Il ne fait plus de doute que les USA continueront à s'opposer à un cessez-le-feu tant qu'Israël n'aura pas clairement gagné la guerre. Si un doute subsistait encore quant au parti pris américain, il a été balayé par la déclaration du ministre israélien de la Justice, Haïm Ramon, qui a affirmé jeudi à la radio militaire israélienne, que Rome a donné à Israël le ‘'feu vert'' pour poursuivre ses offensives au Liban en indiquant «Hier à Rome, (mercredi, ndlr) nous avons en fait obtenu l'autorisation pour continuer nos opérations jusqu'à ce que le Hezbollah ne soit plus présent dans le sud du Liban et soit désarmé». Cette déclaration est appuyée par celle du président américain, George W.Bush, qui a dit devant la presse, après une rencontre avec son homologue roumain Traian Basescu, qu'«il est parfaitement clair pour moi que, quoi qu'on fasse diplomatiquement, cela doit s'attaquer à la racine du problème. Et la racine du problème, ce sont les activités terroristes». George W.Bush ramène ainsi l'ensemble de la problématique proche-orientale à une question de ‘'terrorisme'' ce qui est totalement irresponsable de la part du chef de l'administration américaine qui a surtout clairement pris position pour l'un des belligérants: Israël. Le président Bush s'est, certes, déclaré «troublé» jeudi par «l'ampleur des destructions» causées au Liban par la guerre, mais a refusé une «paix trompeuse» qui n'éliminerait pas, selon lui, les vraies causes du conflit indiquant «vouloir» la fin du conflit «le plus vite possible», mais en demandant «une paix durable, pas une paix trompeuse, qui fait que nous nous sentions plus tranquilles, avec la certitude que le problème se posera à nouveau». Le parti pris américain L'explication de M.Bush, qui ramène tous les problèmes de la région au seul terrorisme, occultant totalement l'unique et vraie raison des «troubles» prévalant au Proche-Orient -qui reste l'occupation des territoires arabes par Israël- aurait été considérée comme fantaisiste si elle ne venait pas du premier responsable de la première puissance mondiale. M.Bush a aussi affirmé que «le Moyen-Orient est encombré d'accords qui n'ont pas marché» feignant d'ignorer que tous les accords conclus ces dernières années au Proche-Orient (à l'instar de l'accord d'Oslo signé entre Israël et l'OLP) ont été gelés par l'Etat hébreu qui, par ailleurs, n'a appliqué aucune des résolutions du Conseil de sécurité concernant ce conflit. Mais le parti pris américain ne s'arrête pas au seul soutien diplomatique et s'étend à une aide militaire massive par des livraisons d'armes tous azimuts. De fait, le porte-parole de la Maison-Blanche, Tony Snow, a exclu hier que les Etats-Unis réduisent leurs livraisons d'armes à Israël: affirmant: «Il y a un besoin urgent de mettre fin à la violence. Mais il y a aussi un besoin urgent pour Israël de se défendre. Nous continuerons à respecter les obligations que nous imposent les traités». M.Snow a d'autre part, souligné «comment le président pourrait-il avoir abdiqué son rôle pour la paix alors que les Etats-Unis ont joué le premier rôle en faveur d'une diplomatie unie qui implique les partenaires arabes et européens». Sans les principaux concernés Israël, la Syrie et l'Iran? et Tony Snow d'ajouter, «(le président) n'a pas pris parti pour Israël, il a pris parti contre le terrorisme». Voilà une vérité que Lapalisse n'aurait pas renié. Ce qui met plus en lumière le jeu trouble de Washington qui fait l'amalgame à dessein entre le terrorisme qui est un problème international à part, et l'occupation israélienne des territoires arabes qui est la cause de la guerre d'aujourd'hui, occupation dont les effets et la résistance qu'elles induisent sont systématiquement qualifiés par Israël et les Etats-Unis de «terrorisme». Faut-il relever, d'autre part, l'alignement sans nuance du Premier ministre britannique, Tony Blair, sur les positions américaines par notamment, les facilitations et les autorisations données aux Etats-Unis pour faire transiter les livraisons d'armes à Israël par le territoire britannique. Tony Blair, qui se trouvait hier à Washington, se trouve au plus bas dans les sondages du fait de son suivisme du président Bush, a compliqué son cas en ne prenant pas, semble-t-il, l'avis de ses collègues du gouvernement sur, notamment, l'autorisation de transit des avions américains chargés d'armes pour Israël. De fait, la chef de la diplomatie britannique, Margaret Beckett, n'avait pas caché, mercredi, son courroux en apprenant par la presse que deux appareils américains chargés d'armes avaient déjà fait escale dans un aéroport écossais, à Glasgow. Mme Beckett avait déclaré qu'elle allait vérifier ces informations et qu'elle «adresserait» à Washington une «protestation officielle» si les faits étaient confirmés. La ministre britannique des Affaires étrangères va ainsi à contre -courant des positions du locataire du 19 Downing Street, par trop inféodé au président américain selon l'opinion publique britannique. L'alignement de Tony Blair Il est patent qu'en livrant des armes de dernière génération -à l'instar des bombes à guidage laser- à une armée israélienne suréquipée, Washington ne travaille nullement aux conditions de restauration de la paix mais plus à renforcer la suprématie d'Israël sur la région et à la préservation du statu quo de ni guerre ni paix qui perdure depuis de nombreuses décennies avec, cycliquement, des flambées meurtrières à l'instar de ce qui se passe actuellement dans les territoires palestiniens occupés et au Liban.