L'Afrique du Sud a enclenché sa dynamique du vote anticipé. L'ANC est face à une épreuve politique et électorale qui va lui permettre de montrer son ancrage et sa proximité avec les citoyens et sa base électorale. Plus de 27,6 millions d'électeurs sont inscrits, et 1,6 million s'étaient enregistrés pour voter par anticipation. «Les bureaux sont ouverts jusqu'à hier», affirment les médias locaux. Les mêmes médias ont affirmé que «des agents de la Commission électorale (IEC) se rendent aussi auprès de plus de 600 000 électeurs dans les maisons de retraite, les hôpitaux ou à domicile», souligne-t-on. Ces élections qui se déroulent en Afrique du Sud est vue par la majorité des Sud-Africains comme un véritable salut et sursaut salvateur. Les citoyens de l'Afrique du Sud «veulent croire à un nouveau gouvernement qui luttera contre la criminalité et la pauvreté», ont indiqué les médias locaux. Pour rappel, depuis «l'élection de Nelson Mandela, le parti a remporté tous les scrutins nationaux à une très large majorité, obtenant 57% des voix en 2019. Mais l'ANC risque cette fois de perdre sa majorité au Parlement, oscillant entre 40% et 47% des voix dans les enquêtes d'opinion», selon les statistiques officielles émanant de l'administration centrale du pays. L'opération électorale va se dérouler à travers le choix et la désignation par les électeurs 400 députés, qui «choisiront ensuite le président», selon la loi électorale qui régente l'élection présidentielle en Afrique du Sud. Le chercheur en sciences politiques Ebrahim Fakir a tenté d'expliquer et d'analyser le contexte politique et socio-économique de l'Afrique du Sud à l'aune de ces élections, en déclarant que «la participation tombée de 89% en 1999 à un peu plus de 66% en 2019 sera aussi un facteur clef», et d'ajouter «Si l'ANC passait sous la barre des 50%, le parti serait contraint à nouer des alliances pour se maintenir au pouvoir et conduire des négociations autour de la formation d'un gouvernement de coalition», a-t-il expliqué. La revue Global Public Affairs, spécialisée dans les études stratégiques qui ont trait au continent africain, a consacré tout un dossier pour ces élections en Afrique du Sud, en soulignant que «l'ANC finira par l'emporter en raison de son influence, de sa présence nationale, de son rôle dans l'amélioration des conditions de vie d'une grande partie de la population noire et de son rôle historique dans la fin de l'apartheid. Toutefois, les partis d'opposition établis, notamment le Democratic Alliance (DA), l'Economic Freedom Fighters (EFF) et l'Inkatha Freedom Party (IFP), ainsi que le nouveau parti uMkhonto Wesizwe (MK), chercheront à obtenir suffisamment de voix pour que le score de l'ANC soit inférieur au seuil de 50%. Cela empêcherait le parti d'obtenir la majorité absolue et permettrait à ces partis d'opposition de participer à la formation d'un gouvernement de coalition», précise-t-on. Dans le même registre, la même revue spécialisée en sciences politiques a expliqué que «l'ANC remportera les élections mais perdra probablement son statut de parti hégémonique et pourrait être amené à former un gouvernement de coalition, ce qui pourrait être source d'instabilité politique», et d'ajouter: «Les principaux partis d'opposition sud-africains conserveront probablement une place prépondérante, mais les partis émergents pourraient perturber les tendances de vote. Le système électoral est conçu pour favoriser le système de partis, mais projet de loi d'amendement électoral de 2022 signé par le président Cyril Ramaphosa permet désormais aux candidats indépendants de devenir potentiellement des acteurs politiques influents.» Les politologues et les experts de l'Afrique du Sud affirment qu'«une coalition ANC-DA verrait la mise en oeuvre d'initiatives plus favorables aux entreprises, notamment pour améliorer la production d'électricité et les marchés publics. La restructuration des principales entreprises publiques, notamment Eskom et Transnet et la promotion des petites et moyennes entreprises seraient également poursuivies. Une coalition ANC-EFF pourrait voir l'adoption de politiques soutenues par l'EFF, telles que l'augmentation de l'impôt sur les sociétés, l'augmentation du salaire minimum, l'accélération de l'expropriation des terres et l'augmentation de l'implication de l'Etat dans les composantes stratégiques de l'économie», souligne-t-on.