Les Algériens préfèrent la liberté de circulation, soit l'obtention de visas plus facilement. La visite de Nicolas Sarkozy les 13 et 14 novembre à Alger est porteuse de nouvelles perspectives dans les relations entre Alger et Paris. Bien que cette visite, annoncée depuis l'été dernier dans nos colonnes, s'inscrive dans le cadre des échanges et de coopération entre les deux ministères de l'Intérieur, algérien et français, il n'échappe à personne que Sarkozy est aussi président de l'UMP et probablement son candidat à l'élection présidentielle française de 2007. Cette casquette de présidentiable demandera à Sarkozy du doigté pour convaincre les autorités algériennes de sa volonté d'aplanir les malentendus et d'instaurer un partenariat réellement privilégié avec un pays aussi important qu'est l'Algérie au Maghreb Sarkozy a, dans sa relation avec l'Algérie, l'avantage de ne pas avoir de passé colonial si l'on peut dire et de ne pas avoir été, non plus, actif dans les tentatives des années 80 et 90 d'imposer l'islamisme comme alternative au peuple algérien. Chose ardemment défendue par les socialistes alors au pouvoir. Sur la question de l'extrémisme et du terrorisme, il est sans ambiguïté et ne peut que trouver des interlocuteurs attentifs à Alger. La coopération dans la lutte contre le terrorisme pourrait se renforcer tant les deux parties se rejoignent dans la nécessité d'éradiquer ce fléau. Sarkozy reste, en dépit des critiques qui lui sont adressées, le ministre du Culte français qui a plaidé la cause de l'Islam de France tel que pratiqué par la majorité des musulmans, dont les Algériens: tolérant et ouvert sur la modernité. Des mosquées ont été construites ou en voie de l'être et le pèlerinage sera, cette année, sur la demande de Sarkozy, mieux organisé. Au plan politique, le ministre français est très attaché à l'idée d'un Maghreb uni avec un partenariat de qualité avec l'UE. Contrairement à ses positions sur le Moyen-Orient, il croit qu'il est possible d'avoir au sud de l'Europe des partenaires économiques, notamment l'Algérie, dans une perspective de développement durable et d'intérêts communs. Evidemment, la question de l'immigration perturbe le dialogue politique entre les deux rives. Sur ce point, l'Algérie est moins concernée car les tendances actuelles indiquent que les Algériens préfèrent la liberté de circulation, soit l'obtention de visas plus facilement que la résidence définitive. Ce serait d'ailleurs, à en croire des sources sûres, l'une des principales décisions que devait annoncer M.Sarkozy, à l'occasion de sa prochaine visite à Alger, à savoir la réduction des délais d'obtention des visas. L'Algérie n'exerce pas, si l'on peut dire de pression au titre de l'émigration sur l'Europe en général et la France en particulier. Même le concept d'immigration choisie très controversé est de peu de portée pour les Algériens qui préfèrent de plus en plus les pays du Golfe ou l'Amérique. De toute façon, l'Algérie tente depuis quelques années, de récupérer sa diaspora et de limiter les départs de ses élites. Un fait est sûr, les 13 et 14 novembre les discussions seront plus claires et probablement plus fructueuses car Sarkozy, selon ses proches et ses collaborateurs d'origine algérienne, a des défauts mais il a le sens de la loyauté et un franc-parler qui évite les non-dits pesants. Il aura, lors de sa rencontre avec le président Bouteflika, à convaincre de sa sincérité un interlocuteur connu aussi pour son franc-parler.