Les prix du pétrole ont connu une hausse exceptionnelle. Le Sahara Blend, référence du pétrole algérien, valait 93,04 dollars, il y a quarante huit-heures, selon la dernière cotation du site spécialisé Oil Price. Soit 3,29 de plus que la veille. Ce qui fait de lui un des pétroles les plus chers au monde. Les contextes géopolitiques sont une étincelle pour les prix du pétrole et lorsqu'ils s'accompagnent de violences particulièrement barbares qui ciblent les populations, comme c'est le cas en ce moment dans la bande de Ghaza où les Palestiniens sont aveuglément bombardés par l'aviation sioniste, ils s'enflamment. C'est ce qui s'est produit également pour les deux autres références du marché mondial de l'or noir. Elles ont pris plus de quatre dollars rien que pour la journée de vendredi. Le baril de Brent de la mer du Nord coté à Londres, pour livraison en décembre, a clos la semaine qui s'est achevée le 13 octobre sur une hausse de 4,89 dollars pour pointer à 90,89 dollars. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate a, pour sa part, progressé de 4,78 dollars pour s'afficher à 87,69 dollars. Les cours du pétrole ont grimpé en flèche, vendredi, aiguillonnés par les craintes d'une extension de la guerre entre Israël et le mouvement de résistance palestinien Hamas, dans la région la plus riche du monde en or noir, fait-on remarquer. «On s'inquiète beaucoup de l'entrée d'Israël dans Ghaza», a indiqué Phil Flynn, de Price Futures Group. L'entité sioniste se prépare à une offensive terrestre pour se venger de l'attaque d'envergure, qui a battu en brèche le mythe de son invincibilité, lancée par le Hamas le 7 octobre et a appelé les habitants du nord de l'enclave à évacuer. Les opérateurs ont aussi réagi aux déclarations du numéro deux de la formation pro-iranienne Hezbollah, qui a évoqué l'ouverture possible d'un nouveau front. «Nous sommes entièrement préparés et nous passerons à l'action au moment propice», a averti cheikh Naïm Qassem. Il a assuré que les messages adressés par plusieurs pays et des envoyés de l'ONU «ne (les affecteraient) pas». Un message que les experts du marché de l'or noir ont du mal à décoder. «On ne sait pas ce que cela veut dire. Est-ce que l'Iran va lancer des attaques depuis d'autres pays, le Liban ou le Yémen?» s'est interrogé Phil Flynn, de Price Futures. Les regards sont braqués sur Téhéran, soupçonnée d'avoir participé à la planification de l'attaque menée de main de maître par le 7 octobre par le Hamas. «Et si l'on découvre que l'Iran a participé à la préparation (de l'attaque du Hamas), cela va entraîner des représailles», affirme Mark Waggoner, d'Excel Futures. Et qui oserait? «Je ne pense pas que les Etats-Unis vont attaquer l'Iran, mais Israël le pourrait», a-t-il estimé. Autant d'options et scénarios qui mettent le baril sur une poudrière. Quels sont les impacts d'une telle tournure? «Le contexte inflammable au Moyen-Orient pourrait facilement conduire à des pénuries d'approvisionnement considérables», explique Tamas Varga, analyste chez PVM Energy. Une situation qui suscite «des inquiétudes quant à la stabilité au Moyen-Orient, en particulier en ce qui concerne l'Iran», explique Ole Hansen, analyste chez Saxobank. À la suite, notamment d'un article du Wall Street Journal publié dimanche, selon lequel Téhéran aurait aidé à planifier l'attaque pendant plusieurs semaines. «Toute mesure de représailles sur les infrastructures iraniennes», ou «la menace de fermer le détroit d'Ormuz, par lequel transitent quotidiennement 17 millions de barils de pétrole par jour», pourraient faire «flamber les prix» a prévenu Tamas Varga, de PVM Energy. Le pétrole qui est incontestablement sur une poudrière reprendra vraisemblablement le chemin vers les 100 dollars.