La reprise de l'économie chinoise, qui doit s'accompagner d'une robuste demande de l'or noir, couplée à des tensions sur le marché des produits raffinés, ont servi d'étincelle aux prix du pétrole qui ont significativement rebondi après avoir connu leur pire début de décennie en plus de 30 ans, chutant de plus de 9% au cours des deux premiers jours de négociation, les 3 et 4 janvier 2023. Ce qui devrait satisfaire les pays producteurs dont l'essentiel des revenus provient de leurs exportations en hydrocarbures, l'or noir notamment. C'est le cas de l'Algérie dont le baril de pétrole, le Sahara Blend, pointait, lundi, à 89,18 dollars, réalisant un bond de 2,27 dollars par rapport à la séance précédente, selon les dernières cotations fournies par le site spécialisé «Oilprice». Ce qui en fait le brut le plus cher du panier de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) en cette dernière semaine du mois de janvier. Une performance qui le place de surcroît parmi les matières premières les plus chères au monde. Un niveau, qui représente près de 30 dollars de plus que celui qui a servi de calcul à la loi de finances du pays, confectionnée sur la base d'un baril à 60 dollars. Ce qui augure de recettes fabuleuses pour les caisses du Trésor public, cette année. Elles avaient dépassé les 50 milliards de dollars en 2022. Les recettes de la Compagnie nationale des hydrocarbures, avaient déjà fait un bond spectaculaire de 70% en 2021, comparativement à l'année 2020. Sonatrach avait réussi, en 2021, à réaliser des exportations en hydrocarbures d'une valeur dépassant 34,5 milliards contre 20 milliards de dollars l'année précédente marquée par une chute historique des cours de l'or noir. Une année cauchemardesque pour le marché de l'or noir qui a fini par être reboosté par les coupes successives de l'Opep+. Il y a eu d'un côté cette baisse historique de la production de l'Opep et de ses partenaires, dont la Russie, qui ont décidé, le 9 avril 2020, de réduire leur production de près de 10 millions de barils par jour, pour stopper le plongeon des prix, puis le conflit russo-ukrainien qui les a propulsés à des niveaux tout aussi inattendus qu'exceptionnels. Redescendus de leur piédestal; ils ont frôlé les 140 dollars le 7 mars 2021, ils évoluent actuellement à un niveau appréciable. Hier vers 13h45, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord, référence du pétrole algérien, pour livraison en mars se négociait à 88,56 dollars. Soit 0,13 dollar que la séance précédente. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate (WTI), pour livraison en mars également, s'échangeait pour sa part 82,07 dollar pour se bonifier de 45 cents. Une fermeté due en grande partie à la résurrection attendue de l'économie chinoise, consécutive à l'assouplissement des restrictions sanitaires, qui continue d'offrir un soutien de poids à l'or noir. «Tout indique que la demande va grimper», a indiqué l'analyste Stephen Schork. Elle devrait atteindre 101,7 millions de barils par jour, en 2023, soit une hausse de 1,9 million de barils par jour venue pour moitié de la Chine, a estimé l'Agence internationale de l'énergie dans ses prévisions, pour la demande mondiale de pétrole de cette année, publiées le 18 janvier. Les prix du pétrole pourront aussi compter sur la tension que suit le marché des produits raffinés, le diesel en particulier. Les stocks américains de produits distillés, sont inférieurs de 9,5% à ceux de l'an dernier à la même époque et la production est en baisse de 5,9% sur un an. Ce qui rend plus difficile la reconstitution des réserves, fait-on observer. Il faut souligner, par ailleurs, que l'industrie américaine entre dans la saison de maintenance. Une période durant laquelle beaucoup de raffineries restreignent leur activité pour pouvoir vérifier et entretenir les installations. «Avec la pression qu'avait mis la Maison-Blanche sur l'industrie depuis un an en la pressant de produire autant de volumes que possible pour contenir les prix, beaucoup d'opérations de maintenance avaient été repoussées», a rappelé Stephen Schork. La baisse de l'activité des raffineries sera donc plus accentuée. Une aubaine pour les prix du pétrole qui devraient encore grimper.