'elle a traversées sans gros impact sur sa sécurité alimentaire, sachant que le pays figure parmi les plus gros importateurs de céréales, de blé en particulier, au monde. Elles auront surtout mis en exergue cette question qui a toujours été au centre des préoccupations de tous les pays du monde dans un contexte géopolitique aujourd'hui recomposé. Il faut souligner qu'à ce propos l'Algérie a fait de 2023 l'année de la consolidation de sa sécurité alimentaire. «L'année 2023 sera celle du renforcement de notre sécurité alimentaire et sanitaire en assurant la disponibilité à travers des produits de base, qui sont actuellement importés, et à travers la réalisation de l'autosuffisance en exportant l'excédent», a déclaré le 20 octobre 2022 le Premier ministre Aïmene Benabderrahmane dans son allocution à l'ouverture du forum sur l'export. Si les objectifs que s'est fixés le pays pour son développement, réduire la dépendance aux hydrocarbures notamment, commencent à donner leurs fruits celui de la sécurité alimentaire demeure une préoccupation permanente. L'Algérie considère sa sécurité alimentaire comme une question d'indépendance et de souveraineté. Sa stratégie a en ce sens permis de réaliser des progrès significatifs en 2019. La production agricole a connu une augmentation de 6,1%, d'une valeur de 29,1 milliards de dollars, ce qui représente 12% du PIB, avec un taux de couverture des besoins alimentaires à hauteur de 73%. Le taux de sous-alimentation a été réduit de 6% annuellement. Pour se rendre compte des progrès enregistrés il faut rappeler qu'en 2016, le taux de sous-alimentation était de 4,6%, au moment où il affichait 13% dans les pays développés. Une cadence que le secteur de l'agriculture a accéléré en 2022 sur la voie de la sécurité alimentaire du pays à travers la prise de plusieurs mesures et actions lancées par les pouvoirs publics en vue de développer les filières stratégiques, ayant permis de réaliser une croissance à deux chiffres (31% en valeur) et de couvrir 75% du marché. Une nouvelle stratégie a vu le jour dans le domaine de la production céréalière visant à développer les procédés de matériaux agricoles, d'irrigation et de stockage. Un groupe de travail conjoint des secteurs de l'agriculture, de l'industrie et de l'irrigation a été installé pour veiller à la concrétisation de la stratégie en question. Un bond significatif a été réalisé en matière de production. 41 millions de quintaux de céréales en 2022 contre 27,6 millions de quintaux en 2021. Pour la filière légumes secs, la production est passée de 0,9 million quintaux en 2021 à 1,18 million quintaux en 2022 pour une valeur de 17 milliards de dinars. Soit un bond de 19%. Pour la pomme de terre, la production a atteint 44,2 millions quintaux en 2022 pour une valeur de 287 milliards de dinars, progressant de 43%. Des chiffres qui indiquent que la sécurité alimentaire du pays sera réellement consolidée en 2023.