Fin du suspense. L'Opep+ a maintenu sa baisse de 2 millions de barils par jour. Plus qu'une simple décision économique, Cet acte a un prolongement politique majeur. Il signifie que les 23 pays producteurs de pétrole ne reconnaissent plus aux Etats-Unis, le statut de gendarme du monde. Le président américain qui a pointé du doigt Mohamed Ben Salmane semble impuissant devant la détermination de l'ensemble des pays détenteurs de la seule richesse qui vaille, en ces temps de grand chamboulement géopolitique. L'Occident qui veut provoquer la baisse des prix du pétrole en agissant sur l'Arabie saoudite et la Russie a perdu une importante bataille. Et pour cause, les 13 pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole à leur tête leur chef de file, l'Arabie saoudite, et leurs 10 alliés hors cartel, emmenés par la Russie, ont reconduit, hier, la réduction de leur production décidée le 5 octobre. Les «23» maintiennent le cap. La décision a été prise après une réunion éclair qui s'est tenue par visioconférence. L'Arabie saoudite avait, de toutes les façons, annoncé la couleur. «La réduction actuelle de deux millions de barils par jour, par l'Opep+, reste en vigueur jusqu'à fin 2023. S'il est nécessaire de prendre des mesures, comme réduire la production afin d'équilibrer l'offre et la demande, nous sommes toujours prêts à intervenir», avait prévenu le ministre saoudien de l'Energie, le prince Abdel Aziz ben Salmane. C'est cette option qui a été retenue le 4 décembre, à l'occasion de la tenue de la réunion mensuelle de l'Opep+, pour donner plus de vigueur aux cours de l'or noir, et contrecarrer les attaques (fake news, sanctions occidentales...) qui les ciblent pour les faire plonger. Ceux qui doutaient de la solidité de ce bloc, l'Opep+, de sa cohésion doivent être définitivement édifiés. Ce remarquable édifice que les pays producteurs (Opep et hors Opep) ont mis des années à construire: une alliance de 23 pays. Constituée des 13 membres de l'Organisation des pays producteurs de pétrole et de leurs dix partenaires dont la Russie, elle régule le marché depuis quelques années, en procédant à des coupes dont celle historique de près de 10 millions de barils par jour décidée le 9 avril 2020 qui a permis aux cours de l'or noir de rebondir de manière significative avant que le baril de Brent, référence du pétrole algérien, ne frôle les 140 dollars le 7 mars 2022, non loin du record absolu de juillet 2008 où le pétrole a dépassé les 147 dollars pour osciller autour des 85 dollars, aujourd'hui. Soit une perte de quelque 55 dollars en l'espace de 9 mois. Face à cette détérioration notoire et inquiétante, la seule arme dont dispose pour donner un coup de fouet aux prix du pétrole l'Opep+ est incontestablement celle de serrer ses vannes pour juguler une demande qui s'annonce moins vigoureuse que prévue en cette fin d'année et pour l'an prochain. C'est ce que pronostique l'Opep. «La prévision de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2022 est révisée à la baisse de 0,1 million de barils/jour (mb/j) pour s'établir désormais à 2,5 mb/j», a indiqué l'Organisation des pays exportateurs de pétrole dans son rapport mensuel du mois de novembre dernier. Pour 2023, le Cartel table désormais sur une croissance de la demande à 2,2 mb/j. Soit une baisse de 0,1 mb/j par rapport à son estimation du mois d'octobre. Il faut par ailleurs souligner que la décision de l'Opep+ a été prise la veille de l'entrée en vigueur du boycott de pétrole russe par les pays de l'Union européenne. Cet embargo décrété par l'UE va, incontestablement aggraver le contexte de l'offre de pétrole et maintenir le marché en sous-approvisionnement de quelque 1,5 à 2 millions de barils. En outre si pour les Russes cela doit représenter un manque à gagner de quelque 10 milliards de dollars, pour les Européens qui importaient plus de 3 millions de barils de pétrole brut et de produits pétroliers par jour de Russie, il va falloir trouver d'autres fournisseurs. Il sera accompagné par le plafonnement de son prix à 60 dollars. L'Opep se questionne. Quel impact produira-t-il? La Russie prépare déjà la riposte. Elle ne livrera pas de pétrole aux pays qui adopteront cette sanction. Un cran de plus dans la tension entre Moscou et l'Occident...