L'armée sioniste a poursuivi hier ses bombardements criminels sur la bande de Ghaza assiégée, se disant prête à faire face à «tout scénario» au lendemain d'une frappe près de Beyrouth au cours de laquelle un haut dirigeant et plusieurs autres responsables du mouvement palestinien Hamas ont péri, ce qui ravive les craintes d'une extension du conflit. Bien que n'ayant pas revendiqué l'assassinat à Beyrouth mardi soir de Saleh al-Arouri, 57 ans, numéro deux politique du Hamas, l'entité sioniste est pleinement responsable de la frappe qui constitue une enième atteinte à la souveraineté du Liban. Désormais, « nous sommes hautement préparés pour tout scénario», a déclaré le porte-parole de l'armée sioniste mardi soir, peu après l'onde de choc provoquée au Liban par l'agression dans la banlieue sud de Beyrouth, fief du Hezbollah. L'attaque a partiellement détruit un bâtiment dans lequel se trouvaient le numéro deux de la branche politique du Hamas et au moins six autres de ses cadres tous tombés en martyrs.»Un mouvement dont les leaders et les fondateurs tombent en martyrs pour la dignité de notre peuple et de notre nation ne sera jamais vaincu», a réagi Ismaïl Haniyeh, le chef du Hamas, dénonçant «une violation de la souveraineté du Liban» et une «expansion» de la guerre en cours dans la bande de Ghaza. Le Hezbollah libanais a prévenu dès mardi soir que «l'assassinat de Saleh al-Arouri» était non seulement une «grave agression contre le Liban» mais aussi «un sérieux développement dans la guerre entre l'ennemi et l'axe de la résistance».»Ce crime ne restera pas sans riposte ou impuni», a ajouté le Hezbollah dont le secrétaire général, Hassan Nasrallah, devait prononcer hier soir un discours très attendu. Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a lui accusé l'entité sioniste de «vouloir entraîner le Liban dans une nouvelle phase de confrontation». Depuis le début de l'agression barbare sioniste contre Ghaza le 7 octobre, les tensions se multiplient à la frontière israélo-libanaise, en Syrie et en Irak où des bases américaines sont prises pour cible, et en mer Rouge avec des attaques des rebelles Houthis, à nouveau mardi soir selon l'armée américaine, pour freiner le trafic maritime en «soutien» à Ghaza. Le président français, Emmanuel Macron, a appelé l'entité sioniste à «éviter toute attitude escalatoire notamment au Liban» lors d'un échange téléphonique avec le ministre sioniste Benny Gantz, un faucon membre du cabinet de guerre de Benjamin Netanyahu. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian, a pour sa part qualifié la frappe «d'opération terroriste lâche». L'agression barbare sioniste contre Ghaza dure depuis près de trois mois et elle a coûté la vie à 22.313 personnes, majoritairement des femmes, des adolescents et des enfants, selon un nouveau bilan, diffusé hier. Saleh al-Arouri, chef en exil du Hamas pour la Cisjordanie occupée, est le plus haut responsable du Hamas tué depuis le 7 octobre. Peu après l'annonce de sa mort, de nombreux Palestiniens se sont rassemblés dans les rues de Ramallah, en Cisjordanie occupée.»La nouvelle du martyre de (Saleh al-Arouri) est très difficile pour nous, mais il ne vaut pas plus que ceux qui sont morts en martyrs à Ghaza et sont plus de 20.000», a dit Diya Zaloum, un jeune manifestant. Hier, les villes de Naplouse et Ramallah notamment se sont arrêtées de vivre, répondant à l'appel de l'Autorité palestinienne demandant aux habitants d'observer une grève générale. A Arura, petit village au nord de Ramallah, d'où était originaire Saleh al-Arouri, le drapeau vert du Hamas flottait hier au dessus de la maison familiale. Malgré les demandes de cessez-le-feu de la communauté internationale, l'armée sioniste se prépare à des «combats prolongés», qui devraient durer «tout au long de l'année» selon les dirigeants politiques. Dans la nuit de mardi à mercredi, le chef de l'Organisation mondiale de la santé, Tedros Adhanom Ghebreyesus, a «déploré» des frappes «inadmissibles» sur un hôpital de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, qui ont notamment endommagé des installations locales du Croissant-Rouge palestinien. Hier matin, il a fait état de frappes sur Khan Younès où le ministère de la santé a dénombré de «nombreux» morts. Les 2,4 millions d'habitants de la bande de Ghaza sont confrontés à de graves pénuries de nourriture, d'eau, d'électricité,de carburant et de médicaments. A Jabaliya, dans le nord de Ghaza, Sajda Maarouf témoigne aussi de son enfer après des frappes locales: «les bombes s'abattaient sur nous, des gens étaient taillés en pièces (...), nous sommes épuisés».