Il est considéré comme le maître incontesté de la poésie d'expression amazighe toutes générations confondues. Même les meilleurs poètes venus après lui ne lui contestent pas ce statut. Lui, c'est bien évidemment Slimane Azem qui est né, il y a tout juste 105 ans, en septembre 1918. Slimane Azem nous a quittés en 1983. Une absence physique de 40 ans qui n'a aucunement déteint sur son oeuvre poétique impressionnante par sa richesse thématique et par ses images poétiques dont s'inspirent à nos jours, les poètes et les chanteurs. Slimane Azem est en effet une école dont s'est nourrie la majorité des artistes et des bardes. À l'instar de Si Mohand Ou Mhand, Slimane Azem a marqué les esprits par son verbe extrêmement élaboré. Il est une école pour beaucoup d'artistes Les chanteurs s'en inspirent aussi pour composer leurs chansons ou en reprenant carrément les mélodies célèbres de Slimane Azem à l'instar de «À Moh à Moh», «Daghrib dabarani», «Atas aysebregh», «Saha di lwaqth agheddar», «Ahya babaghayou», «Amek aranili», etc. Slimane Azem a également inspiré les écrivains, les universitaires et essayistes qui lui ont consacré des thèses et des livres. C'est le cas du grand spécialiste de la chanson Mehenna Mahfoufi, Rachid Mokhtari, Hacène Hirèche, Youcef Necib... Ce dernier a, en effet, réalisé une excellente thèse de doctorat sur la vie et l'oeuvre de Slimane Azem dont il a tiré l'un des tout premiers livres consacrés au poète d'Agouni Gueghrane où l'on peut d'ailleurs retrouver la majorité des textes chantés par Slimane Azem en langue amazighe mais aussi traduits en langue française. En effet, Youcef Necib est l'un des plus grands spécialistes de la poésie de Slimane Azem. Son livre a été réédité à plusieurs reprises et il a même fait l'objet d'une réédition en langue arabe. Même s'il est souvent qualifié à tort, comme le poète de l'exil, Slimane Azem a fait de la poésie sur de nombreux autres thèmes dont certains relèvent des questions philosophiques inhérentes au sens de la vie et à ses mystères. Le poète n'a pas cessé dans son oeuvre poétique, de se poser des questions et de faire des constats sur les aspects les plus énigmatiques de l'existence. C'est d'ailleurs pour cela que des chercheurs comme le brillant universitaire Hacène Hirèche n'hésitent pas à qualifier Slimane Azem de penseur et son oeuvre de «pensée». Hacène Hirèche développe ce concept avec beaucoup de savoir-faire dans le livre qu'il lui a consacré, l'ouvrage est intitulé: «Slimane Azem, blessures et résiliences». Le livre de Hacène Hirèche gagnerait à être édité en Algérie où se trouve le public naturel de Slimane Azem car pour l'instant, il n'a été publié qu'en France. Des chansons critiques de la société kabyle La poésie de Slimane Azem est également une critique des plus proches de la réalité, de la société kabyle, de son mode de vie, de ses faces laides, mais aussi de la beauté naturelle de la Kabylie, du mode de vie naturel et simple d'antan, celui des champs, des cueillettes des olives, des fontaines, etc. Slimane Azem, décrit cette ambiance de manière géniale dans ses textes. Des chansons comme «A yaâssas n tala», «Ayafroukh ifireles», «Algérie mon beau pays», entre autres, sont des hymnes à la beauté féérique de la terre natale du poète. Slimane Azem, l'immortel, ne cessera jamais de nous bercer et de nous émerveiller aussi bien par ses textes bien sûr, mais aussi par sa voix et ses mélodies suaves.