C'est une affaire vieille de près de huit ans qui est revenu ce jeudi au tribunal de Sidi M'hamed, à Alger. Le dossier opposant l'ancienne ministre de la Culture, Nadia Labidi à la secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, était en effet, jeudi dernier, à l'ordre du jour à la salle n°1 de la juridiction d'Alger. Tôt le matin, les deux parties du procès étaient bel et bien au rendez-vous, entourées qu'elles étaient par leurs avocats respectifs. Le séjour dans la salle d'audience n'aura pas duré longtemps puisque l'affaire a été reportée, à la demande des avocats, au 27 avril prochain. «L'affaire va enfin avoir lieu. Elle va se tenir sept ans après le dépôt de la plainte pour diffamation. Nous attendons que Mme Hanoune présente les preuves dont elle a parlé et qu'elle s'explique par rapport aux propos diffamatoires qu'elle avait proférés. Elle devra donc rendre compte de la campagne diffamatoire qu'elle a menée contre Mme Labidi. Nous attendons avec impatience que justice soit faite», explique à L'Expression l'avocat de Mme Labidi. Maître Adnane Bouchaïb qui rappelle le précédent «Dans le même dossier» à savoir la plainte déposée par sa plaignante contre un autre membre du PT en la personne de M. Djelloul Djoudi qui a été «définitivement condamné par la cour d'Alger pour les mêmes propos diffamatoires», en précisant que M. Djoudi a été condamné au tribunal et que le jugement a été confirmé en appel. Mme Labidi fait valoir son statut de victime qui a fait l'objet d'une diffamation et d'une féroce campagne de calomnies et d'un flot de mensonges et de diffamations. «On dit calomniez calomniez, il en restera toujours quelque chose. Or, je ne veux pas qu'il en reste la moindre chose, le moindre doute sur ma réputation.» Revendique-t-elle sur un ton serein et posé. Elle ajoute par ailleurs: «J'ai déposé plainte en tant que membre du gouvernement, et je l'ai fait en toute conscience, parce qu'il s'agissait de ma réputation, de mon honneur et non de mon poste. Reconnaissant qu'elle avait déposé plainte en tant que membre du gouvernement, à l'époque, elle souligne néanmoins, que sa démarche obéissait et obéit au principe de moralisation de la vie publique. «Je considère qu'il faut moraliser tout aussi bien la vie politique que celle de n'importe quel citoyen. L'outrage qui peut être fait à une personne en touchant à son honneur mérite réparation», soutient-elle, en enchaînant: «L'on ne peut banaliser la diffamation qui reste un délit. Me concernant il était important de le faire car cette campagne avait été menée auprès de l'opinion publique, à la télévision, dans des conférences, dans des meetings, partout...Mon nom a été piétiné, l'on a touché à mon honneur ainsi qu'à celui de ma famille qui a énormément pâti de la violente diffamation», cette dernière est un délit qui doit être jugé, maintien Mme Labidi qui soutient que sa démarche bien qu'elle soit personnelle, concerne également le bien du pays. «L'on ne peut accepter que des gens puissent semer le mensonge, la calomnie, la diffamation et porter atteinte à la réputation d'autrui et ensuite retourner tranquillement chez eux et se réclamer du statut de député», conclut-elle, en estimant que tout député doit utiliser les canaux réglementaires que la loi lui autorise pour pouvoir mener son travail et non pas diffamer sauvagement les personnes. Présente jeudi dernier au tribunal de Sidi M'hamed, Mme Louisa Hanoune note pour sa part, le report, à la demande de la plaignante et déclare: «Pour ma part je suis venue, et même si le procès avait été ouvert, je suis prête, il n'y a aucun problème! Mais il a été reporté, ce n'est pas un problème non plus!» Revenant sur l'historique du dossier, Mme Hanoune enchaîne: «Comme tout le monde le sait, tout ministre est appelé à subir le contrôle des députés. Quant à moi j'ai soulevé la question du conflit d'intérêt, des problèmes de gestion comme je l'avais déjà soulevé pour une série de ministres, dont la majorité est en prison et le reste en fuite. En fait, j'assumais mes responsabilités, j'exerçais mon devoir de contrôle sur la gestion des deniers et des marchés publics. Ce droit de regard concernait autant le ministère de la Culture que d'autres départements ministériels.» Elle conclut: «Le dossier a été réouvert. La justice suivra son cours, je l'espère. Le dossier comprend toutes les pièces justificatives par rapport à toutes les déclarations qui ont été faites par moi même ou par mon groupe parlementaire. Tout est consigné au sein de l'Assemblée.»