Les cours de l'or noir qui étaient à la peine depuis lundi ont dû attendre mercredi pour amorcer leur remontée avant de caler jeudi, sapés par la crainte de nouvelles hausses du taux de la Banque centrale américaine (Fed). Quelle a été son impact? Les opérateurs ont d'abord réagi aux statistiques du rapport du cabinet ADP, qui a fait état de 497.000 créations d'emplois en juin, soit plus du double de ce qui était attendu par les économistes (220.000), un sommet depuis février 2022. Ce chiffre «a renforcé les craintes de voir la Réserve fédérale augmenter ses taux, ce qui ralentirait l'économie et la demande de pétrole», a expliqué Phil Flynn, de Price Futures Group. «Cela a instillé de la peur sur le marché du pétrole et les prix ont décroché.» a relevé l'analyste. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a terminé en léger repli de 0,16%, à 76,52 dollars. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI), avec échéance en août, a. lui, grignoté un cent (+0,01%), à 71,80 dollars. Le scénario était, pourtant, différent la veille. Le pétrole a montré des dispositions nettement haussières sous une nouvelle montée au créneau de l'Arabie saoudite résolue à soutenir les prix contre vents et marées. «Nous continuerons nos efforts pour surprendre les marchés(...), nous ferons tout ce qui est nécessaire» afin de stabiliser les prix, a déclaré, mercredi, le ministre saoudien de l'Energie, le prince Abdelaziz ben Salmane à l'ouverture d'un séminaire de l'Opep qui s'est tenu à Vienne, au siège de l'organisation. L'Arabie saoudite avait déjà annoncé lundi dernier qu'elle prolongeait la réduction de sa production de pétrole d'un million de barils par jour, pour soutenir le prix du baril, en baisse. La réduction, qui a pris effet en juillet, se poursuivra en août et peut être prolongée au-delà de cette période, avait indiqué l'agence de presse officielle du royaume, Saudi Press Agency (SPA). La Russie a décidé, de son côté le même jour, de réduire ses exportations de pétrole brut de 500000 barils par jour au mois d'août. La synchronisation de ces annonces était «assez éloquente» et démontrait que les deux principaux acteurs du cartel Opep+ (Organisation des pays exportateurs de pétrole et leurs alliés de l'accord Opep+) étaient alignés, a souligné le ministre saoudien de l'Energie, le prince Abdelaziz ben Salmane. Une action à laquelle s'est associée l'Algérie qui a décidé de procéder à une réduction additionnelle de sa production de 20000 barils par jour durant le mois d'août prochain, afin de soutenir l'équilibre des marchés pétroliers. «Dans le cadre des efforts communs menés par les pays de l'Opep+ et en appui aux réductions supplémentaires annoncées par le Royaume d'Arabie saoudite et la Fédération de Russie afin de soutenir la stabilité et l'équilibre des marchés pétroliers, l'Algérie décide de procéder à une réduction additionnelle de sa production de 20000 b/j entre le 1er et le 31 août 2023», avait annoncé le ministère de l'Energie et des Mines dans un communiqué. Des réductions de l'offre, qui ont incontestablement contribué à faire monter les cours. «Les cours ont grimpé ces derniers temps en réponse à l'extension des coupes de production par l'Arabie saoudite tandis qu'on observe une baisse des exportations russes», a noté Andy Lipow de Lipow Oil Associates. «Cela intervient en même temps qu'une diminution continue des stocks américains de pétrole», a ajouté l'analyste. Les réserves commerciales de brut aux Etats-Unis ont décru de 1,5 million de barils la semaine dernière après les 9,6 millions de barils la semaine d'avant. Ces données «sont extrêmement favorables aux cours», a souligné Phil Flynn, de Price Futures Group. Cela s'est vérifié vendredi. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre a progressé de 1,95 dollar, pour clore la semaine à 78,47 dollars. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI), avec échéance en août, a, lui, bondi de 2,06 dollars, à 73,86 dollars. Les cours iront-ils plus loin? C'est ce que veut, en tous les cas, l'Opep+...