À l'évidence, le sport de haut niveau est une résultante du sport à la base. L'accès au statut de sportif de haut niveau passe indéniablement par la confection d'un barème de critères permettant, dans chaque discipline, de définir le niveau de performance visé. Ce n'est pas à la Commission nationale du sport de haut niveau que revient la tâche de produire des champions. Son rôle à elle consiste avec l'aide des fédérations à gérer le fichier des athlètes d'élite selon les critères de différenciation pré -établis et à veiller à la conformité de leurs performances fluctuantes par rapport à leur statut. Les athlètes de haut niveau sont une composante de la masse de pratiquants et ce quels que soient les résultats que la discipline obtient au niveau international. On peut dire que le sport de haut niveau est l'aboutissement logique du mouvement sportif. Cette forme de représentativité sportive est souvent biaisée par le fait que les Fédérations nationales sollicitent des sportifs d'origine algérienne pour défendre les couleurs nationales à l'échelle internationale, notamment dans des disciplines peu compétitives. Même le football n'échappe pas à cet épiphénomène et les pouvoirs publics n'hésitent pas à investir cher afin de porter haut le prestige national. Ces exceptions ne reflètent guère le niveau et le degré d'ancrage de la pratique sportive dans la société. Des instances secouées par des crises internes La notion de sport de haut niveau est en principe corrélative au développement des pratiques sportives en général conjointement à la multiplication des structures particulières destinées à accueillir les meilleurs athlètes (sections sport et étude, écoles de formation, Ists, ITS et autres centres de perfectionnement pilotés par les fédérations) et qui participent au processus de production et de renouvellement de l'élite en fin de carrière. La liste des sportifs de haut niveau est arrêtée par le ministre au vu des propositions de la Commission nationale du sport de haut niveau qui semble pour l'instant en veilleuse. D'ailleurs, le Sport national vit une situation d'instabilité qui ne contribue nullement à l'émergence d'une élite sportive forte et structurée. Tout comme le C.O.A et la Commission nationale de haut niveau, la plupart des Fédérations sportives nationales sont secouées par des conflits internes ou carrément en état de léthargie; parfois incapables de fournir des statistiques actualisées et fiables. Dans cette optique, nous verrons bien se constituer des partenariats entre le ministère de la Jeunesse et des Sports et d'autres ministères pour libérer les initiatives et surmonter les problèmes rencontrés sur le terrain. Il s'agira d'abord de normaliser et d'harmoniser la fonction «formation» des cadres sportifs afin de définir les profils appelés à encadrer le sport d'élite et les maillons en amont comme les centres d'excellence régionaux. Toujours dans ce sens, remettre sur le tapis le dossier de création de l'Académie des sciences et des métiers du sport suite à la décision n° 5 du 11 février 1995. Un groupe de travail avait commencé à réfléchir à une approche depuis le bas âge jusqu'à la haute performance, mais le projet avorta faute de suivi sérieux. Une formation au rabais Le cafouillage dans le domaine de la formation s'est accentué au fil des ans à telle enseigne que les instituts sportifs relevant du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et intégrés aux universités ouvraient des filières Staps, sans tenir compte des normes pédagogiques les plus élémentaires. Résultats des courses: une formation au rabais privilégiant la quantité à la qualité et une légion de doctorants et magisters. Un maître d'EPS des années 70 formé dans les fameux Creps (Aïn El Turck, Séraidi, Caroubier et Chlef) sortait avec un bagage autrement plus solide. Un jour que j'étais de passage à l'université de l'USTOran, j'ai fortuitement entr'aperçu un groupe d'étudiants en EPS qui assistait dans une classe crasseuse à un cours de biomécanique ânonné en langue nationale par un professeur nonchalamment assis sur sa chaise en bois. Les étudiants prenaient machinalement des notes sans poser de questions. La scène m'a fortement choqué et dire que l'on parle de laboratoires de recherche dans nos instituts sportifs, alors que l'essentiel manque. La biomécanique à défaut de laboratoire spécialisé peut s'enseigner à travers des diapositives ou d'autres supports visuels, à la limite par des démonstrations techniques assurées par un «prof» en tenue sportive. À défaut de se donner les moyens de leur politique, les instituts font la politique de leurs moyens. On ne peut pas en vouloir aux enseignants qui se suffisent du minimum. D'où l'urgence d'une Conférence nationale pour mettre fin au désordre de la formation d'autant que nos universités tardent à apporter leur contribution dans les processus de détection et de perfectionnement de l'élite. On enregistre à l'échelle nationale un fort taux de déperdition de techniciens du sport qui sont, soit au chômage, soit sous-utilisés. Un audit des ressources humaines dans les secteurs sport et jeunesse révèlerait un tas de dysfonctionnements dès lors que le postulat «Adéquation formation-emploi» au sein du ministère de la Jeunesse et des Sports a depuis longtemps disparu des tableaux de bord. Sur un autre volet, celui de la disponibilité des installations sportives, véritable frein à la promotion des activités physiques et sportives, il convient d'actualiser les instruments juridiques encadrant les conditions de mise à disposition négociées avec les communes, qui gèrent, notamment les complexes de proximité devenus des fonds de commerce, les DJS et les clubs des infrastructures sportives au profit des jeunes catégories. Egalement évaluer, pour les rendre plus performants, les dispositifs spécifiques que sont les pôles sportifs, les écoles de formation des jeunes talents sportifs et les sections sport et étude. De même qu'il faudrait prévoir une convention cadre plus riche entre le ministère de la Jeunesse et des Sports et le ministère de l'Education nationale et ouvrir le champ à des conventions avec les fédérations sportives et d'autres espaces de formation. Enfin consentir des financements aux collectivités locales afin d'améliorer les équipements sportifs et les installations au sein des écoles. Conclusion À l'issue de cette analyse non exhaustive, on voit bien que la problématique du sport de performance ne peut faire l'économie d'une réelle prise en charge de l'éducation physique et sportive.. Les ministres des secteurs concernés, Jeunesse et des Sports et Education nationale, sont interpellés par les défenseurs du sport à l'école pour ouvrir un débat sur la stratégie à adopter en vue d'une utilisation optimum du contingent de cadres sportifs affecté dans le cadre de cette rentrée scolaire 2023/2024. Au-delà du fait que dans une société minée par la violence, les maladies et la pauvreté et l'usage abusif par les enfants des réseaux Internet, l'exercice physique et la pratique compétitive apparaissent plus que jamais comme des exutoires indispensables à la préservation de la santé humaine. * Ancien inspecteur -Formateur E.P.S/ Auteur.