A quelques jours de la réunion du Comité ministériel des pays membres de l'OPEP, les cours de pétrole affichent des niveaux peu optimistes. Les deux références boursières du baril, le Brent et le WTI, ont perdu durant la semaine écoulée 7%. Les prix du baril sont arrivés à se maintenir au-dessus de la moyenne de 40 dollars pendant les deux mois de juillet et août, après le choc pétrolier du printemps dernier, mais la deuxième semaine de septembre a été révélatrice d'une fragile résistance face à la surabondance de l'offre. Ceci en sus de la faiblesse persistante de la demande ainsi que de l'inquiétude grandissante quant à une nouvelle vague de la crise sanitaire. Le baril de Brent coté à Londres a terminé la semaine avec une baisse de 0,57% pour s'afficher à 39,83 dollars, contre 40,06 dollars jeudi soir. Le WTI pour livraison en octobre est resté presque figé au niveau de 37,30 dollars. «Les prix restent sous pression car le déséquilibre offre-demande devient de plus en plus évident», analyse Richard Hunter de Interactive Investor. «La correction intervenue sur les prix de l'or noir devrait se terminer... Cela va être encore cahoteux, mais septembre devrait jeter les bases d'une remontée en novembre et en décembre», affirme Phil Flynn de Price Futures Group. Le marché a réagi aux dernières données de l'AIE faisant état d'une hausse hebdomadaire des stocks américains, s'élevant à deux millions de barils, alors que les analystes attendaient un repli. Mais le vent de la baisse a également soufflé à partir des pays du Golfe. Après l'abaissement des prix du baril saoudien par la compagnie Aramco, le Koweït a aussi appliqué une baisse du prix de vente de son pétrole pour livraison en octobre. Et la plus grande surprise est venue des Emirats arabes unis qui ont carrément torpillé le pacte de réduction de l'offre pétrolière des pays de l'OPEP et ses alliés. Les EAU, qui sont habituellement un partenaire fidèle des Saoudiens, ont dépassé la limite de production convenue en juillet, bien plus que ce qu'ils ont déclaré. De nouvelles données ont révélé que les EAU ont pompé des quantités bien plus importantes que ce que le marché attendait, ce qui a directement influé sur les prix, les poussant davantage vers une baisse, la plus importante depuis deux mois. «Le signal le plus fort montrant que quelque chose n'allait pas est venu le mois dernier de l'AIE, qui a estimé dans son rapport sur le marché pétrolier que les EAU pompaient 3 millions de barils par jour en juillet», indique Bloomberg. Selon Petro-Logistics SA, qui scrute le mouvement des navires pétroliers, cet Etat du Golfe aurait fourni une quantité encore plus importante en août. Un autre cabinet de recherche, Kpler SAS, a révélé de son côté que les exportations des EAU sont bien plus supérieures aux chiffres officiels de production, alors que les données compilées par Bloomberg estiment à 2,9 millions de barils/jour exportés en août. Ce chiffre est supérieur au niveau de la production annoncé par l'Etat émirati, qui l'estimait à 2,69 millions de barils par jour. Même ce niveau est supérieur de 100 000 barils à celui convenu avec l'OPEP+ pour les EAU. «Lorsque l'un des principaux pays du Golfe ne parvient pas à atteindre son objectif de conformité, cela soulève des questions sur la durabilité de l'ensemble du projet de réduction», déclare le directeur de RS Energy Group, Bill Farren-Price, à Bloomberg, en notant que l'OPEP a fait un travail remarquable pour réaliser les réductions jusqu'à présent, mais elle doit continuer à le faire respecter. Pour rappel, la décision de l'OPEP a fait sortir les cours du gouffre au printemps dernier, où le prix du baril américain tombait en dessous de zéro. «Le marché a commencé à perdre confiance en la reprise, donc les nouvelles baissières sont amplifiées et les nouvelles haussières sont quelque peu rejetées... L'OPEP devra se ressaisir, sinon ce marché restera déprimé», estime Tamas Varga, analyste chez PVM Oil Associates Ltd. La prochaine réunion du Comité de suivi ministériel de l'OPEP, prévue ce 17 septembre, devrait connaître des débats houleux, notamment au sujet de l'indiscipline des EAU. «Compte tenu de l'importance de la relation bilatérale entre Riyad et Abu Dhabi, ainsi que du partenariat étroit entre les deux princes héritiers, nous nous attendons à ce que tout désaccord de production soit traité discrètement à huis clos», prédit Helima Crift, stratège en chef chez RBC et rapporté par Bloomberg.