Le rendez-vous d'aujourd'hui avec le président de la République est sans doute le moment le plus important de sa visite. La visite du ministre français de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy, aura été l'une des plus fructueuses de toutes celles qui l'ont précédés, à Alger. Très pratique, Sarkozy a d'entrée, annoncé la «suppression de la consultation préalable des pays de l'espace Schengen pour l'obtention d'un visa». En termes clairs, cela veut dire que les autorités françaises ne seront plus soumises à l'obligation de décrocher l'accord de pas moins de 14 pays avant d'accorder un titre de séjour à un Algérien. C'est là l'une des revendications premières de l'Algérie depuis l'instauration du système de la «consultation préalable» qu'Alger qualifie d'injuste, puisque les voisins marocains et tunisiens ne sont pas soumis à ce traitement contraignant duquel résulte un temps d'attente trop long pour l'acquisition du fameux document. De plus, Sarkozy révèlera que le centre des visas de Nantes sera transféré à Alger, ce qui réduira encore plus le temps de traitement des dossiers. Le ministre français de l'Intérieur évalue à 15 jours désormais, le délai de traitement d'une demande de visa. Il a également annoncé qu'il a obtenu l'accord des pays européens quant à la suppression pure et simple du visa pour les détenteurs de passeport diplomatique. Toutes ces «bonnes nouvelles» annoncées à l'issue de l'entrevue qu'il a eue avec le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni, hier en milieu d'après-midi, donne à la visite de Sarkozy une crédibilité certaine, non pas seulement aux yeux des responsables algériens, mais également auprès de la société qui, a toujours suivi d'assez près les relations algéro-françaises. En fait, «Sarko, comme on le surnomme en France comme en Algérie, est venu avec du concret», constate un observateur qui voit dans la série d'annonces, une opportunité de donner un second souffle à la dynamique de rapprochement entre Alger et Paris. Le rendez-vous d'aujourd'hui avec le président de la République est sans doute le moment le plus important de sa visite qu'il dit avoir préparé avec Jacques Chirac. «Je me suis entretenu juste avant de partir (à Alger) avec le président de la République», à propos de cette visite, a-t-il déclaré. «Les relations entre l'Algérie et la France sont extrêmement importantes. Nous devons parler dans un climat de confiance et d'amitié», a-t-il ajouté à son arrivée à l'aéroport d'Alger. Interrogé sur ce qu'il «attendait de l'Algérie» pendant cette visite, M.Sarkozy a déclaré: «Je ne viens pas en attendant de l'Algérie quoi que ce soit.» Une affirmation quelque peu nouvelle dans la bouche d'un responsable français. Une attitude qui tranche en tout cas avec celle de ses collègues dans le gouvernement français. Pour Sarkozy, «l'Algérie est un grand pays. La France est un grand pays. Nous devons parler dans un climat de confiance et d'amitié en pays libres, en pays indépendants, en pays qui se respectent». Des propos qui renseignent sur un tête-à-tête plutôt franc avec le chef du gouvernement et le président de la République. Même si le ministre français a exclu l'idée de repentance, il a néanmoins affirmé qu'il était en «pays ami». Et dans la bouche de Sarkozy, l'amitié ce n'est pas seulement une facilitation dans l'obtention du visa, mais également le renforcement d'une dynamique de coopération dans le domaine de la lutte contre toutes les formes de criminalité. Une dynamique, d'ailleurs clairement réaffirmée dans le communiqué remis aux journalistes où il est fait état d'une coopération étroite entre les services de sécurité des deux pays, appuyée par des «échanges opérationnels entre les services algériens et français». La coopération technique, en vigueur depuis 2001, sera encore renforcée et l'on prévoit plus d'une centaine d'actions pour la seule année 2006. L'assistance policière française sera axée sur la formation d'éléments algériens dans la traque de la «délinquance financière», phénomène actuellement en pleine expansion en Algérie. M.Sarkozy a déposé une gerbe de fleurs au Sanctuaire du martyr et visité le cimetière chrétien de Bologhine et la basilique Notre-Dame-d'Afrique, avant de rencontrer son homologue Yazid Zerhouni et le chef du gouvernement algérien Abdelaziz Belkhadem..