S'il y a une unanimité qui se dégage depuis mercredi, c'est bien le fait que la Conférence de Rome sur le Proche-Orient a donné un véritable feu vert à Israël pour poursuivre son agression contre le Liban. Et aussi le fait que l'ONU n'est plus capable de quoi que ce soit, sinon qu'elle sert des intérêts bien précis. Elle n'a même pas pu défendre ses soldats tués par Israël mardi, une simple déclaration aurait suffi pour rappeler que ceux qui sont morts se trouvaient au Liban pour défendre la doctrine de l'ONU, c'est-à-dire la paix. Mais l'organisation internationale est-elle par elle-même capable de quoi que ce soit ? Absolument non, car elle dépend de la seule volonté de ses membres, mais cette fois, il y avait comme un refus de sauver les apparences, et il est temps de dire les choses comme elles sont, et surtout mettre fin à une certaine cacophonie. En ce sens, les Américains auront toujours le mérite de la clarté. Ils disent ce qu'ils font, mais cette fois, la secrétaire d'Etat Condoleezza Rice a réfuté que Washington se soit retrouvé isolé pour rejeter la proposition d'un cessez-le-feu immédiat au Liban lors de la conférence internationale de mercredi à Rome sur la crise au Proche-Orient. « Oui, de nombreux pays ont appelé à un cessez-le-feu immédiat. Mais il y en a eu plusieurs qui ne l'ont pas fait », a dit Mme Rice. « Tous les pays n'ont pas appelé à un cessez-le-feu immédiat », a-t-elle insisté. La conférence de crise sur le Proche-Orient, qui a réuni 15 pays mercredi à Rome, n'a pas réussi à lancer un appel pour un cessez-le-feu immédiat, les Etats-Unis insistant pour qu'on parvienne d'abord à une solution durable de la crise. Mme Rice a déclaré jeudi que si on ne parvenait pas à un cessez-le-feu durable, cela ne ferait que provoquer des bains de sang à l'avenir. « Oui, nous voulons qu'un cessez-le-feu s'instaure de toute urgence dans cette région. Créons cette fois-ci les conditions qui mettront fin à la violence », a déclaré Mme Rice. La secrétaire d'Etat a par ailleurs estimé que la Conférence de Rome n'avait pas été un échec. « Elle a été un succès parce qu'elle a identifié les éléments qui pourront éventuellement constituer un cessez-le-feu durable », a-t-elle dit. Déclarations ambiguës Selon Mme Rice, les participants à la Conférence de Rome se sont aussi mis d'accord sur la nécessité d'envoyer au Liban une force multinationale mandatée par l'ONU. « Les Nations unies vont organiser à la fin de cette semaine ou la semaine prochaine une réunion consacrée à cette question », a-t-elle dit. Si la diplomatie consiste aussi à ne jamais dévoiler toutes ses cartes, certains pays auront réussi ce pari. On ne compte plus les déclarations jugées ambiguës mais tout aussi dangereuses comme celles qui consistent encore et toujours à isoler la plus haute autorité libanaise, à poser des conditions pour un cessez-le-feu. Et d'ailleurs avait-on relevé la semaine dernière au sein même du Conseil de sécurité, la majorité des membres n'a pas pris ou voulu prendre une initiative qui aurait amené à une réelle décantation, donnant l'impression de s'abriter derrière le refus américain. Mais les observateurs ainsi qu'Israël étaient catégoriques dans leurs commentaires de la réunion de Rome. Ce n'était pas seulement un échec, mais un feu vert à Israël pour poursuivre son agression. Israël a obtenu, lors de la Conférence de Rome, « l'autorisation pour continuer » ses opérations au Liban, a affirmé jeudi le ministre israélien de la Justice, Haïm Ramon. « Hier à Rome, nous avons en fait obtenu l'autorisation pour continuer nos opérations jusqu'à ce que le Hezbollah ne soit plus présent dans le Sud du Liban et soit désarmé », a-t-il dit à la radio militaire. Mais il a fallu du temps, plus de vingt-quatre heures pour que Washington cherche à démontrer le contraire. L'idée selon laquelle la Conférence de Rome a donné un feu vert aux opérations israéliennes au Liban est « scandaleuse », a jugé hier à Kuala Lumpur le porte-parole du Département d'Etat américain Adam Ereli. Avant cette réaction américaine, le ministre finlandais des Affaires étrangères Erkki Tuomioja, dont le pays exerce la présidence de l'UE, a récusé jeudi les déclarations du ministre israélien. « C'est leur interprétation, et elle est erronée », a-t-il déclaré depuis Israël. On a trop tendance que dans le cas du Liban, c'est un pays en voie de destruction, et qui subit une sauvagerie sans égale comme en témoignent de très nombreuses ONG ainsi que l'ONU qui compte elle aussi ses morts. Et en ce sens, les Israéliens ne se trompent pas en se livrant à de tels commentaires, car il était attendu de Rome que l'on a voulu malheureusement substituer à l'ONU, qu'elle appelle à un cessez-le-feu immédiat, voire qu'elle l'impose, surtout au regard des amitiés déclarées envers ce pays.