Les chiffres communiqués sur le marché du travail au Maroc par le Haut commissariat au plan (HCP) donnent le tournis et illustrent de la précarité de l'emploi notamment chez la gente féminine, représentant un taux de 73,1 % des inactifs en 2022. Ainsi, près de trois quarts des personnes en dehors du marché de travail sont des femmes, selon les nouvelles données communiquées par l'organisme marocain sur les principales caractéristiques de la population active occupée en 2022. Il en ressort, selon la même source, que le taux officiel de chômage de cette frange est estimé à 17,2 %, précisant que plus de la moitié (51,1%) des femmes concernées par ce phénomène n'ont aucune formation. Avec un effectif de 11,2 millions personnes, les femmes en dehors du marché de travail représentent 80,2% de la population féminine en âge de travailler (81,7% en milieu urbain et 77,2% en milieu rural), a-t-il fait savoir. Le taux de chômage s'élève aussi à 32,7% parmi les jeunes de 15 à 24 ans et 13,2% pour les personnes âgées de 25 à 44 ans. Ce taux avoisine également 61,4% parmi les jeunes diplômés de niveau supérieur. Au total, ils sont 4,6 millions de jeunes, âgés de 15 à 24 ans, qui sont en dehors du marché du travail, a indiqué l'organisme marocain, ajoutant que les trois quarts des jeunes concernés (77%) sont des élèves ou étudiants et 19,6% sont des femmes au foyer. Selon la même note, plus d'un jeune sur quatre âgé de 15 à 24 ans (1,5 million), qui ne travaille pas, n'est pas à l'école et ne suit aucune formation. La persistance d'un niveau élevé du chômage chez les femmes et des jeunes de manière générale reflète, selon des observateurs, le système « inégalitaire » du Makhzen et sa « défaillance » dans la prise en charge des différentes populations. Ces chiffres confirment, également selon les spécialistes, le peu de moyens consacrés par le régime du Makhzen à la formation et à l'éducation des citoyens marocains, surtout ceux vivant dans les milieux ruraux et pauvres, réduits à une vie rudimentaire sans accès aux services public (école, santé, eau et transports). D'ailleurs, le Maroc arrive au bas du tableau en matière de développement humain. Il est classé 123e sur 191 pays selon l'indice de développement humain (IDH) 2021-2022, publié par le Programme des nations unies pour le développement (PNUD). La gente féminine marocaine, particulièrement celle vivant dans les régions rurales, e st contrainte à l'exode pour pouvoir survivre, a souligné une analyse récente menée par le Centre marocain d'études et de recherche démographique (CERED). Intitulée « Les migrants ruraux au Maroc: une confirmation de la féminisation de l'exode et une sélection des jeunes les plus entreprenants », cette analyse a relevé que les flux migratoires ruraux ont été marqués par une hausse du nombre des femmes migrantes. « La population migrante rurale compte plus de femmes que d'hommes, avec un taux de féminisation qui s'élève à 55,5 % », selon cette étude qui a relevé, en outre, que l'une des raisons de cet exode est le manque d'emploi dans les villages, ainsi que les conditions de vie lamentables et la pauvreté qui range la société rurale marocaine, ne bénéficiant d'aucun égard de la part des autorités gouvernementales.