Salah Goudjil a remis à leur place les députés européens, quelques jours après le vote d'une résolution sur la liberté de la presse en Algérie. Le deuxième personnage de l'Etat a choisi le perchoir de la chambre haute du Parlement qu'il préside, pour répondre aux allégations des eurodéputés. Sur un ton solennel, le président du Conseil de la nation a souligné, hier, lors d'une séance plénière, consacrée à l'adoption de trois projets de loi, qu'«aucun pays au monde ne peut donner de leçons à l'Algérie». Cette nation qui est revenue à la vie à l'issue d'une révolution qui a coûté tant de sacrifices des siens ne saurait se mettre en posture d'élève par rapport à qui que ce soit. L'Algérie est souveraine et indépendante par la force de son seul combat. Elle a édifié son Etat seule et, à ce titre, elle n'a rien à devoir à personne d'autre qu'à son peuple. Et certainement pas «en matière de liberté d'expression, ni en matière de justice», a insisté Goudjil. Sur ces deux aspects, l'Algérie a effectivement connu une évolution notable, grâce à la promulgation de textes justes. Mais il semble que les Européens feignent d'ignorer les décisions courageuses de la nouvelle Algérie. «Toutes les nouvelles lois promulguées jusqu'ici sont en droite ligne avec les 54 engagements du président de la République», a indiqué le président du Conseil de la nation, comme pour signifier aux détracteurs de l'Algérie que le pays ne fonctionne pas au hasard, mais sur la base d'un programme présidentiel validé par le peuple, lequel programme, insiste Goudjil, «vise à sauvegarder l'indépendance des décisions politiques et économiques de l'Algérie». Et c'est certainement à ce niveau que le bât blesse. Les Occidentaux n'aiment pas les pays indépendants qui ne veulent pas rendre des comptes. Le président du Conseil de la nation est catégorique: «Aucun pays ne peut dicter ses ordres à l'Algérie». C'est clair, net et précis. Salah Goudjil ne parle pas seul. Il est rejoint, dans sa conviction d'indépendance, par l'écrasante majorité du peuple algérien lequel a trouvé à son indignation, un écho auprès des parlementaires africains, arabes et dans tout le monde musulman. Le deuxième personnage de l'Etat ne se contente pas de dénoncer le Parlement européen. Il argumente son propos pour démontrer son hypocrisie. «La Constitution algérienne actuelle est différente des précédentes», souligne-t-il, non sans faire remarquer que «ces donneurs de leçons ne veulent pas la prendre en compte». Comprendre qu'ils refusent d'admettre que l'Algérie change, évolue et retient seule les leçons de son Histoire. C'est la preuve que le Parlement européen ne cherche pas à comprendre, mais veut chahuter l'image de l'Algérie dans le monde, pour que celui-ci ne voit pas son vraie visage. Et Goudjil d'assener: «Nous ne nous tairons pas devant le Parlement européen». Le propos est ferme et engage le Conseil de la nation. Le Parlement européen «est allé très loin cette fois-ci dans son ingérence éhontée dans les affaires intérieures de l'Algérie», a affirmé Goudjil. «Ce sont eux (les pays européens) qui ont besoin de l'Algérie, ce n'est pas l'Algérie qui a besoin d'eux», a encore déclaré le deuxième personnage de l'Etat. «L'Algérie n'est pas n'importe quel pays», a-t-il indiqué, avec le ton qui sied à la situation. Et pour cause, une nation de la taille et de l'histoire de l'Algérie ne peut pas être traitée de la sorte. D'ailleurs, les nombreuses réactions internationales à la résolution du Parlement européen l'ont clairement spécifié. L'Algérie est respectée aux quatre coins de la planète. La grande emajorité de la communauté internationale admet naturellement qu'«elle a son mot à dire et son poids au niveau du concert des nations», comme le souligne justement Salah Goudjil. Et d'adresser un message clair aux Européens: «Il faut que ces pays respectent l'Algérie et sa Constitution». Sans commentaire.