Les deux chefs d'Etat, Abdelmadjid Tebboune et Cyril Ramaphosa, se sont exprimés de manière solennelle en présence de la délégation sud-africaine et des représentants des deux chambres du Parlement algérien sur les sujets cruciaux. D'emblée le président sud-africain a salué le rôle de l'Algérie au Conseil de sécurité de l'ONU et appelé à une «réforme» de cet organe onusien pour qu'il devienne «plus représentatif». Il a insisté: «Nous devons être ensemble pour réformer le système mondial et financier afin qu'il serve les intérêts de tous les pays et peuples». De son côté, le président Tebboune a salué l'action courageuse sud-africaine au niveau de la Cour internationale de justice, en déposant plainte contre l'entité sioniste pour génocide du peuple de Palestine. Mieux, le président Tebboune s'est joint à cette initiative en apportant le soutien indéfectible de l'Algérie à cette action. Par la voix de son premier responsable, l'Afrique du Sud a souligné «la nécessité de soutenir les plus faibles et les marginalisés dans toutes les régions du monde et d'aider les civils dans les guerres et les conflits pour parvenir à une solution durable aux problèmes et unifier l'Afrique», avant de poursuivre qu'il s'agit là d'un «projet visant à atteindre un développement durable et une économie prospère, et ce, à travers l'approfondissement de la coopération entre l'Algérie et l'Afrique du Sud et la coopération entre les Parlements des deux pays». Les deux pays, qui ont connu les affres du colonialisme autant que les autres pays africains, sont très soucieux des pays qui en souffrent encore, comme c'est le cas pour la Palestine et le Sahara occidental. Pour ce dernier, il serait utile de rappeler que l'Assemblée générale de l'ONU a adopté, mercredi, une résolution de mise en oeuvre de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples colonisés du 14 décembre 1960, en affirmant «le cadre juridique de la question du Sahara occidental, en tant que question de décolonisation». Le président sud-africain a, à cet égard, rappelé à la communauté internationale sa responsabilité envers le peuple sahraoui, l'exhortant à «respecter le droit international et la Charte des Nations unies», tout en insistant sur «l'impératif de construire un nouvel ordre mondial fondé sur le droit et la justice». Extermination ethnique À cette occasion, le président sud-africain a renouvelé «les remerciements de son pays à l'Algérie pour son soutien à sa lutte contre l'apartheid» et a rappelé que le Congrès national africain «a été le premier mouvement de libération à créer son bureau international à Alger». Ces rappels utiles nous ramènent à l'autre conflit ouvert qui capte l'attention du monde entier et où l'Afrique du Sud s'est distinguée du lot en prenant une décision courageuse, que nulle autre nation n'a osé prendre, en allant déposer plainte à La Haye, contre l'entité sioniste, pour «crimes de guerre»,«extermination raciale» et «génocide», enfin tout y est pour dénoncer les dépassements commis et qu'on ne trouve nulle part dans les manuels d'histoire. Connaissant mieux que tout autre le prix à payer pour l'émancipation, les deux pays parlent d'une même voix quand il s'agit de questions douloureuses de cette importance. Le président Ramaphosa a rappelé qu'Israël «commet un génocide contre les civils dans la bande de Ghaza», ajoutant que «tuer des femmes, des enfants et des personnes sans défense, bombarder les maisons, les écoles et les hôpitaux et empêcher l'accès des aides humanitaires est une honte». «Nous ne pouvons tolérer ses violations et il nous incombe de mettre fin à ce génocide», a-t-il martelé. «C'est ce qui a motivé l'Afrique du Sud, qui se trouve à des milliers de kilomètres de la Palestine, à saisir la Cour internationale de Justice et nous sommes déterminés à soutenir les Palestiniens qui en ont grandement besoin», a-t-il poursuivi. «Nous l'avons fait car Nelson Mandela nous a dit que notre liberté ne sera pas complète tant que les Palestiniens ne jouiront pas de leur pleine liberté et de leur droit à l'autodétermination», a-t-il rappelé. L'Algérie et l'Afrique du Sud «savent ce que c'est que d'être sous le joug colonial», d'où «leur position ferme en soutien au peuple palestinien», a-t-il dit, en ajoutant que la guerre d'occupation sioniste menée contre la bande de Ghaza «doit cesser» et «nous réclamons qu'elle cesse maintenant». Vision unifiée Par ailleurs, le président sud-africain a souligné que son pays et l'Algérie ont «une position ferme» en faveur des peuples sahraoui et palestinien, insistant sur l'impératif que «cesse maintenant» la guerre menée par l'occupation sioniste contre la bande de Ghaza. Le président Tebboune a souligné égalementn, la convergence de vues entre l'Algérie et l'Afrique du Sud concernant les questions régionales et internationales et sur la nécessité de privilégier les solutions politiques pour le règlement des crises, loin des ingérences extérieures. «Nous avons eu une discussion approfondie sur l'actualité régionale et internationale, notamment l'agression sioniste contre Ghaza et le Liban, et je saisis cette occasion pour saluer, encore une fois, l'action intentée par l'Afrique du Sud devant la Cour internationale de Justice (CIJ) et réaffirmer notre plein soutien à cette démarche», a-t-il dit. Le président Tebboune a en outre indiqué avoir procédé avec le président de la République d'Afrique du Sud à «un échange de vues concernant la situation au Sahel, en Libye, au Soudan, en Afrique centrale et en Afrique australe» et abordé «d'autres sujets liés à l'action de l'Union africaine». Des échanges qui ont fait ressortir «une convergence de vues entre nos deux pays sur la nécessité de privilégier les solutions politiques négociées pour le règlement des crises loin des ingérences extérieures», a-t-il relevé. Et d'ajouter qu'il avait également été convenu d'intensifier les efforts au sein de l'Organisation des Nations unies et de l'Union africaine pour «renforcer le rôle de notre continent et oeuvrer à réaliser la revendication africaine de réforme du Conseil de sécurité en réparant l'injustice historique envers l'Afrique, conformément au Consensus et à la Déclaration de Syrte». Le président Ramaphosa s'est félicité de la tenue de la 7e session de la Haute commission bilatérale de coopération entre les deux pays et du Forum d'affaires, assurant qu'ils seront «mis à profit pour développer la coopération dans les domaines de l'hydrogène vert, des énergies renouvelables, de l'aviation et des infrastructures». Il a également insisté sur «la nécessité pour les pays africains d'exploiter leurs ressources naturelles et de ne pas les laisser à la portée des puissances coloniales», et ce afin de «permettre aux entreprises africaines de se développer, de prospérer et de créer des emplois». «Lors de sa présidence du G20, l'Afrique du Sud s'est engagée à oeuvrer pour le développement de l'Afrique, et nous voulons que l'Algérie et les Etats africains le rejoignent. Aussi j'invite le président Abdelmadjid Tebboune à prendre part au Sommet du G20 prévu en 2025 pour continuer à travailler ensemble», a ajouté le président Ramaphosa. Les deux chefs d'Etat parlent d'une même voix, soulèvent les mêmes préoccupations et ont une vision unifiée de ce que sera l'Afrique demain, en ce moment où le monde s'enflamme. Les pronostics de paix dans le monde semblent très réduits. D'où cette insisitance commune afin de s'impliquer davantage pour réduire les centres de conflit parce que ceux qui ont souffert de l'injustice connaissent le sens des dépassements et font l'effort de réduire les points de conflit, au lieu de verser de l'huile sur le feu, comme le fait si bien l'entité sioniste.