Des frappes aériennes et des tirs d'artillerie intenses ont visé hier la ville de Rafah, dans le sud de la bande de Ghaza, au lendemain de la présentation par le président américain Joe Biden d'une feuille de route israélienne en vue d'un cessez-le-feu avec le Hamas. Le Premier ministre sioniste, Benjamin Netanyahu, a cependant averti que les «conditions» pour arriver à un «cessez-le-feu permanent» n'avaient pas changé en ce qui concerne le Hamas et la «libération de tous les otages» retenus dans le territoire palestinien. Le Hamas a pour sa part jugé «positive» la feuille de route dévoilée vendredi soir par Joe Biden et qui vise à parvenir, par étapes et sous conditions, à un cessez-le-feu «permanent» presque huit mois après le début de l'agression barbare contre la population civile de Ghaza, le 7 octobre. L'arméeioniste, dont les chars sont entrés ces derniers jours dans le centre de Rafah, a poursuivi hier son offensive dans cette ville frontalière avec l'Egypte, lancée le 7 mai dernier. En 24 heures ses attaques ont fait au moins 95 martyrs à travers le territoire, selon le ministère de la Santé du gouvernement de Ghaza. A Rafah, les attaques se concentrent en particulier dans l'ouest de la ville, dans le quartier de Tal al-Sultan, où des habitants ont signalé des bombardements, des tirs de chars et des mouvements de véhicules militaires.»Toute la nuit, les bombardements aériens et à l'artillerie n'ont pas cessé un instant dans les secteurs de l'ouest de Rafah», a témoigné un habitant de la ville. Il a ajouté que des tireurs israéliens avaient pris position «sur des immeubles surplombant tout le quartier de Tal al-Sultan, rendant la situation très dangereuse». Des témoins ont également signalé des tirs d'artillerie intenses dans l'est et le centre de Rafah. Dans le centre de la bande de Ghaza, le camp palestinien de Nousseirat a été touché par des frappes aériennes. Dans le nord, des tirs d'artillerie ont visé le quartier de Zeytoun, dans la ville de Ghaza. Depuis le début de l'agression contre Rafah, à l'extrémité sud du territoire assiégé, un million de personnes ont fui vers la zone côtière surpeuplée d'al-Mawasi. La vie est devenue «apocalyptique» dans certaines zones du sud de la bande de Ghaza, s'est alarmée vendredi l'ONU. Ajoutant à la catastrophe humanitaire, le point de passage de Rafah avec l'Egypte, crucial pour l'entrée de l'aide internationale, est fermé depuis que l'armée israélienne en a pris le contrôle du côté palestinien le 7 mai. Une réunion consacrée à la réouverture de Rafah est prévue aujourd'hui en Egypte avec les Etats-Unis et Israël, selon un média proche du gouvernement égyptien.»Il est temps que cette guerre se termine», a lancé vendredi Joe Biden, en appelant le Hamas à accepter le plan israélien. «Nous ne pouvons pas laisser passer» cette occasion, a-t-il ajouté. La première phase, a dit M. Biden, serait un cessez-le-feu avec un retrait des troupes israéliennes des «zones habitées de Ghaza» pour une durée de six semaines. L'arrêt des combats, toujours selon lui, serait accompagné de la libération de certains otages israéliens, notamment les femmes et les malades, et de la remise en liberté de prisonniers palestiniens détenus par Israël. Sur les 252 personnes emmenées comme otages, 121 sont toujours détenues à Ghaza, dont 37 sont mortes, selon l'armée israélienne. Ce cessez-le-feu temporaire pourrait devenir «permanent» si le Hamas «respecte ses engagements», a ajouté le président américain. La phase suivante comprendrait notamment la libération de tous les otages encore détenus. «Le Hamas considère positivement ce qui a été inclus aujourd'hui dans le discours du président américain Joe Biden quant à un cessez-le-feu permanent, le retrait des forces israéliennes de Ghaza, la reconstruction et l'échange de prisonniers», a indiqué le mouvement.»Les conditions d'Israël pour stopper la guerre n'ont pas changé», a cependant affirmé hier le bureau de Netanyahu, en citant «la destruction des capacités militaires et gouvernementales du Hamas, la libération de tous les otages et l'assurance que Ghaza ne posera plus de menace à Israël». Le chef politique du Hamas, Ismaïl Haniyeh, a de son côté répété vendredi que les «exigences» du mouvement, à commencer par un cessez-le-feu permanent et un retrait total d'Israël de la bande de Ghaza, n'étaient «pas négociables». L'annonce du nouveau plan a suscité des réactions d'espoir à travers le monde. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé Israël et le Hamas à «saisir l'occasion» afin d'arriver à une «paix durable au Moyen-Orient».»Nous ne pouvons laisser cette occasion filer», a commenté en Israël le Forum des familles d'otages, en appelant la société civile à se mobiliser pour pousser les dirigeants politiques à accepter et mettre en oeuvre la proposition.