À quatre jours seulement du Sommet de la Ligue des Etats arabes prévu vendredi en Arabie saoudite, la préparation de l'évènement s'accélère. Le rendez-vous de Djeddah a été au centre de la communication téléphonique qu'a eue samedi le ministre des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, avec son homologue syrien, Fayçal Mokdad. Cette communication s'inscrit dans le prolongement de l'appel téléphonique, le 8 mai en cours, entre le président de la République, Abdelmadjid Tebboune et son homologue syrien Bachar al-Assad, a indiqué le ministère des Affaires étrangères. Elle a permis aux deux ministres de «poursuivre leurs consultations autour des principaux points inscrits à l'ordre du jour du prochain Sommet de la Ligue des Etats arabes, prévu le 19 mai à Djeddah», a relevé la même source. Le rendez-vous de Jeddah tend ainsi à se distinguer compte tenu d'un fait majeur. C'est le retour de la Syrie dans l'organisation panarabe. Après douze ans, Damas reprendra sa place au sein de la Ligue. Cela semble suffire pour que l'évènement gagne en importance. Mais à bien y regarder, ce sont les résolutions du Sommet d'Alger, tenu le 1er Novembre 2022, qui confère à l'étape saoudienne de la Ligue arabe son importance. Autrement dit, Alger a redonné vie à cette organisation fortement affaiblie par les divergences entre «frères». Ce qui n'a pas manqué d'impacter la cause palestinienne que le Sommet d'Alger a également remis en selle malgré les trahisons des «frères». Au mal fait par ces trahisons à la cause des Palestiniens est venue se greffer la séquence de la normalisation avec l'occupant israélien. Le Maroc peut dans ce registre revendiquer l'oscar de la trahison. Plutôt de sa double trahison. Celle subie à la Palestine en s'acoquinant avec Israël et celle que doivent supporter, malgré eux, des Marocains historiquement défenseurs de la cause palestinienne. Pourtant, la Déclaration d'Alger a balisé la voie en nommant la source du conflit et les exigences de sa solution. Les signataires de la Déclaration d'Alger ont ainsi mis en avant leur attachement à l'Initiative arabe de paix de 2002. Celle-ci énonce, notamment une paix juste et globale en tant qu'option «stratégique» pour mettre fin à l'occupation israélienne de toutes les terres arabes. Y compris le Golan syrien, les fermes de Chebaa et les collines libanaises de Kafr Shuba. Elle énonce surtout la résolution du conflit arabo-israélien sur la base du principe de «la terre contre la paix», du droit international et des résolutions pertinentes de la légalité internationale. Plus de six mois plus tard, les résolutions d'Alger prennent tout leur sens. Et la résistance des Palestiniens a plus que jamais besoin d'être portée par les voix de la diplomatie. C'est ce que ne cesse de clamer l'Algérie. Pas uniquement quand les forces de l'occupation redoublent de férocité. Mais en permanence. Pour ce qui est de la réhabilitation de la Syrie, il va de soi que l'Algérie a farouchement milité pour une telle issue. Si nous devons nous référer à la Déclaration d'Alger, celle-ci évoquait la nécessité de parvenir à une solution politique à la crise syrienne et au traitement de toutes ses retombées politiques, sécuritaires, humanitaires et économiques en vue de garantir l'unité et la souveraineté de la Syrie. En attendant que les dirigeants arabes fassent leur mea-culpa quant au mal qu'ils ont fait subir à la Syrie, il est évident que les aspirations de Damas ne saurait être réduites à un siège dans l'Assemblée de la Ligue arabe. La Syrie a incontestablement besoin d'un vrai plan de reconstruction du pays dévasté par des années de troubles armés. C'est dire que si le Sommet de Djeddah se penchera sur les priorités de l'heure dans le Monde arabe, il doit aussi permettre de séparer le bon grain de l'ivraie.