L'Algérie célèbre, aujourd'hui, 3 mai 2023, la Journée internationale de la liberté de la presse. Le rendez-vous intervient cette année alors qu'une réforme est engagée à travers un nouvel encadrement juridique. La nouvelle loi organique sur l'information a été approuvée à l'APN alors qu'un de ses articles fait l'objet de réserves de la part des sénateurs. Dans le fond, le texte vise à consacrer et garantir le respect des règles de déontologie et d'éthique professionnelle. Il est question, comme le rappelle le premier magistrat du pays, d'allier la liberté d'informer et le devoir de responsabilité professionnelle. C'est une exigence maintes fois mise en avant par le président Tebboune. Ce dernier a d'ailleurs retoqué le texte à plusieurs reprises. Et il a fallu que le projet de loi transite plus d'une fois à la réunion du Conseil des ministres pour qu'il en soit validé. C'est un signe de l'importance qu'accorde le Président à ce texte. Et à travers lui au secteur de l'information. Dans ses discours et interventions, le chef de l'Etat a fait de la liberté de la presse un «principe immuable», tout en rappelant que ce principe est consacré dans la Constitution de 2020. Déficit d'organisation Sur le plan structurel, la loi prévoit pour la presse écrite et électronique, l'instauration du régime déclaratif qui repose sur l'application simplifiée pour la création de médias (journal ou site), au lieu du régime d'octroi d'agréments et consacre en outre le droit du journaliste à la liberté d'expression et à l'accès et la recherche d'information. Comme il est prévu la création d'une autorité de régulation de la presse écrite et électronique, définie comme une instance publique jouissant d'une autonomie financière et s'acquittant des missions de régulation de l'activité de la presse écrite et électronique. Pour ce qui est de l'audiovisuel, il est prévu l'amendement des statuts de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) de manière à lui conférer un caractère spécifique et élargir ses missions afin d'intégrer la régulation et le contrôle des services de la communication audiovisuelle sur Internet. En ce qui concerne les pratiques relevant de la diffamation, la délation et l'injure, la nouvelle loi recommande la création d'un Conseil supérieur d'éthique professionnelle. Cette instance aura la responsabilité de la régulation, l'intervention et l'élaboration d'une charte permettant l'adoption d'une pratique journalistique responsable et la contribution à la promotion de l'autorégulation. La nouvelle loi fait également obligation aux propriétaires de déclarer la source de leur financement et justifier la possession d'un capital national. Il leur interdit aussi le financement et l'apport financier direct ou indirect provenant de parties étrangères. Ce nouvel encadrement est une nécessité, a affirmé le ministre du secteur. Pour ce dernier, le paysage médiatique se développe alors qu'une organisation idoine faisait défaut. «Grâce à ces lois, la profession sera réglementée», a assuré Bouslimani, lequel a relevé que le texte sera d'un grand apport et pour les journalistes et pour la corporation en général. À l'évidence, les attentes de voir le secteur amorcer une nouvelle ère, celle de la qualité, du professionnalisme et de l'engagement, sont importantes. Pour les voix les plus soucieuses de la situation de la presse, il est question de ne pas laisser le paysage médiatique emporter par médiocratie. Et ceux qui le tirent vers le bas! Pour ces voix, le secteur a besoin d'être organisé et accompagné par les pouvoirs publics pour accomplir sa mission première et amorcer une «véritable mue» à l'heure des grandes transformations technologiques pour tenir son rôle d'acteur actif de la société. Texte novateur Ce texte exprime la volonté des pouvoirs publics de donner à cette refonte un caractère novateur en conformité avec les principes édictés par la Constitution, en harmonie avec les mutations induites par le développement technologique et en accord avec les standards internationaux. C'est par ses mots que le département de la communication a défendu son texte. Avec l'objectif qu'il contribuera à «consolider la liberté» de la presse écrite, audiovisuelle et électronique et à favoriser l'émergence d'une presse «solidement ancrée dans les réalités nationales, consciente des enjeux et respectueuse de l'éthique et de la déontologie». Autrement dit, les grandes attentes de voir la presse nationale retrouver son cercle vertueux seront portées par le nouvel encadrement de la profession. Un objectif que portera, préalablement, la volonté politique des autorités et l'adhésion des professionnels.