La stratégie et les programmes de l'Algérie dans le domaine de l'énergie atomique ne datent pas d'hier. Le processus est, cependant, loin d'être un long fleuve au cours tranquille. Une ambition contrariée comme c'est le cas à chaque fois qu'un pays émergent ou en voie de développement montre son intérêt à accéder à cette technologie de pointe restée longtemps le pré carré des grandes puissances. Elles n'ont pas hésité l'utiliser à des fins militaires. En témoignent les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki (du 6 au 9 août 1945) par les Américains qui auraient fait 250.000 victimes selon l'historien et politologue américain Howard Zinn. Auxquelles il faut ajouter les morts causées ultérieurement par divers types de cancers (334 cancers et 231 leucémies sur la population suivie. La 75ème célébration de ce triste anniversaire a donné l'opportunité de retracer le parcours de l'Algérie en faveur de la non-prolifération des armes nucléaires. Des armes de destruction massive qui, en plus de décimer, de massacrer des populations entières continuent jusqu'à aujourd'hui à faire des dégâts par leur environnement irradié. L'Algérie en connait un rayon à travers une colonisation sauvage et les essais nucléaires français. «Gerboise bleue», nom de code de l'opération qui avait pour but de procéder à l'essai de la première arme nucléaire à Reggane (Sud du pays) représentait une puissance de 70 kilotonnes, l'équivalent de quatre fois celle d'Hiroshima. Dès son accession à l'indépendance, en 1962, elle a adhéré à l'Organisation des Nations unies et fait de la ratification du Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires une des actions majeures de sa diplomatie. Depuis qu'elle en fait partie, en janvier 1995, elle n'a eu de cesse de militer en faveur du désarmement et de la non-prolifération de l'arme nucléaire. Une position qui se justifie aujourd'hui avec son statut reconnu de «pays exportateur net de paix». Son programme nucléaire qui date de 1981, n'a aucune visée militaire bien qu'il ait été entouré de suspicion, par les Américains, notamment. En 1983, l'Armée nationale populaire a signé un accord avec la République populaire de Chine pour la fourniture d'un réacteur nucléaire de 15 mégawatts thermiques, du nom de Es-Salaam, «paix», qui a été construit à la fin des années 1980 sur le site d'Aïn Ouessara. Suite à un article du Washington Post des satellites espions de l'US Air Force survolent le site, ce qui a donné naissance à une controverse sur son éventuelle utilisation militaire. Des soupçons qui ne reposaient sur aucun fondement scientifique, hormis une propagande destinée à compliquer davantage la gestion d'un pays déjà en proie à un terrorisme islamiste (aux effets aussi ravageurs qu'une arme nucléaire), contre lequel elle a mené une lutte implacable pendant plus d'une décennie. L'Algérie a ainsi pu continuer son petit bonhomme de chemin. En 2008, elle a décidé d'acquérir une centrale nucléaire dans le but de produire de l'électricité. Une coopération avec les Etats-Unis, la Russie et la France est envisagée. Sa date de mise en service n'a pas encore été dévoilée. Certaines informations indiquent que l'entrée en fonction d'une centrale nucléaire ne se fera pas avant l'horizon 2030. L'Algérie ne désarme pas et fait entendre plus que jamais sa voix pour le renoncement à l'utilisation du nucléaire à des fins militaires. Son élection samedi dernier à Vienne, en Autriche, à l'unanimité par la 67e conférence générale de l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) en tant que membre au Conseil des gouverneurs de l'agence pour la période 2023-2025, devrait activer la concrétisation de son plan national de développement des applications pacifiques de l'énergie nucléaire. Le délégué permanent de l'Algérie à Vienne, Larbi Latroch a réaffirmé, lors de la participation de la délégation algérienne aux travaux de la 67e session de la conférence générale de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), dont les travaux ont débuté le 25 septembre à Vienne le soutien de l'Algérie aux efforts de l'Agence pour que les pays en développement puissent bénéficier davantage de l'usage pacifique de l'énergie nucléaire, notamment dans les domaines de la santé, de l'agriculture, des ressources hydriques et de l'environnement. Y a-t-il eu un retour d'écoute? Le directeur général de l'Aiea, Rafael Mariano Grossi, avait déjà affirmé de son côté «la pleine disponibilité de l'agence à soutenir les programmes nationaux de développement, et qu'il accordait à l'Algérie un intérêt et une attention particulière», lors de la 66ème session de la Conférence générale de l'Agence internationale de l'énergie atomique Un «feu vert» qui doit être confirmé.