La Chine a accueilli hier les représentants de quelque 130 pays, dont la Russie, pour le forum des Nouvelles routes de la soie, un événement diplomatique majeur de Pékin quelque peu éclipsé par la guerre que poursuit l'entité sioniste contre la population civile de Ghaza. Les Nouvelles routes de la soie, ou initiative «La Ceinture et la Route» selon son appellation officielle, sont un ambitieux projet lancé il y a 10 ans sous l'impulsion du président chinois Xi Jinping. Il vise à améliorer les liaisons commerciales entre l'Asie, l'Europe, l'Afrique et à financer la construction de ports, de voies ferrées, d'aéroports ou de parcs industriels via des milliards de dollars de prêts chinois. Ces infrastructures doivent permettre à la Chine d'accéder à davantage de marchés et ouvrir de nouveaux débouchés à ses entreprises. Le président russe Vladimir Poutine est l'un des invités de ce forum organisé à Pékin mardi et mercredi. En amont de cette visite, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov est arrivé hier à Pékin. Il a été reçu par son homologue chinois Wang Yi, selon une vidéo diffusée par le Kremlin. Dans une interview accordée à la télévision chinoise, Poutine a estimé que les Nouvelles routes de la soie étaient un projet «mutuellement bénéfique» pour la Chine et la Russie.»Le président Poutine a relevé qu'un monde multipolaire est en train de prendre forme et que les concepts et initiatives mis en avant par le président Xi Jinping sont très pertinents et importants», a souligné la chaîne CGTN, diffusée en anglais à l'international. La Chine et la Russie, deux pays voisins, partagent une volonté commune de contrer ce qu'ils dénoncent comme l'hégémonie américaine et se sont rapprochés depuis l'opération spéciale russe en Ukraine. Depuis le déplacement du numéro un chinois au Kremlin en mars dernier et face à l'isolement accru de la Russie, Moscou et Pékin prônent un renforcement de leur coopération économique et militaire dans le cadre d'une amitié officiellement qualifiée de «sans limites». Ces derniers mois, le président russe a renoncé à assister à plusieurs sommets internationaux hors des frontières de son pays, un mandat d'arrêt ayant été tenté contre lui par la Cour pénale internationale (CPI) pour la supposée «déportation» d'enfants ukrainiens. Il a néanmoins effectué jeudi un voyage à l'étranger, en se rendant au Kirghizstan, notamment pour une rencontre avec son homologue kirghiz Sadyr Japarov et prendre part à un sommet regroupant des ex-républiques soviétiques. Sa visite très attendue en Chine est un des rares déplacements depuis le conflit avec les Occidentaux en Ukraine en février 2022, conflit que Pékin a refusé de condamner malgré les pressions des Etats-Unis et de l'UE. Plusieurs chefs d'Etat sont arrivés à Pékin en amont du forum des Nouvelles routes de la soie, selon l'agence officielle Chine nouvelle, dont le Premier ministre hongrois Viktor Orban, le président du Chili Gabriel Boric, celui du Kenya William Ruto et le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed.Ce sommet intervient au moment où l'entité sioniste prétend se préparer à une offensive à Ghaza qui fait craindre un embrasement de toute la région. La diplomatie chinoise, qui a facilité plus tôt cette année le spectaculaire rapprochement entre l'Iran et l'Arabie saoudite, dit régulièrement vouloir apporter sa contribution au processus de paix israélo-palestinien, au point mort depuis 2014. La guerre entre Israël et le Hamas, qui a fait des milliers de morts dans les deux camps, a été déclenchée après une attaque sans précédent lancée le 7 octobre par le Hamas contre le territoire israélien à partir de la bande de Ghaza. La Chine n'a pas nommé spécifiquement le Hamas dans ses condamnations de la violence, suscitant des critiques de la part de certains responsables occidentaux. L'action d'Israël à Ghaza après l'attaque du Hamas va «au-delà du domaine de l'auto-défense» et le gouvernement sioniste d'ultra droite doit cesser «de punir collectivement» les Ghazaouis, a déclaré dimanche le ministre des Affaires étrangères chinois Wang Yi, la Chine ayant haussé le ton contre les actes fascistes de l'Etat hébreu.