Le sommet de l'Etat du royaume, premier producteur et exportateur mondial de cannabis, est gangrené par le trafic de drogue. L'acquittement du narco-trafiquant qui a commis un meurtre en France en 2017 confirme ce constat. La justice marocaine est bel et bien corrompue. L'affaire a fait grand bruit. Les médias français et internationaux ont en fait leurs choux gras. De quoi s'agit-il? Un tribunal marocain a acquitté mercredi (12 avril 2023 Ndlr) Reda Abakrim, un baron présumé de drogue, d'un meurtre commis en France en 2007, peut-on lire sur le site du quotidien français le Parisien. La chambre criminelle d'un tribunal de Casablanca «l'a acquitté, il sera donc libéré», a indiqué l'avocat de la partie civile Mohamed Aghanaj. Reda Abakrim, alias «Turbo», occupait la première place d'une liste de 25 gros trafiquants de drogue parmi les plus recherchés de France. Il avait été arrêté le 22 décembre 2020 à l'aéroport de Casablanca. Il a échappé de justesse aux enquêteurs de l'Office français de lutte contre les trafics de stupéfiante (Ofast) qui étaient à ses trousses à Dubai. Il occupait la première place d'une liste de 25 gros trafiquants de drogue parmi les plus recherchés de France. Il était en fuite depuis 2007, date de l'assassinat dans une cité de Poissy (Yvelines, région parisienne) de Brahim Hajaji. Il a été condamné, par contumace, en juin 2020, à 21 ans de réclusion criminelle par la cour d'assises de Versailles, près de Paris. Poursuivi au Maroc, dans la même affaire pour «participation à un enlèvement, séquestration et homicide volontaire», il vient donc d'être lavé de tout soupçon par la justice marocaine. Est-ce son statut de gros bonnet de la drogue qui lui a permis de bénéficier de cette impunité? Ou est-ce sa participation à ce créneau juteux qui rapporte entre 4,3 et 6,3 milliards de dollars à l'économie marocaine? Probablement les deux. Avec 135 000 hectares de culture de cannabis produisant chaque année plus de 3 000 tonnes de haschisch, le Maroc est de très loin le premier producteur/exportateur mondial de cette substance. Non seulement 90% du haschisch consommé en Espagne et en France provient de la région du Rif, mais les trafiquants utilisent leurs réseaux pour acheminer en Europe des drogues dures comme la cocaïne et y blanchir leurs profits. Ces derniers représentent la plus importante source de devises dans l'économie marocaine et sont à l'origine de réseaux de corruption et de clientélisme allant du choix, par la population, de trafiquants comme autorités villageoises dans le Rif jusqu'aux plus hauts niveaux des autorités de l'Etat. Selon Interpol, la somme des saisies, en 1999, au Maroc (55 tonnes), en France (64 tonnes) et en Espagne (431 tonnes) représentaient 550 tonnes, alors que toutes les saisies dans le monde en provenance du Pakistan et de l'Afghanistan, autres grands pays producteurs, n'atteignaient que 82 tonnes. Des chiffres qui ont explosé aujourd'hui. Cette juteuse activité, qui avait pour objectif d'acheter la paix sociale dans le Rif, région traditionnellement frondeuse, opposée au trône alaouite et principale productrice de haschisch, montre que derrière ce «trafic», se cachent des bandes criminelles organisées. Ces dernières sont à l'origine de réseaux de corruption et de clientélisme qui ont gangrené jusqu'aux plus hauts niveaux des autorités de l'Etat. Gendarmes militaires, hommes politiques... ont été et sont encore impliqués. Le PJD, ex-parti au pouvoir de l'ex-chef du gouvernement marocain, Abdelilah Benkirane, qui a fait de la moralisation de la vie publique son cheval de bataille a été éclaboussé. Le tribunal de Casablanca avait condamné un cadre local du Parti de la justice et du développement (PJD), le parti islamiste au pouvoir au Maroc, à 6 ans de prison ferme pour sa participation à un réseau international de trafic de drogue, avait rapporté en 2013 la presse Marocaine. Au mois de janvier 2009, 96 personnes, bon nombre d'entre elles appartenant aux Forces armées royales marocaines, ont été mises en examen, suite au démantèlement d'un important réseau de trafic de drogue entre le Maroc, la Belgique et les Pays-Bas via l'Espagne. 26 civils, 29 éléments de la marine royale, 17 gendarmes, 23 éléments des forces auxiliaires et un soldat, figuraient parmi les prévenus. Un commandant, neuf gradés et un gendarme, se sont retrouvés au milieu de réseaux de narcotrafic et de filières de migration clandestine au mois d'avril 2012...La liste est longue. Le fléau représente une menace pour la santé des populations mondiales. «Il ne fait aucun doute que les marchés des drogues illicites sont l'une des principales menaces pour la sécurité de l'UE», avait averti le rapport de 2016 sur les marchés des drogues dans l'Union européenne. La sonnette d'alarme a été tirée. Le Maroc fait la sourde oreille et poursuit son «business mortel» au vu et au su d'une la communauté internationale complaisante. No Comment.