Le ministre français des Outre-mer Manuel Valls est sous le coup d'une plainte qui vient d'être déposée par deux députés français du groupe écologiste, Benjamin Lucas et Léa Balage El Mariky, pour des propos jugés «stigmatisants contre les musulmans». Des propos tenus sur les plateaux d'Europe 1-Cnews où le ministre avait fait de graves propos à l'encontre de la communauté musulmane en France. De tels propos, devenus monnaie courante dans le décor politique français, sont manipulés par une caste politique de l'extrême droite française, qui l'utilise tantôt comme un fonds de commerce, tantôt comme un alibi politique destiné à des agendas bien établis. La stigmatisation des musulmans et des Algériens s'étend à tout ce qui touche leur vie quotidienne, leurs habitudes, leurs préférences culinaires et leurs choix gastronomiques. Dans ce cas précis, l'exemple de l'industrie halal que les extrémistes de la droite française stigmatisent depuis des lustres est assez révélateur de l'hypocrisie générale dans laquelle baigne cette minorité française politique. Véritable levier économique interconnecté avec l'économie nationale française, l'industrie du halal dans l'Hexagone exerce un poids économique incontournable et avéré dans la création de valeurs ajoutées et la richesse en France. Le secteur alimentaire halal dans l'Hexagone, c'est une histoire de 7 à 10 milliards d'euros qui sont réalisés annuellement, à travers les grandes enseignes de viandes, plats préparés, traiteurs et autres snacks, sans compter la restauration halal. Les chiffres et études réalisés par les différents organismes français, notamment l'Insee, le Sasma (Syndicat des acteurs de la viande halal), les rapports de DinarStandard, un spécialiste de l'économie islamique, attestent de cette attraction de l'industrie halal sur l'économie française. En termes de chiffres, ils sont plus de 100 000 emplois qui dépendent directement ou indirectement de cette économie interconnectée, activant dans les réseaux de distribution, des épiceries, traiteurs et restaurateurs. Aussi, situé entre 5 à 6 millions, le poids des Français de confession musulmane n'est plus à démontrer dans la grande part de consommation de cette industrie. Des chaînes de magasins et d'enseignes notoires comme McDonald's, Carrefour, Casino et d'autres encore ont fini par se résigner à répondre à la demande fulgurante de ce mode de consommation, en développant des offres halal. Les politiques de l'extrême droite française et autres magnats des médias feignent ignorer volontairement cette réalité qu'ils obstruent et qu'ils éludent au second plan pour pouvoir distiller des contre-vérités, jusque-là non productives. C'est dire tout le poids de cette industrie du halal en France qui, malgré toutes les stigmatisations et les supputations, constitue un secteur économique majeur dans l'Hexagone. Marché en pleine croissance, le halal gagne en ascension et en expansion pour atteindre d'autres secteurs d'activités, tels que la finance islamique qui commence à se développer, moyennant des milliards d'euros. La halal s'étend aussi au secteur de la cosmétiques et de la pharmacie, avec des produits sans gélatine de porc et sans alcool. Un autre secteur insoupçonné, jusque-là, c'est le tourisme halal qui a vu proliférer des agences de voyage proposant des séjours adaptés aux musulmans, notamment en termes de nourriture halal, d'espaces de prière, ouvrant ainsi une niche considérable générant un chiffre d'affaires impressionnant. Le halal «lifestyle» pour tout ce qui est mode, voyage, médias, cosmétique, etc., le halal éthique qui touche au bien être-animal, bio, traçabilité, etc. sont autant de nouveaux concepts qui ont tendance à renforcer cette industrie naissante. Objet de déni politique et d'un reniement culturel, la France gagnerait à reconnaître officiellement cette industrie.