L'Occident, les pays européens à leur tête les Etats-Unis, submerge la Russie de sanctions depuis le début du conflit armé russo-ukrainien. Moscou rend coup pour coup. La riposte à l'entrée en vigueur, début décembre, de l'embargo décrété par l'Union européenne sur le brut russe assorti d'un mécanisme de plafonnement des prix pour les livraisons hors d'Europe, tant attendue est finalement tombée. La Russie arrêtera le 1er février 2023 ses exportations vers tous les pays qui appliqueront le plafonnement du prix de son pétrole, fixé début décembre à 60 dollars le baril par l'Union européenne, le G7 et l'Australie. «La livraison de pétrole et de produits pétroliers russes à des personnes morales étrangères et autres particuliers est interdite» si ceux-ci utilisent le prix plafond, spécifie le décret signé le 27 décembre par le président russe Vladimir Poutine. Le décret précise que cette mesure est prévue pour une durée de cinq mois, «jusqu'au 1er juillet 2023», précise l'arrêté qui souligne que seule «une décision spéciale» de Vladimir Poutine lui-même pourra permettre la livraison de pétrole russe à un ou des pays qui ont mis en place le prix plafond ces dernières semaines. Que cache cette offensive des pays occidentaux, Etats-Unis en tête, contre le pétrole russe? Il y a bien sûr l'objectif avoué de réduire les revenus de la Russes pour tarir son financement du conflit armé qui l'oppose à l'Ukraine et celui plus sournois de faire baisser les prix de l'or noir. Comment ces derniers ont-ils accueilli la réaction russe à la limitation de ses prix. Les cours de l'or noir n'y ont apparemment pas manifesté de gros enthousiasme. Le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, pour livraison en février s'affichait à l'équilibre vers 13h30 autour des 84 dollars tout comme son équivalant américain qui s'échangeait à plus de 79 dollars. Il faut savoir que les prix du pétrole ont évolué en dents de scie en 2022 avec comme particularité d'avoir affiché des pertes significatives. C'est le cas du baril de Brent qui après avoir frôlé les 140 dollars le 7 mars 2022, non loin de son record absolu de juillet 2008 où il avait dépassé les 147 dollars, tourne aujourd'hui autour des 84 dollars. Comment se présente l'année 2023? La parole est aux experts. Le marché pétrolier devrait rester globalement équilibré à court terme, mais la hausse de la demande dans le sillage de la réouverture complète de la Chine, combinée à une faible élasticité de l'offre, pourrait faire grimper les prix au second semestre 2023. Nous prévoyons que le pétrole brut atteindra 115 dollars le baril à la fin de 2023, écrit Jean-Pierre Durante, économiste chez Pictet & Cie sur le site d'Allnews, première plateforme financière digitale suisse en langue française. Natasha Kaneva, du Global Commodities Research chez JPMorgan, table sur un baril de Brent à 90 dollars. «?Notre prévision repose sur l'idée que l'alliance Opep+ fera le gros du travail pour maintenir les marchés en équilibre l'année prochaine. Nous prévoyons qu'en 2023 l'offre augmentera à un rythme supérieur de 30% à celui de la demande, alors que la production russe se normalisera et qu'une combinaison de projets conventionnels (Brésil, Norvège, Guyane) et non conventionnels (Etats-Unis, Canada, Argentine) fournira 1,6 mbj supplémentaire.?» a-t-elle précisé. Constituée des 13 membres de l'Organisation des pays producteurs de pétrole et de leurs dix partenaires dont la Russie, l'Opep+ régule le marché depuis quelques années, en procédant à des coupes dont celle historique de près de 10 millions de barils par jour décidée le 9 avril 2020 qui a permis aux cours de l'or noir de rebondir de manière significative. Il faut rappeler que les «27» avaient reconduit, le 4 décembre dernier, la réduction de leur production de 2 millions de barils par jour décidée le 5 octobre 2022. La prochaine réunion de l'Opep+ doit se tenir le 2 février 2023...