Le Conseil supérieur de la jeunesse dont les missions sont définies dans le décret de sa création demeure encore, faut-il le souligner, un «objet» de curiosité pour les observateurs de la scène nationale. Ses animateurs sont-ils tenus d'être au contact de la base juvénile du pays? La réponse est certainement «oui». Composé de 348 membres, le CSJ recrute sa composante par voie d'élection. Les élus représentent 232 membres. Donc une majorité. Cela peut conférer un ancrage social du CSJ, à la condition, bien entendu que les élus rendent des comptes à leurs électeurs. Le reste des membres viennent des associations, de la communauté algérienne à l'étranger et des organisations estudiantines. Ce spectre de représentativité qui touche toutes les catégories de jeunes constituent donc le CSJ, appelé à participer à la conception, au suivi et à l'évaluation du Plan national jeunesse. Vaste programme, dont on attend un début de mise en oeuvre. Auquel cas, il serait efficient d'en informer la collectivité nationale pour, justement, l'associer à déterminer des politiques, des stratégies, des programmes et des dispositifs publics y afférents. Sachant que toutes les missions du CSJ ont un but prioritaire celui de favoriser «l'esprit de citoyenneté, le volontariat et l'engagement des jeunes vis-à-vis de la société», comme le souligne le décret de création de ce Conseil. Lequel note parmi les missions le développement de «la culture démocratique». Vaste programme qui semble avoir commencé sur le terrain par des entretiens avec de hautes autorités du pays. la rencontre avec le ministre des Postes et des Télécommunications (Lire l'article de Ali Amzal). Les engagements du ministre témoignent de la force du CSJ qui, rappelons-le est une institution constitutionnelle, placée sous l'autorité du président de la République. La demande en dotation de matériel technologique exprimée par le Conseil supérieur de la jeunesse, suppose un prochain déploiement sur le terrain à travers une stratégie de communication bien huilée à laquelle, il ne manque que le support technologique pour s'étendre auprès de la société. Car, et c'est essentiel de le rappeler, la communication est un aspect vital d'un Conseil comme le CSJ, censé être une aide à la décision pour le chef de l'Etat pour tout ce qui concerne la jeunesse. Mais le besoin doit trouver un canal d'expression. Et ce ne sont pas les 378 jeunes siégeant au Conseil qui peuvent se targuer de représenter parfaitement les jeunes Algériens et leurs aspirations. D'ailleurs, à terme, le CSJ sera jugé à l'aune de son action destinée à encourager «la participation des jeunes à leur implication dans le développement politique, économique et social du pays», comme le souligne le décret de création. Cela ne se réalise pas par le seul truchement d'une dotation en matériel technologique. Et si le président de la République a proposé la constitutionalisation de ce Conseil, c'est précisément parce qu'il entend associer tous les jeunes Algériens à la dynamique politique, économique et culturelle du pays. Le défi du CSJ n'est certainement pas de se contenter de faire de la veille pour le chef de l'Etat, mais aussi et surtout de «contribuer au développement du mouvement associatif de jeunesse, ainsi qu'au renforcement de ses capacités», tel que stipulé dans le décret de sa création. Cela ne peut se réaliser qu'à la condition qu'au sein du Conseil et de ses rapports avec la jeunesse, il faille se hisser à un sens élevé de la pratique démocratique. Rien qu'à ce niveau, la tâche peut paraître titanesque. Mais l'ignorer réduirait le CSJ à une coquille vide, budgétivore et en rupture avec la jeunesse. Pourtant et le président de la République a bien saisi l'enjeu, la jeunesse algérienne a un grand besoin d'un cadre national, protégé par la Constitution et la plus haute autorité du pays. Abdelmadjid Tebboune doit certainement savoir le besoin de la jeunesse algérienne de s'affirmer en tant que composante sociale, mais aussi en tant qu'individus. Pour l'heure, les jeunes en Algérie ne sont plus des enfants et sont en attente d'être des hommes et des femmes. Cette absence de statut social pour le jeune Algérien complique son évolution dans sa société. Le CSJ est censé plancher sur la question et s'interroger sur des phénomènes que l'Algérie partage avec certains autres pays. L'émigration clandestine en est une. Aussi, retient-on dans le texte fondateur du Conseil l'initiation d' «actions de coopération et d'échange des bonnes pratiques avec les organisations et institutions étrangères et internationales ayant des objectifs similaires». Le jeune Algérien doit s'ouvrir sur le monde, connaître sa valeur et créer sa propre place dans sa société.