Le candidat du parti d'opposition au Ghana, John Mahama, a remporté la présidentielle avec 56% des voix face au candidat du parti au pouvoir et vice-président du pays, Mahamudu Bawumia (41%), a annoncé, lundi, la Commission électorale. Mahamudu Bawumia avait rapidement reconnu, dimanche, sa défaite au scrutin de la veille. La victoire du parti National Democratic Congress (NDC) signe son retour au pouvoir après huit ans de gouvernance du New Patriotic Party (NPP). Mahama, 66 ans, qui fut président du Ghana de 2012 à 2017 et avait échoué à deux reprises à revenir au pouvoir, a promis de relancer l'économie et de mettre en place des réformes anti-corruption. «Le chemin ne va pas être facile (...) parce que le gouvernement sortant a plongé notre cher pays dans les abysses», a lancé, lundi soir, Mahama à ses partisans massés devant les bureaux de son parti à Accra. «Je suis certain que nous remporterons la bataille», a-t-il ajouté. Sa vice-présidente sera l'ancienne ministre de l'Education, Jane Naana Opoku-Agyemang, première femme du pays à accéder à ce poste. Le NDC a aussi remporté les élections législatives, qui se tenaient également samedi, avait indiqué Bawumia. Les résultats n'ont pas encore été publiés. La participation s'est élevée à 60,9%, en baisse par rapport au précédent scrutin de 2020 (79%), selon les chiffres de la Commission électorale. Le scrutin s'était déroulé dans le calme. La défaite du parti au pouvoir sanctionne les huit années du président sortant Nana Akufo-Addo, dont le dernier mandat a été marqué par la pire crise économique qu'a traversée le pays depuis des années. Le pays est confronté à une inflation et un endettement élevés, et a dû recourir à un prêt de 3 milliards de dollars du Fonds monétaire international (FMI). Bien que l'inflation ait été ramenée de plus de 50% à environ 23% et que d'autres indicateurs macroéconomiques se soient stabilisés, les difficultés économiques sont restées pour beaucoup un enjeu électoral majeur. Premier producteur d'or du continent et grand exportateur de cacao, le pays est considéré comme un investisseur privilégié sur le continent, et comme un modèle de stabilité dans une région secouée par de récents coups d'Etat, des défis constitutionnels et des insurrections. Les deux principaux partis du Ghana ont alterné au pouvoir de manière égale depuis le retour au multipartisme en 1992. Ce qu'il faut savoir sur le Ghana, pays d'Afrique de l'Ouest considéré comme un pôle de stabilité dans la région, c'est que l'ancienne Gold Coast (Côte d'Or), est le premier producteur d'or d'Afrique, le deuxième producteur mondial de cacao, et extrait du pétrole depuis 2010. Ce pays de 34 millions d'habitants (Banque mondiale, 2023) sort de sa pire crise économique depuis des décennies. Il bénéficie d'un plan d'aide du Fonds monétaire international (FMI) de 3 milliards de dollars sur 3 ans, approuvé en mai 2023, et a restructuré la majeure partie de sa dette extérieure, sur laquelle il avait fait défaut en 2022. Il est confronté depuis des années à l'impact négatif de la «galamsey», l'exploitation minière illégale, qui fait peser de graves risques sur l'environnement en polluant les sols et cours d'eau. Ce phénomène menace notamment la culture du cacao. Face à la crise économique, un nombre croissant de producteurs vendent en effet leurs terres à des mineurs illégaux, ce qui pèse sur la production.