En s'opposant à la participation du Hamas aux élections et en exigeant de contrôler le futur port, Israël rend sans objet son retrait de Ghaza Après les déclarations du chef de la diplomatie israélienne, Sylvan Shalom, s'opposant à la participation du mouvement Hamas aux élections législatives du 25 janvier prochain, c'est au tour du ministre du Transport, Haïm Ramon, - chargé de négocier les questions économiques avec l'Autorité palestinienne - qui affirmait hier, qu'Israël ne permettra la construction d'un port à Ghaza qu'à la «condition de pouvoir contrôler tout le trafic». Cette nouvelle exigence vient après l'annonce, en début de semaine, de la construction d'un second mur autour de Ghaza, isolant totalement le territoire palestinien. Sylvan Shalom a déclaré mardi à New York, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU: «Nous ne permettrons pas au Hamas de prendre part aux élections» prévenant: «De notre point de vue, il n'y aura ni assistance ni aide (à l'Autorité palestinienne) si le Hamas, qui appelle à la destruction de l'Etat d'Israël et refuse de reconnaître l'Etat d'Israël, participe aux élections». Israël a déjà voulu par le passé imposer des dirigeants aux Palestiniens (cf. l'exil forcé du défunt président Arafat dans son quartier de la Mouqataâ à Ramallah). Lui emboîtant le pas, son collègue des Transports (ministre travailliste), Haïm Ramon affirme: «Nous ne permettrons pas que ce port soit une porte ouverte à n'importe quoi. Nous voulons contrôler ce qui entre et ce qui sort.» Il a à son tour averti: «Si nous ne parvenons pas à nous mettre d'accord sur des arrangements de sécurité, ce port ne sera pas construit». On remarquera que MM.Shalom et Ramon usent du même terme «Nous ne permettrons pas», jusqu'à se demander ce qui pourrait bien être permis aux Palestiniens par Israël. Faisant, sans doute à son corps défendant, de l'humour noir, le vice-Premier ministre, le travailliste Shimon Peres, affirmait pour sa part, dans une déclaration à la radio publique, qu'Israël a «transféré tous les pouvoirs pour ce qui est des affaires civiles et économiques, mais la bande de Ghaza n'est pas un pays souverain, il faut contrôler ce qui rentre et ce qui sort». Selon lui, «Israël ne veut toutefois pas que la bande de Ghaza devienne une immense prison». Heureusement qu'Israël, qui contrôle l'espace aérien et maritime de Ghaza et projette de construire un second mur autour des frontières terrestres de ce territoire, ne veut pas transformer Ghaza en colossale prison. Qu'est-ce que cela aurait été si cela avait été le cas? Une façon bien particulière ‘'d'aider'' les Palestiniens à contrôler la situation et de donner à l'Autorité palestinienne de faire ses preuves, quand Israël, en compensation d'un retrait qui s'avère de plus en plus une vaste supercherie, vise à étouffer les Palestiniens ne leur permettant pas le moindre geste hors de son contraignant contrôle. A l'issue de la réunion tenue mardi en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, le quartette sur le Proche-Orient, (ONU, USA, UE et Russie), tout en se félicitant du retrait d'Israël de Ghaza, demande encore plus d'efforts de la part d'Israël et des Palestiniens, pour parvenir à un accord global, indiquant que «les contacts entre les parties devraient être intensifiés à tous les niveaux» et d'ajouter dans un communiqué commun diffusé à New York: «Le quartette réaffirme que tout accord final doit être obtenu par la négociation entre les parties et qu'un nouvel Etat palestinien doit être réellement viable, avec une continuité territoriale en Cisjordanie et une connexion avec la bande de Ghaza». Considérant les projets d'Israël en Cisjordanie comme un obstacle au processus de paix, le quartette a appelé l'Etat hébreu, au cours d'une conférence de presse commune, à abandonner ses projets d'expansion des colonies juives en Cisjordanie et les Palestiniens à intensifier leurs efforts pour faire cesser le terrorisme. Ainsi, le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan a affirmé: «Nous n'oublions pas ce qui se passe en Cisjordanie», faisant clairement allusion, outre au projet d'agrandissement des colonies, à la poursuite de la construction par Israël du «mur» en Cisjordanie alors qu'il a été jugé comme illégal par la Cour internationale de justice de La Haye (CIJ). M Annan a souligné en effet que «pour ce quartette, c'est Ghaza d'abord et la prochaine étape sera la Cisjordanie. C'est Ghaza d'abord et non pas Ghaza tout court», a-t-il insisté. Il faut cependant relever que seul le secrétaire général de l'ONU a rappelé fermement que Ghaza n'est, et ne saurait être, qu'une première étape qui doit être suivie d'autres (retrait de Cisjordanie et de Jérusalem-Est, ce que ne dit pas textuellement M.Annan, mais qui apparaît en filigrane) pour permettre l'érection d'un Etat palestinien «viable». L'Autorité palestinienne très satisfaite de ces déclarations, a salué l'appel du quartette à la création d'un Etat palestinien et s'est dit disponible à engager des négociations avec Israël, a affirmé hier son porte-parole, Nabil Abou Roudeina, qui indiquait, «nous saluons la déclaration du quartette sur l'Etat palestinien viable. Il faut que cela soit traduit immédiatement sur le terrain afin de préserver l'élan créé par le retrait israélien de la bande de Ghaza». M Abou Roudeina a ajouté que l'Autorité palestinienne «est entièrement prête à engager des négociations sur le statut final (des territoires palestiniens) et à commencer l'application de la Feuille de route», le plan de paix international.