À peine achevée la visite de la troïka européenne, vraisemblablement entraînée par la présidente du Conseil des ministres italien Giorgia Meloni, c'est au tour du secrétaire d'Etat américain Antony Blinken de réagir, hier, en appelant la Tunisie à souscrire aux exigences du FMI et à son plan de réformes pour éviter de «sombrer économiquement». Tandis que l'UE, représentée par la présidente de la Commission, Ursula Von der Leyen, la Première ministre italienne et son homologue néerlandais, s'invitait à Tunis pour proposer une aide financière de 900 millions d'euros dont un versement «immédiat» de 150 millions pour parer au plus pressé, le chef de la diplomatie américaine juge qu' «il est clair que la Tunisie a besoin de plus d'aide si elle veut éviter de plonger dans un gouffre économique». Et de proposer, aux côtés du ministre italien des AE Antonio Tajani, comme solution impérieuse que le gouvernement tunisien présente au plus vite «un plan de réformes révisé au FMI et que le FMI puisse être en mesure d'agir sur ce plan». Lui emboîtant le pas, Tajani a considéré, pour sa part, que «la stabilité de la Tunisie - et la stabilité de la Libye - est cruciale pour la stabilité de la région méditerranéennene». Il est vrai que cet enjeu inquiète au plus haut point l'Italie qui se trouve en première ligne dans cette problématique, avec la crainte d'une déferlante migratoire au cas où la situation en Tunisie viendrait à s'aggraver davantage. Voilà presque deux ans que Tunis mène de difficiles négociations avec le FMI, dans l'espoir d'obtenir un nouveau prêt d'environ deux milliards de dollars, annoncé l'an dernier pour la fin décembre puis reporté sans autre forme de procès et sans la moindre perspective d'une solution à court terme. Entre-temps, le président Kaïs Saïed a rejeté les conditions posées comme préalable par le FMI, à savoir la traditionnelle restructuration ou, si l'on préfère, dislocation de plus de 100 entreprises publiques, «lourdement endettées» et, exigence encore plus dramatique, la levée des subventions étatiques sur certains produits de base dont dépend la grande majorité de la population. Le «partenariat renforcé» promis par la délégation de l'UE emmenée par Giorgia Meloni, très engagée sur ce dossier puisqu'elle a effectué pas moins de trois visites à Tunis en moins d'un mois, constitue une bouffée d'oxygène mais non la solution effective du problème qu'affronte la Tunisie, le montant de 900 millions de dollars ne pouvant représenter qu'un complément du prêt du FMI dont le pays a grandement besoin pour échapper à la faillite.