Le président congolais, Félix Tshisekedi, a remplacé le numéro un de l'armée dans le cadre d'une série de nominations au sein des Forces armées de la République démocratique du Congo, dans un contexte d'avancée de la rébellion du M23 dans l'est du pays. Le lieutenant-général Jules Banza Mwilambue remplacera à la tête de l'état-major général des Forces armées de la RDC (FARDC) le général d'armée Christian Tshiwewe, nommé conseiller militaire du chef de l'Etat, selon les ordonnances signées lundi et lues vendredi à la Télévision publique. Le général-major Christian Ndaywel, jusque-là commandant du redoutable service de renseignements militaires (Demiap), est nommé chef d'état-major de la force terrestre. Le général-major Jérôme Chico Tshitambwe, qui occupait le poste de sous-chef d'état-major des FARDC, chargé des opérations et du renseignement, mais également commandant des opérations contre les M23 dans le Nord-Kivu, est nommé commandant des forces armées pour la première zone de défense (qui inclut Kinshasa). Ces changements interviennent au moment où l'armée congolaise peine à récupérer les territoires conquis par la rébellion du M23, soutenu par le Rwanda et son armée dans la province du Nord-Kivu. Sous une pluie froide, des militaires des Forces armées congolaises (FARDC) refoulés lors des derniers combats arpentent les rues boueuses. Le «Mouvement du 23 mars» (M23), groupe armé soutenu par le Rwanda et son armée, a progressé de plusieurs dizaines de kilomètres ces derniers jours, faisant craindre un effondrement du front. Depuis novembre 2021, la rébellion s'est emparée de vastes pans de territoire dans l'est de la RDC, riche en ressources naturelles et déchiré depuis 30 ans par des conflits. La dernière offensive a été lancée peu avant l'organisation à Luanda d'un sommet censé rétablir la paix. Faute d'accord, la rencontre des présidents congolais Félix Tshisekedi et rwandais Paul Kagame, prévue dimanche dernier, a finalement été annulée. Et les combats se poursuivent. Pour l'heure, dans le centre de Lubero, les commerçants continuent à tenir leurs étals. Des bandes de gamins jouent entre les anciennes bâtisses de briques. «Il y a un peu de psychose parmi la population, mais l'administration continue à fonctionner», tente de rassurer l'administrateur militaire du territoire Alain Kiwewa. Au moins 100 000 déplacés ont fui les combats depuis le 2 décembre, selon l'ONU. Certains sont logés chez l'habitant, d'autres ont décidé de continuer plus loin vers le nord. «J'ai l'air calme, mais intérieurement, je ne suis pas calme», avoue Mumbere Wangavo, représentant d'une chefferie locale réfugié avec sa famille à Lubero. Il est retourné il y a peu dans son village de Mbingi «pour amener un peu de nourriture» à ceux restés là-bas. Les forces gouvernementales sont accusées de mettre les villages à sac pendant leur retraite. «Ils pillent. Dans notre village, toutes les maisons ont été vidées, il ne reste rien», raconte Jeanne Masika, une déplacée. «Nous avons peur du M23 et de nos militaires.» La plupart des personnes interrogées n'osent pas témoigner à visage découvert dans la ville remplie de FARDC. Beaucoup estiment que les chefs militaires sont responsables de la déroute des soldats congolais. «Jusqu'où allons-nous être humiliés?» peste un responsable local sous couvert d'anonymat.