Entraves, harcèlements et suspensions caractérisent le monde du travail. «Nous n'avions jamais pensé que la liberté syndicale serait bafouée en Algérie avec une absence totale de l'application de la Constitution». Ce sont les propos de Annik Coupé, porte-parole national de l'union syndicale «Solidaire» de France, dont une délégation est en visite depuis cinq jours en Algérie. Ce constat a été établi à la suite de rencontres effectuées entre les membres de la délégation, composée de sept personnes, et ceux des syndicats autonomes et la Laddh. Un bilan négatif a été donc dressé sur la situation syndicale dans notre pays. Lors d'un point de presse animé hier au siège du Snapap, Mme Annik Coupé a souligné qu'il y a sur le terrain une démocratie de «façade». Des entraves, des harcèlements et des suspensions, poursuivra-t-elle, caractérisent le monde du travail. La porte-parole de «Solidaire» a également critiqué le pacte économique et social. Elle a qualifié ce dernier de mascarade, puisqu'il a été conçu sans la contribution des partenaires sociaux. Pour elle, comme pour les autres membres de la délégation, l'Algérie d'aujourd'hui est riche et peut réduire les inégalités sociales. «Cette richesse est confisquée pour des intérêts privés». Il y a urgence, selon Mme Coupé, de créer un syndicat fort qui peut défendre les intérêts des travailleurs. Les discussions qu'elle a eues avec les différents représentants des syndicats autonomes lui ont permis de constater que ces derniers sont représentatifs mais ne sont pas reconnus. «Nous nous engageons à être solidaires avec nos amis des syndicats autonomes en intervenant auprès des autorités algériennes en cas de répression exercée contre les membres syndicaux», affirme Mme Coupé. Il y a lieu de signaler que l'union syndicale «Solidaires» représente la troisième force syndicale en France. Les secteurs représentés sont: l'éducation, les PTT, les collectivités territoriales, les pompiers et les impôts. Il convient de signaler également, que la fédération des journalistes français a été représentée dans cette délégation par M.Pierre Deflatiaux. Ce dernier a estimé que ce secteur est à reconstruire, y compris le statut du journaliste. Intervenant à cette conférence, le représentant du syndicat national des impôts, M.Denis Turbet-Delof, a indiqué pour sa part que la justice fiscale n'existe pas en Algérie, ce qui est aussi une source d'injustice sociale. Enfin, Mme Annick Coupé a indiqué que cette visite s'inscrit dans le cadre de la solidarité entre les syndicats de l'Afrique du Nord et les syndicats européens. Une solidarité visant la concrétisation des recommandations issues des rencontres précédentes, ayant eu lieu lors des occasions internationales telles que la Conférence internationale sur l'emploi qui s'est déroulée en juin dernier, à Genève. Au plan politique, l'union syndicale «Solidaire» de France a dénoncé la loi du 23 février 2005 glorifiant le colonialisme en Afrique du Nord.