L'Algérie vient de remporter une nouvelle manche dans sa quête de confirmer son statut de principal fournisseur énergétique de l'Europe. Le projet de transport de l'hydrogène vert entre les deux rives de la Méditerranée, dont l'Algérie est le promoteur, vient de décrocher l'aval des principaux pays intéressés par cette solution stratégique. Il s'agit du «SoutH2Corridor», un nouveau pipeline qui devra relier l'Afrique du Nord à l'Europe, via l'Italie. Selon le journal espagnol TheObjective, les ministres de l'Eergie d' Italie, d'Autriche et d'Allemagne viennent de cosigner une lettre de soutien politique au développement du gazoduc SoutH2Corridor. L'accord est le fruit d'une bataille rangée initiée par la Première ministre italienne, Giorgia Meloni et son homologue allemand, Olaf Scholz. Une première victoire pour consolider les ambitions européennes de l'Algérie, qui ne manquera pas de récolter de nouveaux dividendes, tant au niveau du Bassin méditerranéen, qu'au niveau continental. Il faut dire que le nouveau pipeline en gestation est deux fois plus important que le projet défendu a priori par l'Espagne et la France et, dans une moindre envergure le Portugal. En effet, le fameux H2Med reliant l'Espagne à la France n'a pas les capacités requises, avec ses volumes qui n'excèdent pas les deux millions de tonnes d'hydrogène vert par an environ, face au projet Afrique du Nord-Italie-Allemagne-Autriche. S'étendant sur une distance de 3 300 kilomètres, le «SoutH2Corridor» sera dédié au transport de l'hydrogène de l'Algérie vers les trois pays, «à condition qu'il soit prêt d'ici 2030, avec une capacité de production de 4 millions de tonnes par an, soit l'équivalent de 133,2 TWh/an», note-t-on encore. Soit, deux fois la capacité du gazoduc franco-espagnol. Indéniablement, le réseau italo-allemand de transport conditionné d'hydrogène vert, constituera le réseau énergétique européen par excellence. Il convient de souligner que ce pipeline est un projet de coopération que l'Algérie avait cautionné, voire même encouragé depuis quelque temps, en perspective d'une exportation de volumes importants d'hydrogène vert, mais aussi de gaz naturel vers l'Europe. À l'étude depuis plusieurs mois déjà et au centre de grandes tractations, le «SoutH2Corridior» a également bénéficié de l'appui inconditionnel des gestionnaires de ce réseau de transport de s territoires concernés, à savoir l'italien Snam, les autrichiens TAG et GCA et les allemands Bayernets, note le journal espagnol. On croit savoir, sur un autre plan, que les promoteurs du projet «espèrent recevoir le statut de projet d'intérêt commun», dans l'espoir de décrocher des financements européens et autres. TheObjective admet ouvertement que l'Allemagne d'Olaf Scholz «parie gros sur l'Algérie», note le rédacteur de l'article qui revient sur les accords et le protocole d'accord passé entre les deux pays à fin 2022, visant la mise en place d'une usine d'hydrogène vert en Algérie, première du genre à l'échelle de l'Afrique du Nord. L'accord signé entre la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach et la compagnie gazière allemande VNG AG porte sur une usine d'une capacité de production de 50 mégawatts. Disposant de la même qualification que le pipeline H2Med, le pipeline italo-allemand est qualifié, à juste titre, de «colonne vertébrale pour soutenir la création d'un marché de l'hydrogène intégré et interconnecté dans l'UE». Selon Piero Ercoli, vice-président de l'unité des projets de décarbonisation de l'entreprise publique Snam, cité par TheObjective, «Cet événement est le résultat de mois de travail acharné et il est à la fois important et satisfaisant de voir un tel engagement et des intérêts alignés. Nous avons un plan de suivi concret pour le projet du Corridor SoutH2 avec lequel nous allons aller de l'avant. Ensemble, nous faisons bouger les choses», a-t-il confié. Au centre de mésententes entre Paris et Madrid, le projet de gazoduc H2Med, ne pourra transporter au-delà de 10% de la consommation européenne d'hydrogène vert, avec un investissement au-delà des 7000 millions d'euros, selon des estimations mitigées. Profitant de l'embrouille avec l'Espagne, l'Italie qui a effectué un repositionnement avec l'Algérie et un repositionnement stratégique dans le Bassin méditerranéen, est en passe d'affirmer ses ambitions de Hub européen ou point focal énergétique incontournable pour la commercialisation et l'acheminement des différentes sources d'énergies.