Une participation record même si la réunion est informelle. C'est l'Algérie qui renoue avec les grands rendez-vous diplomatiques. Les travaux de la XXe session de la réunion des ministres des Affaires étrangères d'Afrique et des pays du Nord de l'Europe qui se tiendra du 16 au 18 octobre prochain rassemblera environ 30 nationalités. Depuis son lancement en 2001, à l'initiative de l'ancienne ministre des Affaires étrangères de la Suède, feu Mme Anna Lindh, la rencontre se tient pour la première fois en Algérie où elle s'annonce bien particulière. En effet, elle n'a jamais connu autant de pays et de ministres des Affaires étrangères participants. Elle verra une participation «historique» avec environ vingt ministres des Affaires étrangères, ainsi que des vice-ministres et des hauts responsables gouvernementaux des deux groupes. Le rendez-vous sera également marqué par la présence de nombreuses personnalités à la tête d'organes importants de l'Union africaine. En plus d'un grand nombre de pays africains représentant diverses régions du continent, les cinq pays nordiques, à savoir la Suède, le Danemark, la Norvège, la Finlande et l'Islande seront présents à Alger. Cette participation record est un témoignage éloquent, non seulement sur l'importance accordée à cet évènement mais aussi au rôle pivot que joue l'Algérie sur le continent africain. Organisée sous le thème «Afrique-Pays du Nord de l'Europe: Renforcement du dialogue sur la base des valeurs communes», cette réunion informelle se veut d'abord comme espace de dialogue et de concertation entre les pays africains et leurs homologues du Nord de l'Europe. Les deux partenaires vont échanger sur de nombreuses questions liées à la paix et à la sécurité, au développement durable, au partenariat économique. S'exprimant sur l'évènement, l'ambassadeur de Norvège à Alger Madame Therese Loken Gheziel a noté qu'il représente pour son pays «un grand évènement diplomatique et politique». Considérés comme des acteurs neutres et de confiance qui n'ont essentiellement aucun agenda privilégiant des intérêts particuliers, les pays nordiques jouissent d'une grande crédibilité envers leur partenaire d'Afrique. Leur engagement qui dure depuis plusieurs décennies s'est articulé autour des intérêts des Africains, des partenariats sur le long terme, ainsi que le renforcement des capacités en Afrique. Aujourd'hui, ils veulent saisir les nuances africaines et comprendre les vrais problèmes pour mieux cibler les actions d'aide et les rendre plus performantes. Les pays nordiques «souhaitent écouter et comprendre le point de vue de l'Afrique et voir ce qu'on peut faire ensemble», a expliqué l'ambassadeur du royaume de Norvège, indiquant qu' «un rapport de recherche sur la coopération des pays nordiques en matière de paix et sécurité en Afrique sera également présenté lors de ce rendez-vous». Coordonnée par l' Institut de politique étrangère norvégien, ce rapport sera une des bases des discussions ministérielles. La rencontre intervient dans un contexte régional et international sensible marqué par une vague de crises et de tensions. Les crises et l'instabilité sécuritaire au Sahel, la guerre en Ukraine et les bombardements aveugles que subit Ghaza depuis une semaine. Les pays nordiques attachent une grande importance à la légalité internationale. Dans leur grande majorité, ce sont des pays qui ont toujours soutenu les causes justes comme la question palestinienne et celle du Sahara occidental. D'où l'importance de l'aide de ces pays, surtout que nous sommes à l'heure des réformes dans les institutions internationales. Les pays nordiques n'hésiteront pas à plaider pour une plus grande représentation du continent africain au niveau du Conseil de sécurité. Le programme de cette session s'articule sur trois axes. Le premier concerne le thème de la paix et de la sécurité, le deuxième porte sur le partenariat économique entre l'Afrique et les pays du Nord de l'Europe, et le troisième se focalisera sur le renforcement de la coopération multipartite entre les deux groupes au sein des organisations internationales, en particulier les Nations unies. La jeunesse n'est pas absente dans cette rencontre puisqu' une séance spéciale sur l'éducation en Afrique sera organisée avec la participation de jeunes Africains et de leurs homologues des pays nordiques. Elle sera animée par Mohamed Belhousin, Commissaire de l'Union africaine chargé de l'éducation, des sciences, de la technologie et de la créativité.